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LE VENEZUELA EST ATTAQUE PARCE QUE POUR LUI AUSSI « LA VIE DES NOIRS COMPTE » (TRUTH OUT)

Andrew King
LE VENEZUELA EST ATTAQUE PARCE QUE POUR LUI AUSSI « LA VIE DES NOIRS COMPTE » (TRUTH OUT)

Un article récent du New York Times, intitulé « les supporters de Maduro sont pris pour cibles à Miami », décrit le groupe de plus en plus bruyant d’ « exilés » vénézuéliens anti-gouvernementaux vivant aux États-Unis qui renforcent leurs tactiques d’agitation et de harcèlement contre les Vénézuéliens qui soutiennent le gouvernement socialiste du président Nicolas Maduro, L’opposition vénézuélienne a bénéficié du soutien inconditionnel du gouvernement US et des médias – qu’ils soient conservateurs ou libéraux - qui, tous en choeur, diabolisent et sapent le gouvernement démocratiquement élu de la nation, qualifié de dictature brutale, tout en dépeignant l’opposition financée par les États-Unis et souvent violente comme des manifestants anti-gouvernementaux pacifiques et démocratiques.

Il est vrai que la situation économique actuelle au Venezuela est assez grave ; la nation connaît actuellement un taux d’inflation à trois chiffres et les vénézuéliens doivent souvent subir de longues files d’attente pour acheter des produits de base. Bien que ces défis soient dus à un éventail complexe de facteurs, dont une guerre économique menée contre le pays et la chute du prix du pétrole, le New York Times, le Washington Post, CNN et Fox News assènent un barrage d’images de crise pour retourner l’opinion publique contre le gouvernement socialiste vénézuélien afin de le déstabiliser et, pour objectif final, le renverser.

Tout en cherchant à diaboliser le gouvernement de Maduro et à glorifier les manifestants anti-gouvernementaux, les grands médias s’abstiennent de montrer le véritable visage de l’opposition ou de faire état de la raison de son opposition. En effet, plusieurs dizaines de personnes, y compris des employés de l’état, ont été tuées ces dernières années en raison des actes violents des manifestants de droite. Les grand médias font soigneusement l’impasse sur ce qui devrait figurer en une, comme le cas de l’afro-vénézuélien Orlando Figuera. Le 20 mai, le jeune homme de 21 ans traversait le bastion de l’opposition gouvernementale de Chacao à Caracas lorsqu’un groupe de « manifestants » anti-gouvernementaux masqués l’accusèrent d’être un partisan du gouvernement. La foule a ensuite encerclé Figuera, l’a poignardé six fois pour ensuite l’arroser d’essence et d’y mettre en feu. Le jeune homme est mort plus tard à l’hôpital. Le président Nicolas Maduro a qualifié l’acte de symbole des crimes de haine commis au Venezuela, en soulignant le caractère raciste de ce lynchage d’un vénézuélien noir. C’est la neuvième personne à être tuée lors des barricades de l’opposition depuis que les violentes manifestations ont éclaté au début du mois d’avril. Les mêmes moyens de communication puissants qui dénoncent systématiquement les violations des droits de l’homme par le gouvernement vénézuélien demeurent en grande partie muets sur ces actes de terrorisme racistes commis par l’opposition de droite.

Il est important de noter que si l’opposition virulente de droite est concentrée dans les secteurs blancs et économiquement favorisés de la population, les barrios, les bidonvilles et les zones rurales où vivent les pauvres, les communautés autochtones et les afro-vénézuéliens ne se sont pas soulevés car la plupart soutiennent le gouvernement. Pour comprendre les racines de la haine et du racisme de l’opposition envers les partisans noirs et indigènes du gouvernement, il faut comprendre l’histoire de la présidence qui a précédé Maduro – celle de Hugo Chavez.

