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LE CRÉOLE ET LE FRANÇAIS EN HAÏTI : FICHE SIGNALÉTIQUE DE L’ANNÉE 2011

Robert Berrouët-Oriol
LE CRÉOLE ET LE FRANÇAIS EN HAÏTI :  FICHE SIGNALÉTIQUE DE L’ANNÉE 2011

En Haïti et outre-mer, l’année 2011 aura été fertile en événements et parution d’articles, études et livres traitant de l’un ou l’autre aspect de la fameuse «question linguistique haïtienne», ou ayant trait au statut du créole, au bilinguisme français-créole, à la neuve notion de droits linguistiques, ou encore à l’aménagement linguistique tant à l’échelle du pays tout entier qu’à l’aménagement de nos deux langues officielles dans le système scolaire. En guise de bilan de parcours, afin que le lecteur non-linguiste puisse mieux se familiariser avec les idées et propositions véhiculées, et pour qu’il puisse avoir accès aux diverses sources documentaires qui, à mon avis, méritent d’être revisitées, je propose une «fiche signalétique de l’année 2011». Je présente cette fiche signalétique sur le mode d’une sélection d’appels de liens pouvant être facilement consultés sur Internet: il ne s’agit donc pas d’un bilan exhaustif de l’ensemble de la production créolistique. Cette fiche, qui se veut avant tout informative, consigne, lorsqu’il le faut, des commentaires notionnels ou présentatifs à la rubrique «Note», et elle comprend en premier lieu la signalétique de la catégorie «livres»: ceux-ci ne sont certes pas consultables sur Internet mais ils sont disponibles en librairie et chez les éditeurs. Et lorsque les livres sont mentionnés ou présentés sur un site Internet, j’en fournis la référence.

CATÉGORIE 1: LIVRES

  1. L’AMÉNAGEMENT LINGUISTIQUE EN HAÏTI: ENJEUX, DÉFIS ET PROPOSITIONS. Par Robert Berrouët-Oriol (coord.), Darline Cothière, Robert Fournier, Hugues St-Fort. Éditions du Cidihca, Montréal, février 2011, et Éditions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince, juin 2011.

    Potomitan - Conseil supérieur de la langue française du Québec
    Note: Livre de référence rédigé par un collectif de linguistes et comprenant notamment une proposition de projet de loi, en créole et en français, relatif à l’aménagement linguistique en Haïti.
  1. HAÏTI: QUESTION DE LANGUES, LES LANGUES EN QUESTION. Par Hugues St-Fort. Éditions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince, juin 2011. 
    InfoHaïti.net - Cultures Sud.com
    Note: Excellent ouvrage de synthèse regroupant de nombreux articles de vulgarisation de sujets-clé de la créolistique.
     
  2. THE HAÏTIAN CREOLE LANGUAGE. HISTORY, STRUCTURE, USE, AND EDUCATION. New York, Lexington Books, 2010.
    Note: Livre collectif coordonné par le linguiste américain Arthur K. Spears et la sociolinguiste haïtienne Carole B. Joseph (actuellement présidente de Bronx Community College). Bien qu’il ait été publié en 2010, il est justifié de le signaler au lecteur car c'est un livre de référence majeur sur le créole. Il comprend notamment une contribution du linguiste Hugues St-Fort intitulée ‘’Creole-English Code-Switching in New York City’’ (chapitre 6, pages 131-151).

CATÉGORIE 2: ÉVÉNEMENTS ET ARTICLES

  1. «Colloque sur la mise en place d’une académie du créole haïtien». AlterPresse - Potomitan
    Note: Important document qui consigne l’argumentaire du Comité d’initiative pour la mise en place de l’Académie haïtienne.
     
  2. «Vers une académie créole». Par James Dufresne. Le Matin
     
  3. «Création de l’Académie du créole haïtien: futilité ou utilité sociale?» Par Frenand Leger. Potomitan
     
  4. «Avons-nous besoin d’une Académie créole en Haïti ?» Par Hugues St-Fort. Haïtian Times
     
  5. «Revisiter la question de la création d’une Académie haïtienne de langue créole». Par Hugues St-Fort.
     Note: Article datant de 2010 mais repris dans l’édition 2011 de HAÏTI: QUESTION DE LANGUES, LES LANGUES EN QUESTION. Éditions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince.
     
