Michael DASH vient de monter en Galilée. Spécialiste de la littérature haïtienne, puis de l'œuvre d'Edouard GLISSANT, je l'avais rencontré pour la première fois à Bâton-Rouge, en Louisiane, à l'occasion d'un colloque autour du système de plantation, organisé en 1991, par l'auteur du Discours antillais qui était à l'époque directeur du centre d'études francophones de l'université de cette ville.
Son rire et la pétillance de son regard m'avaient immédiatement frappé. Je l'avais surnommé "l'aigle trinidadien", ce qui le faisait sourire. En fait, j'étais persuadé qu'il était Indien lorsqu'évoquant ceux de son île, au détour d'une conversation sur V. S. NAIPAUL et son magnifique roman Miguel Street, il m'apprit qu'aux yeux de ceux-ci, il ne l'était pas parce que métis. J'aurais dû m'en être douté vu son patronyme. "Pour un Martiniquais qui te voit pour la première fois, tu es un Indien !" avais-je insisté.
Nous en avions beaucoup ri : à Trinidad, une goutte de "sang" noir fait de vous un Noir alors qu'en Martinique, une goutte de "sang" indien fait de vous un Indien. Absurdité des vieilles logiques coloniales. Séquelles grotesques de l'esclavage et de l'engagisme.
Michael DASH avait la discrétion et la modestie des vrais intellectuels. Aux Etats-Unis où, après l'Université des West-Indies, il avait trouvé un poste d'enseignant, il était unanimement reconnu par ses pairs. Il laisse des ouvrages précieux qui éclairent sur les enjeux de l'écriture antillaise francophone. Sa trace est là. Elle ne s'effacera pas.
Bon envol, aigle trinidadien !...