Hugo Chavez et la révolution bolivarienne

Des décennies de politiques néolibérales défaillantes et de répressions gouvernementales ont ouvert la voie à l’élection démocratique de Chavez en 1998. Après avoir pris ses fonctions, le gouvernement Chavez a lancé une campagne vigoureuse pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale en redistribuant la vaste richesse pétrolière de la nation aux pauvres, aux secteurs afro-vénézuéliens de la population. Chavez a appelé ce mouvement contre l’hégémonie néolibérale US « la révolution bolivarienne », inspiré par le héros de l’indépendance sud-américaine du XIXe siècle, Simón Bolívar. Selon Chavez, le but ultime de cette révolution était de construire un socialisme du XXIe siècle qui serait mené par les pauvres, les femmes, les indigènes et les afro-vénézuéliens.

Un des objectifs centraux du projet révolutionnaire du Venezuela a été de lutter contre l’héritage historique du racisme envers les indigènes et les afro-vénézuéliens. La nouvelle constitution créée sous Chavez a fait progresser les droits sociaux, culturels et économiques des peuples autochtones, des afro-vénézuéliens et des femmes, y compris la reconnaissance de l’éducation interculturelle. Chavez a été le premier président des Amériques à reconnaître ouvertement son héritage indigène et africain. Les médias privés vénézuéliens se référaient souvent à lui avec des insultes racistes. En 2005, Chávez a déclaré que « la haine contre moi a beaucoup à voir avec le racisme. En raison de ma grande bouche et de mes cheveux bouclés. Je suis vraiment fier d’avoir cette bouche et ces cheveux parce qu’ils sont africains ». La même année, Chávez a créé la Commission présidentielle pour la prévention et l’éradication de toutes formes de discrimination raciale dans le système éducatif vénézuélien.

Le gouvernement Chavez a utilisé la richesse pétrolière du pays pour augmenter les dépenses sociales et a développé des programmes révolutionnaires connus sous le nom de « missions sociales », ce qui a entraîné des progrès sociaux considérables pour les secteurs pauvres et socialement exclus du pays, dont beaucoup sont d’origine africaine ou indigène. En 2010, les programmes gouvernementaux avaient réduit la pauvreté de moitié et l’extrême pauvreté de deux tiers. En 2005, l’ONU a déclaré le Venezuela libre d’analphabétisme, après que 1,5 million de vénézuéliens aient appris à lire et à écrire.

Des milliers de médecins cubains et de professionnels de la santé ont été envoyés dans les communautés rurales et pauvres du pays, offrant à des millions de citoyens un accès sans précédent aux soins de santé gratuits. Grâce à ce programme, plus de 6 000 cliniques de santé communautaires ont été construites et des millions de consultations gratuites ont été dispensées. Parmi les autres réalisations, on compte un programme massif de logements sociaux qui a créé plus d’un million de logements depuis son lancement ; la redistribution de milliers detitres de propriété de terres communales aux communautés autochtones ; et une démocratisation des médias grâce à une explosion du nombre de stations de radio et de télévision communautaires.

La nation sud-américaine a renforcé son engagement envers les vies noires en 2011 lorsqu’elle a adopté une loi historique interdisant la discrimination raciale qui, selon le journal international Correo del Orinoco, « mettra en place des mécanismes pour prévenir, réprimer, punir et éradiquer la discrimination raciale par toute personne, groupe de personnes, autorités publiques, institutions privées et organisations civiles, économiques, politiques, culturelles et sociales ». Le gouvernement a également créé une nouvelle question de recensement qui permet aux citoyens d’être classés comme afro-vénézuéliens.

Solidarité avec les Afro-Américains

En 2015, le président Maduro s’est rendu à Harlem pour parler avec des leaders noirs, dont Opal Tometi, cofondateur de Black Lives Matter. Ce geste rappelle la visite de Fidel Castro à Harlem en 1964 pour rencontrer Malcolm X. Plusieurs mois plus tard, le réseau Black Lives Matter et d’autres groupes nord-américains noirs ont publié une déclaration dénonçant l’intervention US au Venezuela et exprimant leur solidarité avec les afro-vénézuéliens et les Vénézuéliens indigènes à la suite de la victoire électorale de la droite aux élections législatives de 2014 qui menace les avancées sociales de la révolution.

