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LE RAMADAN EST AUSSI CELEBRE A CUBA PAR PLUS DE 10 000 CUBAINS MUSULMANS

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LE RAMADAN EST AUSSI CELEBRE A CUBA PAR PLUS DE 10 000 CUBAINS MUSULMANS

A Cuba, la perle des caraïbes, où l’athéisme d’Etat a prévalu à l’issue de la Révolution emmenée par Fidel Castro en 1959, jusqu’aux années charnières de 1990, au cours desquelles les restrictions religieuses se sont assouplies dans la foulée de l'effondrement du bloc soviétique, les différentes religions connaissant dès lors un regain de vitalité, la présence de l’islam est-elle un mythe ou une réalité ?

Dans cette île conquise par la monarchie catholique espagnole au XVIème siècle, qui abrite en son sein l’enfer concentrationnaire américain de Guantanamo, jamais fermé, toujours ouvert, contrairement aux belles promesses de l’ère Obamanienne, l’islam est bel et bien une réalité qui a émergé récemment dans le paysage, sous l’impulsion d’étudiants musulmans, originaires du Pakistan, qui ont favorisé son introduction au cours de la décennie 1970/1980.

Plus de trente ans plus tard, ils sont plus de 10 000 Cubains à avoir embrassé la religion musulmane, formant une petite communauté très soudée, sans avoir une parfaite maîtrise de la langue arabe, parlée par une poignée d’entre eux seulement, et sans disposer d’une véritable mosquée pour se recueillir dignement.

Dans le vieux quartier de la Havane, le très affable Javier, ce catholique dans une vie antérieure fraîchement converti à l’islam, accueille avec un large sourire les visiteurs désireux de pénétrer dans un ancien bâtiment de style colonial, flanqué d’un minaret vert et blanc, dont les salles de prière sont ornées d’une belle calligraphie et l’une des parois murales habillée du drapeau palestinien, où se pressent les fidèles chaque vendredi et tout au long du Ramadan. Un Ramadan célébré discrètement à Cuba, où les dattes sont une denrée rare, ce qui rend la rupture du jeûne plus difficile et peu conforme à la tradition, au grand dam des familles musulmanes.

Iftar à La Havane

Son exemplaire du Coran traduit en espagnol dans la main, Javier se transforme volontiers en guide touristique, saluant ses hôtes par un « Salam Aleykoum » sonore et chaleureux, avant de répondre avec un plaisir renouvelé à toutes leurs questions, sans éluder la plus personnelle et récurrente d’entre elles qui l’interroge sur son inclination du cœur.  « Le texte de la Bible m’est toujours apparu incomplet, j’ai trouvé dans le Coran ce que je n’ai pas trouvé dans la Bible », a-t-il confié dans un entretien accordé à Aljazeera. C’est en ces termes qu’il explique son choix spirituel qui reste inhabituel dans un pays où plus de 80% de la population se réclame du christianisme ou de croyances afro-cubaines, mais en faisant toutefois de piètres pratiquants (seulement 15% affirment accomplir leur devoir religieux).

«Les touristes viennent souvent dans cette cette rue et ils sont si surpris quand ils découvrent un lieu de culte musulman", s’exclame celui qui fait figure d’imam des lieux, Ahmed Aguelo, converti à l'islam il y a 17 ans. « Je ne suis pas officiellement un imam, car je n’ai pas reçu de formation spécifique, cela n’existe pas ici. Mais j’ai les bases », précise-t-il avec humilité, presque en s’en excusant, tout en ne cachant pas la fierté qu’il éprouve, chaque vendredi, quand sonne l’heure de diriger la grande prière collective devant près de 200 fidèles.

A quelques centaines de mètres de là, un panneau signalétique installé sur un terrain indique la construction de la première grande mosquée de Cuba promise, en février 2015, par Le président turc Recep Tayyip Erdogan, avec l’assentiment plein et entier du gouvernement cubain. Mais le premier coup de pelle tarde à être donné, ce qui n’entame en rien la confiance de Rigoberto Menendez, directeur de Arab House, qui porte ce projet plus que jamais à bout de bras.  

   

Pour Alen Garci, 33 ans, l’annonce de sa conversion à l’islam n’a pas été sans bouleverser sa vie, et susciter l’incompréhension, voire l’hostilité de son cercle relationnel, l’obligeant à rompre des liens d’amitié qu’il croyait indestructibles et à connaître un certain isolement. « J’ai perdu beaucoup d’amis quand je leur ai annoncé que je voulais devenir musulman. Se convertir impliquait déjà pour moi de renoncer à une grande partie de la culture cubaine, à boire du rhum, à manger du jambon, à aller à des fêtes, à danser la salsa », raconte-t-il mais sans rien regretter, conforté dans le bien-fondé de son choix par la profondeur de ses convictions.

Il n’y a pas d’âge pour se convertir, comme le prouve de manière éclatante Mohammed, alias Leonel Diaz il y a peu encore, qui a décidé à 73 ans de franchir le grand pas en répondant à l’appel irrépressible d’Allah. A l’évocation de Guantanamo, celui-ci a un avis très tranché sur la question : "Les Etats doivent absolument trouver une solution pour fermer cette prison", clame-t-il haut et fort.

C’est en Espagne où elle a vécu pendant huit ans que Yaquelin Diaz, prénommée désormais Aisha, a prononcé la Shahada. De retour au pays, celle-ci se fait l’infatigable ambassadrice de l’islam afin de faire prendre conscience à ses compatriotes que, contrairement aux idées reçues, les musulmans du terroir ne sont pas des étrangers mais bien des Cubains comme les autres. A ses yeux, une seule chose manque cruellement aujourd’hui à Cuba : un magasin vendant des vêtements islamiques.

« Nos frères saoudiens nous versent régulièrement de l’argent, mais nous ne pouvons pas vivre éternellement de leur charité. Nous devons nous doter de nos propres magasins qui correspondront à notre culture, à notre style. Nous devons maintenant être en mesure de promouvoir seuls l’islam à Cuba », appelle-t-elle de ses vœux en manifestant une volonté d'indépendance, affranchie de toute tutelle, qui ne se contentera pas d'un simple vœu pieux.

 

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