Au moment où la Martinique se trouve dans un marasme économique et sociétal, confrontée à plus de 37 000 chômeurs, plus de 20 % de pauvres, un recours sans cesse accru d'une frange de la population à la banque alimentaire, une pauvreté tendant à se généraliser auprès des couches moyennes, une paupérisation de l'ensemble de la société, hormis bien sûr les possédants, nous croyons que nous étions en droit d'attendre autre chose de la motion de synthèse « POUR UNE CONSTITUTIONNALISATION DE L'AUTONOMIE », émanant de la convention du Parti Progressiste Martiniquais s'étant déroulée à Rivière salée, le 12 septembre 2009.
Le PPM se devait d'apporter un début de réponse à la crise qui nous frappe, une ébauche de solution aux problèmes que rencontre nos compatriotes ou même prendre part aux débats sur l'évolution statutaire de façon sincère et franche et non de manière serpentale ou serpenteuse.
Il ne nous apparaît pas que le PPM joue le rôle qui lui est imparti, ces louvoiements ne sont pas dignes du parti de feu Aimé Césaire, il ne s'agit de sa prise de position à travers la synthèse, si tentée que ce soit la sienne, mais de la manière dont elle est présentée.
Nous nous sommes questionnés quant à savoir l'opportunité de ce texte allant en porte à faux avec les éloges que nous avons pu lire ou les glapissements des louangeurs entendus,
Ce texte est un brouillamini indigeste se donnant une apparence savantasse en utilisant un jargon ou un charabia juridico-administratif, incompréhensible pour le commun, et quant on connaît la base électorale du PPM on se demande s'il ne se moque pas du monde.
Est-ce si difficile d'écrire un texte qui soit à la portée du plus grand nombre ? Comme cela n'a pas été fait nous nous proposons de le déchiffrer, démonter les mécanismes et artifices sémantiques de la motion de synthèse, car ce texte à nos yeux mérite d'être explicité :
POUR UNE CONSTITUTIONNALISATION DE L'AUTONOMIE
CONVENTION DU PPM 12 SEPTEMBRE 2009: MOTION DE SYNTHESE PREAMBULE
Le PPM utilise un argument d'autorité, il fait prévaloir une légitimité de l'histoire, celle d'une antériorité historique. Mais le simple fait d'être le plus ancien ne fonde pas une légitimité, ni la justesse des propos. C'est une technique qui n'a pas de matérialité. Imaginez que vous reprochez à votre enfant pas encore né, d'être un garçon. Si l'un de vos proches avait cette attitude probable que vous vous poserez des questions sur sa santé mentale.
La constitution française ne reconnaît qu'un peuple, le peuple français puisque c'est la constitution française.
Toutefois, supposons que la constitution française veuille reconnaître le peuple martiniquais, il eut été souhaitable au préalable de définir la notion de peuple martiniquais, ce qui jusqu'à maintenant n'a pas été fait.
Qu'est-ce qui fonde le peuple martiniquais, le droit du sol (jus solis ) ou le droit du sang (jus sanguinis) ou est-ce une combinaison des deux.
Il ne peut y avoir de peuple que s'il y a filiation, symbolique ou étatique.
Considérant la nécessité de respecter la personnalité collective du Peuple Martiniquais ; Comment respecter ce qui n'a aucune réalité légale, pas de réalité sociologique, ni même historique car indéfinie ?
Cette phrase est un non-sens. L'autonomie infère subséquemment de nouvelles règles de gouvernance, car on change de modèle sociétal.
Deux prépositions antinomiques. La définition de l'autonomie est justement d'acquérir une indépendance, mais il est probable que l'autonomie politique ne débouche pas sur une autonomie économique, si c'est le cas, c'est que le projet politique a été mal défini et nous pouvons parler d'autonomie carencée.
Lesquels, sont-ils indépendants des acquis sociaux gagnés par l'ensemble des Français, entre autres les acquis de 1936 ?