  6. «Pour en finir avec les mythes relatifs à l’écriture du créole haïtien». Par Hugues St-Fort. Haïti Nation
     
  7. «La pratique écrite du créole haïtien, entre fiction et diction. Tèks envante, tèks lide ak tèks tradwi». Par Jean-Durosier Desrivières. Madini’Art - Potomitan
     
  8. «Déménagement linguistique». Par Par Yves Dejean. AlterPresse
     
  9. «Le «système» linguistique d'Yves Dejean conduit à une impasse». Par Robert Berrouët-Oriol. Le Nouvelliste - Potomitan
     
  10.  «L’aménagement linguistique en Haïti et le bilinguisme français-créole». Par Fortenel Thelusma. Potomitan
     
  11. «L’aménagement linguistique en Haïti: enjeux, défis et propositions». Par Renauld Govain. Potomitan
     
  12.  «Vers un aménagement linguistique en Haïti». Par Wigueny Sainterveut. Le Nouvelliste - Potomitan
     
  13. «L’école en créole, en français, dans les deux langues? État de la question et perspectives» Par Robert Berrouët-Oriol. Le Nouvelliste - Potomitan
     
  14. «Revisiter ‘’La langue française en Haïti’’». Par Hugues St-Fort. Le Nouvelliste:
    Note: «La langue française en Haïti» de Pradel Pompilus représente actuellement, en 2011, le seul ouvrage de recherche qui décrive, dans les règles des principes et avancées universitaires de l'époque (fin des années 1950 et début des années 1960), le fonctionnement réel de la langue française en Haïti telle qu'elle est en usage par les locuteurs haïtiens.’’ (Hugues St-Fort)
     
  15. «Haïti contribue-t-elle à la «promotion de la langue de la France?» Par Robert Berrouët-Oriol. Potomitan
     
  16. «Regard objectif sur le statut officiel, aujourd’hui, du créole en Haïti».» Par Robert Berrouët-Oriol. Le Matin
     
  17. «Les acrobaties sémantiques de Mirlande Manigat sont un danger pour l’aménagement du créole haïtien». Par Robert Berrouët-Oriol. Le Matin - Potomitan
     
  18. «L’amendement constitutionnel de mai 2011 annonce-t-il un coup d’état contre la langue créole d’Haïti?» Par Robert Berrouët-Oriol. Le Nouvelliste
     
  19. «Faut-il amender la Constitution sans la version créole?». Par Jean André Victor. Le Nouvelliste
     
  20. «L’expression créole du droit: une voie pour la réduction de la fracture juridique en Haïti». Par Me Alain Guillaume. Revue française de linguistique appliquée, 2011, vol. 16, n° 1, p. 77-91. Cairn.info
    Note: «La société haïtienne est marquée par toute une série de dichotomies qui se manifestent au niveau du droit à travers un bilinguisme inégalitaire et une forme particulière de bi-juridisme. L’intégration juridique de la Nation passe par l’expression créole du droit et la prise en compte, dans le droit écrit, des normes coutumières, démarches complémentaires susceptibles d’enrichir le droit substantiel haïtien, mais dont la mise en œuvre se révèle complexe.»
     
  21. «Kominote idantite ak dwa lengwistk kreyòl». Par Jean Robert Placide. Sosyete Koukouy
    Note: Intéressant article, qui tente de définir une approche conciliant le prosélytisme créoliste et la théorie de l’aménagement linguistique. Mais l’auteur, peu familier des acquis connus de la créolistique, se fourvoie à vouloir définir une «linguistique dite créole» à très faible enracinement théorique.
     
  22. «Le créole dans le discours politique, continuité et changement avec Martelly». Par Marie-Frantz Joachim. AlterPresse
     
  23. «L’utilisation des déterminants en créole haïtien: étude de quelques chaînes de référence». Par Hélène Manuélian et Dominique Fattier. hal.archives-ouvertes

CATÉGORIE 3: ÉTUDES EN REVUES

  • Société, langues, école en Haïti.
    Revue Études créoles. Numéro spécial (248 pages) en hommage aux victimes universitaires du séisme du 12 janvier 2010.
    Note: Numéro coordonné par Robert Chaudenson. Publié en octobre 2010 mais disponible en janvier 2011. «Cette publication a été réalisée pour rendre hommage aux nombreuses victimes universitaires du séisme du 12 janvier 2010. Les établissements les plus touchés ayant été l'École normale supérieure et la Faculté de linguistique appliquée, il a donc été fait appel, en nombre égal, pour les sciences humaines et sociales, à des chercheurs confirmés et à de jeunes chercheurs haïtiens qui seront à n'en pas douter la relève des disparus.»

CONCLUSION GÉNÉRALE: DANS LE RÉTROVISEUR DU LECTEUR…

Cette fiche signalétique, je l’ai dit d’entrée de jeu, n’entend pas fournir un relevé systématique de la production créolistique en 2011. Elle permettra néanmoins au lecteur de mieux se renseigner et de faire le point sur les sujets offerts à la réflexion. Qu’est-ce à dire?

