Chaque semaine, chaque mois, chaque année qui passe, on se dit que la Martinique devient de plus en plus le pays du grand n'importe quoi. Le premier venu peut déclarer la pire ânerie au micro ou sur les plateaux de nos chers (ères) journalistes que celle-ci passe comme une lettre à la poste en attendant de devenir vérité d'Evangile.
C'est ainsi qu'un responsable agricole a osé déclarer dernièrement ce qui suit :
"Les agriculteurs martiniquais ne sont pas les empoisonneurs que prétendent certains. Le cancer de la prostate n'est pas dû à l'utilisation du chlordécone dans nos plantations, mais à la surconsommation de champagne dans notre pays. En effet, dans la région qui en produit, on a utilisé du chlordécone pour soigner les vignes...".
D'abord, personne n'a accusé "les agriculteurs martiniquais", mais les gros planteurs de banane, surtout békés, dont tout le monde connaît les "habitations". Ce sont eux qui ont introduit ce pesticide dans notre île, qui l'ont utilisé plus que de raison (dix fois plus par hectare qu'en Amérique du sud, par exemple) et qui d'année en année, faisaient pression ou utilisaient certains politiciens nègres pour demander que l'utilisation du chlordécone soit prolongée. Cet empoisonnement a fini par s'étendre à près de 20.000 hectares et ainsi pénaliser les petits et moyens agriculteurs nègres, rendant leurs productions dangereuses pour le client si ce dernier les consomme plusieurs fois par semaine. Ce qui est, malheureusement le cas, pour les personnes aux faibles revenus.
Deuxièmement, personne, aucun épidémiologiste, n'a jamais noté une augmentation suspecte du nombre de cancers de la prostate dans les régions françaises où l'on produit le champagne puisque selon ce responsable agricole martiniquais, on y utiliserait massivement du chlordécone. Troisièmement, personne n'a démontré non plus que les effets (les méfaits) du chlordécone s'étendaient à l'utilisation de boissons industrielles. Pourquoi pas le rhum pendant qu'on y est ? La seule boisson qui est contaminée c'est le...lait de vache (et celui de 90% des femmes enceintes). Sinon ladite contamination s'effectue par les légumes-racines, certaines salades, les poissons d'aquaculture et des régions côtières proches des communes à fortes plantations de banane.
Mais l'affirmation de ce responsable agricole est-elle vraiment une ânerie ou plutôt un croche-patte ?
Il semblerait que ce soit la deuxième explication. De toute évidence, il s'agit de saboter le projet de "LABEL ZERO CHLORDECONE" mis en place par le Parc Naturel de Martinique et son président Louis BOUTRIN en collaboration avec un certain nombre d'exploitants agricoles. Ce label vise à instaurer une traçabilité des produits vendus aux consommateurs et à inciter le plus grand nombre d'agriculteurs à emprunter la voie du "zéro chlordécone". Cela ne résoudra pas d'un coup de baguette magique la question de l'empoisonnement de notre île, mais au moins est-ce un début de commencement de solution. D'autant que l'Etat n'est pas très réactif sur le sujet...
Si la CTM était restée les bras croisées face à ce problème, elle aurait été accusée de je-m'en-fichisme et d'irresponsabilité. Elle propose quelque chose et le met en place et voici que des responsables agricoles tentent de lui mettre les bâtons dans les roues en utilisant des arguments malhonnêtes et mensongers.
Mi péyi !...
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