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LE CHARANÇON DU BANANIER EN A VU DE TOUTES LES COULEURS

Par Raymond Bonhomme
LE CHARANÇON DU BANANIER EN A VU DE TOUTES LES COULEURS

Compte tenu de ses forts impacts environnementaux, et peut-être
sanitaires, l’actualité a mis en avant l’insecticide organochloré «
chlordécone », largement utilisé comme moyen de lutte contre le
charançon noir du bananier (Cosmopolites sordidus), mais la diversité
des insecticides utilisés sur cet insecte est impressionnante. Pour
s’en convaincre il suffit de lire quelques articles publiés par les
ingénieurs de l’Institut Français de Recherche sur les Fruits et
Agrumes Coloniaux (IFAC, devenu IRFA puis CIRAD-FLHOR).

La synthèse bibliographique de S. Simon « La lutte intégrée contre le
charançon noir des bananiers, Cosmopolites sordidus » dans la revue
Fruits, 1994, 49, 2, 151-160, donne un bon historique de la lutte chimique
contre cet insecte :

« Jusqu’en 1951, la lutte contre le charançon des bananiers reposait
sur le piégeage et la destruction de cet insecte. Ceci a été remplacé
par l’adjonction sur les pièges de produits toxiques vis-à-vis du
charançon. Pour cela divers produits toxiques ont été employés :
Froggatt (1928) fait référence à l’application de mélange de farine
et de Vert de Paris (acéto-arsénite de cuivre)… Parmi les autres
poisons, le parachlorobenzène, le sulfure de carbone, le cyanure de
potassium et l’acide cyanhydrique ont été signalés (Vilardebo,
1967)… Des études (Cuillé et Lecomte, 1951) ont alors mis en évidence
la meilleure efficacité d’une formulation à base de chlordane
(Cosmopolicide – 109)…

La lutte chimique intensive a commencé en 1951 avec l’apparition du HCH
(Hexachlorocyclohexane) ( Vilardebo, 1984) ; l’apparition des
insecticides de contact marque un tournant dans la lutte contre C.
sordidus. Ce n’est qu’en 1970 qu’un nouvel insecticide (de la
famille chimique des organochlorés) fut disponible sous le nom de
chlordecone (Vilardebo, 1984)… A cette même période un nouvel
insecticide, l’isofenphos, est homologué… D’autres pesticides
furent également homologués dans les années 70 (fonofos, lindane,
chlorpyryphos-ethyl, pyrimiphos-éthyl, etc…)… ».

Une description plus précise des insecticides utilisés en Martinique
contre le charançon noir des bananiers se trouve dans l’article, sans
auteur, « Charançon du bananier », de la revue Fruits, 1976, 31, 4-5,
292-293 :

« J.L. Lachenaud rappelle l’évolution de la situation :

Dès 1951 et jusqu’en 1956, le contrôle des infestations de charançons
s’est fait presque uniquement à l’aide de HCH. Il s’agissait de
poudre mouillable à 25 p. cent de m.a. (« matière active ») épandue
à la dose de 10 à 20 g de m.a par bananier et par an. L’Aldrine et la
Dieldrine ont ensuite remplacés l’HCH dans la lutte contre le
charançon à raison de 3 à 4 kg/ha de Dieldrine ou d’Aldrine (7 à 10
litres/ha de produit commercial à 40 p. cent). Une accoutumance à ces
deux produits a été constatée en 1964, après le passage du cyclone «
Edith » (septembre 1963), et les planteurs ont réutilisé l’HCH en
augmentant progressivement les doses. En 1972, les applications d’HCH en
poudre mouillable à 50 p. cent variaient beaucoup suivant les plantations
: de 30 g/pied et par an à 100 g/pied, 2 à 3 fois par an, une
accoutumance à l’HCH s’étant manifestée sur certaines plantations
du nord de l’île…

Un certain nombre d’insecticides ont été mis en comparaison à la
station de Neufchâteau, en Guadeloupe (R. Mallessard) : valexon,
bayrusil, oftanol, le traitement de référence étant l’HCH puis le
képone… ».

Un spécialiste du Laboratoire d’entomologie du CIRAD-FLHOR, S. Quilici,
fait une synthèse plus récente dans un article « Insectes ravageurs du
bananier » de la revue Fruits, 1993, 48, 1, 29-31 (numéro spécial
bananes : défense des cultures) :

« Cosmopolites sordidus est le principal ravageur du bananier. La lutte
contre ce parasite constitue donc une priorité pour le service
d’entomologie du CIRAD-FLHOR.

Le retrait définitif ou provisoire des principales matières actives
(chlordecone, aldicarbe), utilisées en lutte chimique pour le contrôle
du charançon, imposait de trouver rapidement d’autres substances de
substitution. Ces recherches constituent l’essentiel des travaux de
Simon (1990a, 1992b) au centre CIRAD-FLHOR de Guadeloupe ; de nombreux
essais ont déjà été effectués au cours de ces dernières années et
d’autres sont en cours. Plusieurs produits ont montré une bonne
efficacité : Bullit (pyrimiphos-ethyl), Counter (terbuphos) ou encore
Aztec (MAT 7484) (tebupirimphos).

Par ailleurs, l’inefficacité du Rugby (cadisaphos) en épandage large a
été montrée, et la référence Temik (aldicarbe) s’est souvent
révélée peu efficace au cours des derniers essais. D’autres produits
sont encore en cours d’expérimentation : Fipronil (Rhône-Poulenc),
Confidor (Bayer, imidaclopride), Fortress (Dupont). Le laboratoire
d’entomologie du CIRAD-FLHOR de Guadeloupe participe aussi à
différents essais d’analyse de résidus (Temik, MAT 7484). Diverses
expérimentations de lutte chimique sont également en cours ou prévues
au CRBP (centre régional bananiers et plantains) au Cameroun (Fogain,
1991a, 1991b, 1991c)… ».

Ce charançon du bananier peut se vanter d’avoir enrichi les
importateurs de produits phytosanitaires.

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