  • (a) De manière générale, les articles et études du domaine de la créolistique, en 2011, ont paru non pas dans des revues universitaires haïtiennes (il n’y en a plus sur ce créneau) ou dans des revues linguistiques spécialisées (par exemple: Glottopol.com, ou Sociolinguistique urbaineNormes et identités en rupture, Université de Rennes 2); ou dans des revues culturelles publiées en Haïti, mais plutôt sur des sites et dans des publications généralistes outre-mer. Hormis le spécial de la revue «Études créoles» publié, en France, sous la direction du réputé linguiste Robert Chaudenson, peu de textes et/ou d’études de niveau universitaire nous sont parvenus en 2011. Il y a lieu ici de signaler qu’il n’existe plus, en Haïti et outre-mer, aucune revue haïtienne de haut niveau, académique ou pas, et/ou du standard de Nouvelle optique, Collectif paroles, Boutures, etc. La «Lettre de l’UEH» (Université d’État d’Haïti), à la production d’évidence erratique et publiée uniquement en français, ne parvient pas à combler le vide d’une élémentaire alimentation de la réflexion universitaire sur nombre de questions relatives à la société haïtienne…
  • (b) Le lecteur attentif aura noté que les articles, études et livres parus en 2011, dans leur grande majorité, ont été rédigés en français. Nous sommes loin du vœu énergique de la Société Koukouy et/ou d’autres cercles créolistes qui, bataillant de manière fort légitime pour la production d’un corpus diversifié en créole, s’avèrent jusqu’ici incapables de produire, en créole, des textes théoriques de haut niveau ou des études sectorielles crédibles en créolistique.
  • (c) La fameuse «question linguistique haïtienne» --comme, du reste, la refondation du système éducatif national--, n’est toujours pas inscrite à l’agenda des priorités de l’État haïtien en 2011: les articles répertoriés sur cette fiche signalétique en font foi. L’actuel Exécutif haïtien, en une pulsion tout à fait légitime visant à répondre aux prescrits de la Constitution de 1987 relative à la gratuité scolaire, donne dans la comptabilité multiplicative (et sans doute douteuse) du nombre d’élèves dits «subventionnés» pour l’accès gratuit à l’École haïtienne –École que l’État ne contrôle pourtant qu’à environ 10% du système éducatif national--, au détriment d’une vision de refondation du système éducatif national ancrée dans l’aménagement des deux langues officielles de l’enseignement national et également ancrée dans l’incontournable didactique convergente créole-français. Le lecteur curieux saura voir et évaluer, au fil des mois, combien pareille vision volontariste mais courageuse, à laquelle n’a pas été conviée un corps professoral motivé, certifié et compétent, risque de mener à un cul-de-sac aussi dommageable que l’aventurisme linguistique et populiste prôné depuis une quarantaine d’années par le linguiste Yves Dejean (c.f. l’article «Déménagement linguistique»  paru sur le site de l’agence en ligne AlterPresse : http://www.alterpresse.org/spip.php?article11343).  

De manière générale, et dans l’éclaircie de son rétroviseur, le lecteur de cet article comme les enseignants et administrateurs du système scolaire haïtien sauront apprécier ce que 2011 a apporté de novateur dans la vie des langues en Haïti, notamment au plan institutionnel et sur l’ardoise des «priorités prioritaires» de l’État haïtien qui, en 2011, ne consacrait qu’environ 0,6 % du budget d’Haïti au système éducatif national... Alors, y a-t-il --sur la fameuse «question linguistique haïtienne», et trois mois après le colloque dédié à la création de  l’Académie du créole haïtien--, des avancées ou des «freins» têtus d’une «culture de l’immobilisme» ? Il semble que l’État haïtien veuille (re)prendre en main de manière ample le dossier fort complexe du système éducatif dans sa globalité. En effet, le gouvernement vient d’annoncer la tenue, en 2012, d’un imposant colloque international sur l’éducation (cf. la dépêche «Un colloque international sur l'éducation sera organisé bientôt en Haïti»: Radio Métropole)? IL FAUT SOUHAITER QUE CE COLLOQUE INTERNATIONAL RÉSERVE UN ESPACE MAJEUR À LA QUESTION LINGUISTIQUE HAÏTIENNE.

Dans l’optique d’un partage des idées et des études consacrées aux deux langues officielles d’Haïti, il y a lieu, pour le lecteur, de lire autrement et surtout de décoder le sédimentaire et les enjeux à l’oeuvre à travers les références documentaires auxquelles je donne accès dans cet article. Cette «fiche signalétique de l’année 2011», je le souhaite, saura y contribuer de manière positive.

 

[NDLR : Robert Berrouët Oriol, linguiste-terminologue, poète et critique littéraire, est coauteur de la première étude théorique portant sur «Les écritures migrantes et métisses au Québec» (Quebec Studies, Ohio, 1992). Sa dernière oeuvre littéraire, «Poème du décours» (Éditions Triptyque, Montréal 2010), a obtenu en France le Prix de poésie du Livre insulaire Ouessant 2010. Ancien enseignant à la Faculté de linguistique de Port-au-Prince, il est également coordonnateur et coauteur du livre de référence «L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions» -- Éditions du Cidihca, Montréal, février 2011, Éditions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince, juin 2011.]

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