L'autonomie n'est pas l'indépendance, nos droits sont garantis par la constitution de 58, la spécialité législative générée par le changement de statut n‘implique pas une remise à zéro des acquis sociaux, mais l'ajoutance de compétences dévolues à l'assemblée unique.
C'est le passage à l'article 74 qui sera susceptible de garantir la paix sociale et la relance économique, nous eûmes aimé connaître les déterminants de cette relance ?
Ce qui aujourd'hui menace la paix sociale, c'est le chômage endémique, l'accroissement de la misère tendant à se généraliser, la paupérisation, et le fait que des dizaines de milliers de personnes aient recours à la banque alimentaire pour se sustenter, la violence et le fort sentiment d'être dans une colonie avec des droits différenciés, donc une inégalité des droits de fait.
Nous réaffirmons la position prise par les élus du Parti Progressiste Martiniquais, lors des débats du congrès des élus : Le peuple martiniquais ne serait pas le peuple français ? L'autonomie n'est pas censée nous faire étranger à la France.
A première vue, un processus difficile à mettre en œuvre, il faudrait une modification de la constitution, opération relativement lourde. Enclencher un tel processus, revient à ouvrir la boite à Pandore, chaque département, chaque région voudra son assemblée à la carte, ce qui sera ingérable.
Ceci est un leurre politique ou un moyen de renvoyer à mathusalem des questions à régler.
Le changement de statut s'opérera après l'établissement de l'assemblée unique, dans le cas où l'assemblée unique serait repoussée comme ce fut le cas en … le changement de statut ne s'imposera car lié à la proposition
Quel est le protocole défini ? La grille permettant la lecture de cette expérimentation ?
Pendant cette période, notre réflexion active, éclairée par l'action, permettra une négociation responsable avec l'Etat Français, en vue du changement de statut, ce qui constituera une méthode imparable pour éviter tous les dangers et toutes les incohérences d'une aventure mal préparée. Qu'est-ce une réflexion active ? Que l'on ne me réponde pas une réflexion qui débouche sur une action.
L'autonomie fusse-elle négociée ou imposée, n'évitera pas le risque ou les incohérences.
Ce qui doit préluder à l'autonomie est un plan de développement économique, susceptible de créer des emplois et faire reculer la misère. Si cette condition n'est pas respectée la population n'échangera pas la proie pour l'ombre.
Cette période permettra également la mise en cohérence des politiques publiques, la fusion des deux collectivités locales, l'organisation des outils de gouvernance locale, la détermination des moyens de cette gouvernance. Ainsi, c'est en pleine connaissance de cause que le peuple se prononcera et comme le dit Aimé CESAIRE : « le droit de s'autodéterminer et de s'autogouverner dans un cadre constitutionnel démocratiquement débattu et librement accepté. »
Il faut laisser feu Aimé Césaire en dehors de tous ces salmigondis politiques.
Pourquoi ne pas dire tout simplement que le PPM n'est pas favorable à l'article 74 ?
Et qu'il sera favorable à l'autonomie que dans 14 ou 15 ans, une fois que les présidents de département et de région ne seront plus ?
Sous couvert de l'intérêt d'un pseudo peuple martiniquais, ce texte a été pesé à l'aune de l'ambition d'un homme ou juste pour nous endormir.
La Martinique n'est pas censée être le terrain de jeu des ambitions de pouvoir d'untel ou d'unetelle, il me semble qu'il est temps d'abandonner la mentalité du « sauve qui peut », afin qu'ensemble nous trouvions les voies d'un développement concerté, respectueux des hommes et de notre environnement.
Que la population choisisse le 74 ou se satisfasse du 73, ce n'est pas le plus important, ce qui importe c'est que la Martinique ne devienne pas un champ de ruine, un pays violent ou la misère prédomine et que tout un chacun n'aie qu'un rêve, c'est de la quitter, ma foi ce qui se passe avec une certaine intensité dans quelques pays caribéens voisins.
Voilà notre vrai défi, et la question à se poser : est-ce que le vivre ensemble sera-t-il possible dans cinq ans en Martinique ? Tony Mardaye
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