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Le Guyana au bord de la guerre civile ?

Le Guyana au bord de la guerre civile ?

 Le seul territoire anglophone de l'Amérique du sud, le Guyana, est en proie ces jours-ci à de très vives tensions ethniques entre les deux groupes majoritaires du pays.

 Noirs et Indiens (de l'Inde) n'ont cessé d'y affronter dès l'indépendance le 23 février 1970, cela de manière violente, mais après une période d'accalmie, la situation s'est brusquement aggravée ces jours derniers suite à la découverte des corps de deux adolescents noirs qui étaient cousins, Isaiah HENRY et Joel HENRY, visiblement assassinés de façon atroce. Aussitôt les Noirs se sont mobilisés, ont organisé des manifestations un peu partout à travers le pays, bloquant les routes, chose qui a même empêché Irfaan ALI, le président de la République, un Indien musulman, de rendre visite aux familles des décédés. Peu après, deux Indiens furent agressés par la foule et assassinés à leur tour.
  Depuis, les exactions de part et d'autres se sont multipliées. 
  Ces troubles interviennent au moment même où l'exploitation pétrolière vient de démarrer au Guyana, ce qui, selon la Banque mondiale, boostera de 50% l'économie du pays en dépit du ralentissement mondial dû à l'épidémie de Covid-19. Au cours de la dernière élection présidentielle, qui a vu la victoire (contestée par les Noirs) d'Irfaan Ali du People's Progressive Party sur David GRANGER de APNU, candidat de la communauté noire, le pétrole a été au centre de la campagne. Chaque groupe accusait l'autre de vouloir accaparer les revenus de l'or noir au seul profit des siens. En réalité, l'exploitation pétrolière, qui se fait en mer, a offert très peu d'emplois aux Guyaniens, toutes ethnies confondues, faute de compétences techniques dans ce domaine. Elle est presqu'entièrement menée par des experts étrangers.
  En effet, les Indiens détiennent le commerce et l'agriculture tandis que les Noirs sont principalement dans l'administration, l'artisanat, la police et les forces armées. Dans ce pays qui reconnaît officiellement 6 groupes ethniques (Amérindiens, Noirs, Indiens de l'Inde, Portugais, Européens et Chinois), les Indiens sont 39% de la population et les Noirs 30%. Ces derniers sont donc autant que les quatre autres minorités (Amérindiens, Portugais qui sont en fait des Métis, Européens et Chinois) qui, eux aussi font 30%. Mais ces minorités restent prudemment à l'écart du conflit de plus d'un demi-siècle entre Noirs et Indiens.
  Le Guyana a été plusieurs fois au bord de la guerre civile depuis son indépendance de l'Angleterre. Le pétrole sera-t-il l'étincelle qui allumera le feu ? 

Commentaires

Michel P. | 23/09/2020 - 20:10 :
1) La devise du pays est : "Un Peuple, une Nation, un Destin". Mais son appellation officielle est "République coopérative du Guyana". La coopération étant celle des "six peuples" du pays : indien, noir, métis, amérindien, européen et chinois. Ces différents "peuples" restent largement distincts, avec chacun son style de vie. Une compétition oppose les deux premiers, plus nombreux, un peu comme à Trinidad & Tobago. 2) A noter que le Venezuela revendique 62% du territoire du Guyana et le Surinam 13%.
Frédéric C. | 24/09/2020 - 19:44 :
Pourvu que cela ne surexcite pas les négristes (le "noirisme", sauf erreur ou omission, c'était un élément de l''idéologie officielle de François Duvalier en Haïti) en Mque au point qu'ils attaquent physiquement au "pas assez nègres" donc suspects d'être complices des "Blancs" conçus comme "tous colonialistes". Salvat Etchard, Alain Plenel et d'autres se retourneraient dans leur tombe. N'oublions pas de quel côté étaient Jean MARAN et beaucoup de ses amis politiques de même phénotype. Et que des gens plus "clairs de peau" comme Camille DARSIÈRES, Armand NICOLAS et qqs autres ont contribué à poser la question nationale...

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