Le gouvernement sénégalais vient donc d'incarcérer l'activiste panafricaniste Kémi SEBA pour avoir brûlé lors d'une manifestation publique un billet de 5.000 francs CFA, ce qui est contraire à la loi. Il n'est pas besoin de partager les idées du fondateur de l'ex-Tribu KA pour s'indigner du sort qui lui est fait car nul n'a besoin d'être un grand économiste pour comprendre que le franc CFA est une corde au cou des pays africains qui l'utilisent. En effet, dans tous les pays du monde, la possession d'une monnaie nationale est le premier signe de la souveraineté, or plus d'un demi-siècle après leur indépendance, le Sénégal, le Mali, le Niger, le Togo etc... demeurent attachés à une devise coloniale qui les met directement sous la tutelle du Ministère français de l'Economie et du Trésor français.
Pire, alors que le franc a disparu (puisque la France utilise désormais la monnaie de la communauté européenne à savoir l'euro), des dirigeants souvent incompétents ou corrompus continuent à utiliser une monnaie qui n'est que la traduction de la Françafrique c'est-à-dire la continuation de la colonisation et du pillage des richesses africaines. Les ex-colonies anglaises, belges et portugaises d'Afrique ne sont pourtant pas dans pareil lien de dépendance envers leurs anciennes métropoles et pourtant elles se portent beaucoup mieux que leurs alter ego francophones. Le Ghana, l'Angola, le Bostwana ou encore le Rwanda démontrent que les Africains peuvent parfaitement gérer et développer leurs pays sans avoir besoin que le Papa Blanc leur tienne la main. Pour ce faire, il faut bien sûr des élites dévouées à leurs peuples et non cette bande de dictateurs vieillissants soutenus par des bases militaires françaises qui n'ont, elles non plus, rien à faire sur le continent noir.
Mais rien n'arrêtera l'histoire. Le Sénégal peut bien emprisonner Kémi SEBA ou d'autres pays africains lui interdire d'entrer sur leur sol, la jeunesse africaine qui montre détruira, tôt ou tard, ce lien colonial dégradant qu'est le franc CFA...