Dans cette déclaration, les militants US remercient le Venezuela pour son soutien continu à la communauté afro-américaine des États-Unis, en remontant à l’offre de Chavez d’envoyer de grandes quantités d’aide, y compris des médecins et des spécialistes en gestion de catastrophes, à la Nouvelle-Orléans après le passage de Katrina. George W. Bush, qui a largement laissé les résidents noirs de la ville se noyer, a refusé l’offre. Au cours des 12 dernières années, Citgo - une filiale vénézuélienne - a fourni une aide au mazout de chauffage à coût réduit à des centaines de milliers de familles pauvres dans 23 états dont ont bénéficié les résidents noirs du Bronx, de Boston, de Chicago et de Philadelphie, entre autres villes. Un certain nombre de dirigeants afro-américains, de militants et d’artistes tels que Danny Glover, Harry Belafonte et Jesse Jackson Jr. se sont rendus au Venezuela et ont créé de solides liens de solidarité avec Chavez et la révolution bolivarienne et reconnaissent sa connexion avec le mouvement de libération des Noirs aux Etas-Unis.

Solidarité avec Haïti, les Caraïbes et l’Afrique

La solidarité du gouvernement vénézuélien envers les Noirs est peut-être nulle part plus évidente que dans l’aide généreuse et le soutien qu’il a apporté au peuple haïtien à la suite du tremblement de terre dévastateur de 2010, qui comprenait la fourniture de milliers de tonnes de nourriture, de médicaments, de camps de secours, d’hôpitaux de campagne et du personnel médical et de secouristes. En outre, Chavez a annulé la dette d’Haïti qui s’élevait à $395 millions, en proclamant que « Haïti n’a aucune dette envers le Venezuela — au contraire, c’est le Venezuela qui a une dette historique envers Haïti », en référence au fait que l’auto-libérée République noire avait fournit des armes, des munitions et des navires à Simón Bolívar pour combattre les Espagnols au Venezuela, en échange de la promesse qu’il abolirait l’esclavage dans son pays. Le Venezuela a également forgé de nouveaux liens avec les pays africains en ouvrant 18 nouvelles ambassades et en établissant des accords de coopération en matière de santé et d’éducation.

C’est précisément à cause de l’audace du gouvernement vénézuélien à lutter contre l’impérialisme raciste des États-Unis - et à affirmer sans réserve que la vie des Noirs compte (*) en faisant valoir les droits des pauvres d’ascendance africaine - qu’il est sous l’assaut constant de la classe dirigeante blanche US et des médias internationaux. Il est donc assez facile de comprendre pourquoi, pour citer le Premier ministre radical noir assassiné de Grenade, Maurice Bishop, « Goliath a tourné toute son attention vers David ».

 

Andrew King

 

Andrew King est un étudiant en doctorat en politique publique à UMass Boston, un activiste-érudit, et a soutenu l’organisation de Black Lives Matter et d’autres campagnes de justice raciale et économique. Il est le coordinateur d’un projet de recherche communautaire avec des organisateurs de jeunes de Boston qui se battent pour la justice éducative. Andrew a également fait de la solidarité en organisant et en effectuant des recherches sur les mouvements sociaux latino-américains et a voyagé au Venezuela et à Cuba. Il peut être contacté à andrew.king003@umb.edu.

 

(*) Wikipedia : « Black Lives Matter » (BLM), qui se traduit en français par « les vies des Noirs comptent », est un mouvement militant afro-américain qui se mobilise contre la violence ainsi que le racisme systémique envers les Noirs. Les membres de BLM font régulièrement des manifestations et se mobilisent contre les meurtres de personnes noires par des policiers. Ils accordent une importance particulière au profilage racial, à la brutalité policière ainsi qu’à l’inégalité raciale dans le système de justice criminel des États-Unis.

 

Le mouvement est né en 2012 sur Twitter avec le hashtag #BlackLivesMatter, à la suite de l’acquittement de George Zimmerman, un Latino-américain coordonnant la surveillance du voisinage, qui avait tué l’adolescent noir Trayvon Martin en Floride.

Post-scriptum: 
Des partisans du gouvernement crient contre des manifestants de l’opposition, à Caracas, Venezuela, le 19 avril 2017 (Photo : Meridith Kohut / The New York Times)

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