On apprend par une dépêche de l'agence APS que le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, en visite en France, a rendu "un vibrant hommage aux Français amis de la révolution algérienne". Dans cette cérémonie parisienne, Il inclut "au nom du président de la république", Maurice Audin et Franz Fanon dans son hommage aux "hommes et des femmes de tous les horizons" qui ont soutenu notre lutte.
Horizons? Maurice Audin était un militant algérien, membre du parti communiste algérien, engagé dans la lutte de libération nationale. C'était son horizon. Ses grands parents était des petits paysans de la Mitidja. Il suffisait au ministre de lire Wikipedia : "Maurice et Josette Audin font partie de la minorité des Français d'Algérie anticolonialistes, pour qui l'indépendance de l'Algérie est une évidence, ce qui est aussi la position du PCA. Celui-ci est interdit le 13 septembre 1955 et devient une organisation clandestine, en relation avec le FLN ; la famille Audin participe à certaines opérations liées à cette situation".
Horizon? Fanon qui s'était installé en Algérie quelques années auparavant a dès le lendemain du déclenchement de l'insurrection décidé de rompre avec sa nationalité française, et de se définir comme Algérien. Il rejoint le FLN à Tunis, où il collabore à l'organe central de presse du FLN, El Moudjahid et en 1958, il se fait établir un vrai faux-passeport tunisien au nom d'Ibrahim Omar Fanon. En 1959, il fait partie de la délégation algérienne au congrès panafricain d'Accra ; il publie la même année L'An V de la révolution algérienne. En mars 1960, il est nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne au Ghana. Il est enterré en Algérie...
Le Quotidien l'Expression en rajoute en titrant ce matin : "L'HOMMAGE DU PRÉSIDENT BOUTEFLIKA AUX AMIS FRANÇAIS DE LA RÉVOLUTION ALGÉRIENNE, Audin, Fanon et les autres..."
Maurice Audin et Franz Fanon ont mené leur combat en tant qu'Algériens. L'Algérie était leur nationalité, leur horizon, inséparable de leur engagement internationaliste et tiers-mondiste. Ce sont nos compatriotes, un point c'est tout. L'hommage délivré à Paris par le ministre Zitouni sonne comme une amputation posthume de leur âme.