Comment analyser cette indifférence ?
Il y a d'abord le fait qu'e Martinique, l'abstention a toujours été importante. Plus ou moins importante selon les types de scrutin, mais importante quand même. Chez nombre de citoyens, il existe, en effet, un manque de confiance dans le système électoral en vigueur, manque de confiance né du fait qu'une fois élus, nombre d'hommes politiques ne tiennent pas leurs promesses. Ou alors ils changent de casaque politique pour des motifs inavoués. Il y a le sentiment aussi, plutôt fataliste, que quelque soit la personne au pouvoir, rien ne changera pour soi au quotidien. On continuera à subir l'exploitation dans son lieu de travail et les békés ou patrons de couleur continueront à agir exactement comme avant que ce soit X ou Y qui soit élu.
Difficile de lutter contre une telle appréhension de la réalité d'autant que ladite appréhension n'est pas totalement sans fondements.
Sinon EPMN serait mal venu de se rengorger et de considérer que l'affaire est dans le sac pour le second tour car il a été__chose pas du tout soulignée__en pôle position pour ce scrutin. Pourquoi ? Parce que l'électeur de sensibilité proche de EPMN est le seul à n'avoir pas eu à se poser de question. L'électeur de droite a dû hésiter entre Monplaisir et Petit, l'électeur indépendantiste entre Nadeau et Marie-Jeanne, l'électeur "ouvriériste" entre Joachim-Arnaud et Gromat et l'électeur "atypique" entre Jos et Virassamy. Mais comme ni BATIR LE PAYS MARTINIQUE ni la FEDERATION SOCIALISTE DE LA MARTINIQE n'ont présenté de liste, l'électeur de cette sensibilité politique n'était confronté à aucun dilemme. Il n'avait pas à se poser la question d'un choix entre deux candidats de sensibilité proche.
Or, en dépit de cette Pôle position d'EPMN, en dépit du fait qu'il ait en réalité présenté une liste de 2è tour dès le 1er tour__ce que peu d'analystes ont relevé là encore__, on ne peut pas dire que sa "victoire" au premier tour soit si éclatante que cela. Au contraire, au vu de tous les atouts dont disposait EPMN, outre le fait d'être au pouvoir au Conseil régional et au Conseil général, on peut dire que son score a été plutôt moyen.
Rien donc n'est joué pour le 2è tour car les différents partis disposent encore d'une semaine pour convaincre une partie des abstentionnistes d'une part et peuvent espérer compter, d'autre part, sur un certain nombre de voix des partis qui n'ont pas franchi la barre des 10% et ont donc été éliminés.