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Le Talisman de la présidente Ou La fin de la ploutocratie ambiante

Nady NELZY-ODRY
Le Talisman de la présidente Ou La fin de la ploutocratie ambiante

 J’aime lire ! J’aime particulièrement le genre littéraire du roman, distinct de tout autre écrit, car il renvoie à l’extraordinaire des situations et des personnages. Alors, bien évidemment en découvrant le roman de Corinne MENCE-CASTER que j’ai lu une première fois d’une traite, j’ai été contente de trouver une belle écriture.  Je dois dire  que je  n’en attendais pas moins d’une universitaire qui de surcroît a été présidente de l’Université des Antilles. Ce dernier élément met en place une proximité dont on ne peut se départir lorsqu’on est soi-même originaire de ce pays Martinique. 

Pour en revenir au genre littéraire, le roman, certes,  tous les faits présentés dans une fiction ne sont pas nécessairement imaginaires mais ils ne doivent pas pour autant être irréels.  Le monde martiniquais, celui  décrit par Corinne MENCE-CASTER, où l’incrédulité est reine, renvoi  la lectrice que je suis  devant son miroir avec une question : comment et pourquoi en sommes-nous encore  là ?

L’auteure commence son ouvrage en demandant aux lecteurs de considérer l’écrit comme une narration en forme de « milan » créole. Ceci me parait difficile, car à mon sens  le contenu d’un milan,  est celui  d’un fait qui   peut ne pas être forcément léger, mais qui dans toute sa poétique, contient des approximations. Hors « le Talisman de la présidente » expose  une situation  qui de l’ordre évident  annonce le commencement de la fin d’un monde.  Ce monde immonde, ce monde créole où l'on  peut accomplir des forfaits d'une rare violence. Ce monde sans égards pour la jeunesse qu'il a en charge   et ce, même dans l’organisation rigoureuse d’une université.

S’agissant du personnage principal du roman de CMC,  le « fameux  Félix  », ce meneur me renvoie au théâtre d’Aristophane et de  l’idéologie de la ploutocratie, créé sur la Plantation.  Félix est un bouffon  qui à mon sens, ne sait pas que sa mentalité et ses vieilles mœurs de lapin malin sont périmées. Quand il vole, quand il pille, il le fait  avec  la bénédiction de toute  l'oligarchie du moment,  responsables des deniers du pays Martinique, de ceux de la Guadeloupe ou encore de la Guyane. Ce directeur de l'Institut de Recherche  est dans son bain, ses relations :  ministères  de l'Outre-mer et ministère de la Justice , présidence de région, chefs de services, dirigeants syndicaux,  délinquants en cols blancs d’ici et de l’Autre-bord, enseignants  capons, enfin  un monde de la voyoucratie, qui   pratique l'omerta et qui influe fortement sur les textes de loi.  

Le  livre de Corinne MENCE-CASTER, nous oblige à réfléchir sur ce que nous sommes, nous et ce que nous voulons. Elle, CMC a fait sa part qui, vous en conviendrez n'est pas une part de colibri.  Mais nous ?  Quand  allons-nous avoir du courage d'exiger la rigueur de la part de nos dirigeants : maires, députés, directeurs de services  etc ?

Dans ce « confusionnisme » de la ploutocratie ambiante, celle que notre société  « soutire », un terme créole qui dit que  nous n’avons pas le courage d’exterminer cette espèce qui  n’est pas en voie d’extinction : le konpè lapin.  Pourtant, il nous faudra bien en finir avec ce genre de complots « chiens »,  qui souillent ce que nous avons de plus précieux . Nous n'avons pas de presse, pas de « Canard enchaîné » mais le monde doit savoir, dut-il rire de nous et  nous faire honte. 

Aussi, ne soyons pas étonnés de voir notre jeunesse après de brillantes études,  puis de retour aux Antilles  se retrouver en prise avec ce genre d'individus demeurés aux portes de la Nègrerie.  Ne soyons pas étonnés qu’elle aille s'installer  ailleurs. 

Quant à la présidente de l’Université, elle n’avait pas d’autres choix que d’écrire cet ouvrage. Cela lui a évité un « un diabète de l’humeur », une pathologie qui vous interdit une existence « sucrée » et vous rend  triste, voire dépressif.  C’est un mal lié aux grandes déceptions, que parfois l’existence vous réserve.

A quarante six ans, je dis que  c’est bien d’avoir pris le temps d’arracher les mauvaises herbes sur son chemin. C’est aussi une victoire que de sortir les champs du « Savoir » d’un marécage. Une telle entreprise contribue surtout à sonner le glas de la ploutocratie ambiante.

Merci madame la présidente, la Martinique vous a reconnue malgré la discrétion qui vous distingue !

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