En traitant publiquement de mauvais gestionnaires (en clair, d'incapables) ceux que les Martiniquais ont élu pour les diriger, le Béké Bernard HAYOT a révélé son vrai visage derrière celui du grand protecteur des arts et du patrimoine qu'il affiche depuis des années. Car ce n'est pas tant son jugement qui est en cause que la comparaison à laquelle il se livre entre la Martinique et les autres territoires d'Outremer.
On peut, en effet, et c'est là le droit le plus absolu de tout citoyen, critiquer ceux qui sont aux affaires ou au pouvoir. On a le droit de leur adresser les critiques les plus sévères dès l'instant où ces dernières sont fondées. Mais on n'a pas le droit de s'appuyer sur des contrevérités, comme l'a fait HAYOT, pour tenter de les discréditer. C'est malhonnête, absolument malhonnête.
Car en quoi la Réunion avec sa route littorale la plus chère de France, voire du monde, non achevée d'ailleurs, est-elle mieux gérée que la Martinique ? Sans même parler de son taux d'alphabétisation trois fois plus faible que celui de la Martinique et son taux de chômage plus élevé. En quoi la Guadeloupe où, en Basse-Terre, la distribution de l'eau est erratique et en Grande-Terre, le CHU est depuis des décennies se trouve dans un état catastrophique (au point qu'il a fini par brûler partiellement), est-elle mieux gérée que la Martinique ? Sans parler de son taux d'homicides plus élevé que chez nous. Quant à la Guyane, n'en parlons même pas, la mouvement des 500 frères ayant fait connaître au monde entier l'ampleur des problèmes auxquels celle-ci est confrontée !
Que cache en réalité cette comparaison malsaine opérée par HAYOT entre des colonies, les dernières de la planète, dont aucune ne s'en sort mieux que l'autre et où la gestion politique est quasi-identique, à une grosse nuance près, d'un territoire à l'autre ? Comme il est probable que nos chers (es) journalistes ne percevrons pas ladite nuance, pourtant grosse comme le nez, dévoilons-là : le Béké HAYOT décrète que Tahiti et la Martinique sont les deux territoires ultramarins les plus mal gérés parce que ce sont les seuls où le personnel politique ne cherche pas à s'intégrer au plus haut niveau de l'Etat français. En clair, les seuls où il n'y a ni secrétaires d'Etat ni ministres. Les seuls deux territoires où il n'y a pas de MICHEAUX-CHEVRY, de LUREL, de PENCHARD, de TAUBIRA, de BAREIGTS, de FLESSEL, de GIRARDIN et consorts.
Position qu'avait énoncée autrefois comme suit Aimé CESAIRE : "Pas de Martiniquais dans le gouvernement français !". Position que l'on peut traduire en langage corse d'aujourd'hui : "La France est un pays ami !" (Jean-Guy TALAMONI, président de l'Assemblée de Corse). Position qu'un Béké, descendant d'esclavagistes et acteur de la "profitation", est le plus mal placé pour critiquer. Ce dernier doit donc présenter ses excuses au peuple martiniquais !...
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