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LE «MANDELA PORTORICAIN» BIENTOT LIBRE

https://www.letemps.ch
LE «MANDELA PORTORICAIN» BIENTOT LIBRE

Parmi les personnes graciées mardi par Barack Obama figure l'un des plus anciens prisonniers du monde, l'indépendantiste Oscar Lopez Rivera.

On l’appelle le «Mandela portoricain». Et pour cause: Oscar Lopez Rivera partage avec le prix Nobel sud-africain un même engagement dans une lutte de type anti-colonial, une même adhésion à un mouvement d’extrême gauche prônant un usage symbolique de la violence et un même séjour de plusieurs décennies derrière les barreaux. Terroriste pour les uns, prisonnier politique pour les autres, il a eu droit mardi, comme le lanceur d’alerte Chelsea Manning, à la mansuétude de Barack Obama. Ce qui devrait lui permettre de retrouver la liberté dans quatre mois, à l’âge de 74 ans, et non en 2023, comme prévu, au lendemain de son 80e anniversaire.

Porto Rico, une position stratégique

L’île de Porto Rico occupe une position stratégique entre l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes, à la jonction des petites et des grandes Antilles. A la fin du XIXe siècle, lorsque les Etats-Unis ont entrepris de se doter d’un empire colonial maritime, elle a été l’un des premiers territoires investis avec Hawaï et Cuba. Mais contrairement à Hawaï, qui a fini par devenir un Etat américain, et contrairement à Cuba, qui s’est débrouillé pour arracher son indépendance, elle a reçu un rôle bâtard d’État Libre Associé. Un statut qui délègue sa défense, ses affaires étrangères et sa monnaie à Washington, sans lui accorder le moindre droit de vote au Congrès et le moindre poids dans les élections à la Maison-Blanche.

Le mouvement indépendantiste qui s’était manifesté sous la colonisation espagnole s’est perpétué sous la domination américaine. Sans grand succès, le manque de droits politiques étant compensé aux yeux d’une bonne partie de la population par un développement économique enviable à l’aune de la région. La retenue ne l’a pas toujours emporté cependant. Dans les années 1960, sous l’effet conjugué des luttes anti-coloniales et de la révolution cubaine, différents mouvements armés sont apparus.

Guerre du Vietnam

Les Portoricains ayant le droit de s’enrôler dans l’armée américaine à défaut d’avoir celui de voter au niveau fédéral, Oscar Lopez Rivera est parti à l’époque pour le Vietnam. Il en est revenu médaillé mais profondément dégoûté de la guerre menée par les Etats-Unis. Il s’est alors engagé comme animateur communautaire à Chicago, une fonction qu’assumera quelques années plus tard, dans la même ville, un certain Barack Obama. Ce faisant, il s’est lié avec des familles de prisonniers portoricains, puis, de proche en proche, avec un mouvement indépendantiste radical, les Forces armées de libération nationale.

Cette organisation s’était donnée pour but d’ébranler le statu quo au moyen d’une vaste campagne d’attentats contre des bâtiments officiels. A ce titre, elle a mené entre 1974 et 1983 quelque 140 opérations qui étaient censées «épargner les gens» mais se sont soldées par cinq morts et des dizaines de blessés. La police a opéré dans ses rangs de vastes coups de filet qui ont abouti à son démantèlement. Arrêté à son tour, Oscar Lopez Rivera a été reconnu coupable du crime rarissime de «conspiration séditieuse». Ce qui lui a valu d’être condamné à 55 ans de prison bien que ses juges n’aient pas retenu contre lui de lien direct avec un attentat.

Argument moral

Le mouvement a renoncé finalement à la lutte armée. «Nous avons réalisé que d’autres tactiques pouvaient être plus efficaces, s’est récemment confié le prisonnier auprès du quotidien The Guardian. Avant de brandir un argument moral: «Vous ne pouvez pas prétendre améliorer le monde en étant vous-mêmes injustes.» Alors que s’approchait le terme de son mandat, en août 1999, le président Bill Clinton a proposé des réductions de peine à la quasi-totalité des combattants indépendantistes portoricains détenus dans les prisons américaines. Onze prisonniers l’ont accepté mais pas Oscar Lopez Rivera, qui ne voulait pas laisser de camarades «derrière lui».

Seize ans plus tard, devenu le dernier prisonnier de sa mouvance, l’homme a eu droit au soutien de nombreuses personnalités, dont l’ex-président américain Jimmy Carter, l’ancien candidat à l’investiture démocrate Bernie Sanders et l’archevêque sud-africain Desmond Tutu. L’a aussi aidé le comportement irréprochable des «graciés» de 1999. Il ne restait plus que l’assentiment de Barack Obama.

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