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LE VOTE « METRO » EN MARTINIQUE

LE VOTE « METRO » EN MARTINIQUE

{{LE VOTE « METRO » EN MARTINIQUE}}

Il existe une sorte de tabou à la Martinique concernant ce qu’on peut appeler le « vote métro » alors que dans l’Hexagone, journalistes, sondeurs et politologues n’hésitent pas à étudier celui des banlieues, des musulmans ou de la communauté juive. Ce tabou s’appuie sur une peur, celle d’être traité de raciste, chose pour le moins curieuse de la part d’un peuple qui a été victime de cette abomination pendant 3 siècles. De même, il semble interdit de comptabiliser la présence métro dans notre pays alors que dans l’Hexagone, les statisticiens nous disent sans aucun complexe qu’il y a, par exemple, 3 millions de Maghrébins ou 1 million de « Domiens ». Notons que le magazine « Le Naïf » évalue régulièrement la présence métro en Martinique à 80.000 personnes, ce qui peut sembler exagéré, celle-ci devant plus probablement tourner autour de 60.000 (chiffre tout de même considérable pour un pays de 390.000 habitants).

Le vote des présidentielles 2007 révèle en tout cas et sans discussion possible l’existence d’une communauté métro et son enracinement durable dans notre pays. Cela peut se voir à trois phénomènes :

- le fait que le score de François Bayrou ait été multiplié par dix comparativement à celui de 2002.

- Le fait que le score d'Olivier Besancenot ait, lui, aussi été multiplié par dix.

- Le fait que le score de Jean-Marie Le Pen ait doublé en Martinique (plus de 3.000 voix) et quadruplé en Guadeloupe (plus de 5.000 voix).

En effet, les 13.715 voix obtenues par F. Bayrou ne peuvent pas venir de l’influence d’un parti inexistant à la Martinique, un parti qui ne dispose pas d’assise territoriale, même pas d’un maire puisque celui de Case-Pilote n’est qu’apparenté UDF comme l’a rappelé lui-même Jean-Marcel Maran sur le plateau de RFO. Quant on sait l’influence des maires, conseillers généraux et régionaux sur les orientations de vote de notre population, on est obligé de se demander la raison de cette divine surprise bayrouiste. La réponse n’est pas difficile à trouver : Bayrou a bénéficié des voix d’une grande partie de la communauté métro de la Martinique.

S’agissant d’Olivier Besancenot, il y a de quoi sourire quand on voit les dirigeants du groupusculaire GRS se féliciter que plus de 4.000 jeunes aient voté pour le candidat de la LCR. Là encore, il serait risible de rapporter ce triplement du vote besancenotien à un quelconque impact des derniers dinosaures trotskystes locaux sur notre jeunesse. Sinon, cela se saurait : leur journal serait distribué et lu, leurs prises de position commentées autour des lycées ou sur le campus de Schoelcher. En réalité, le vote LCR autochtone a tourné, comme d’habitude, autour de 1.500 voix auxquelles ce sont ajoutées 2.500 autres qui ne peuvent provenir que de la jeunesse métro locale, celle précisément dont les parents ont voté…Bayrou.

Jusqu’à ces dernières années, les Métros, qui ne constituaient pas encore une communauté significative, se divisaient, électoralement parlant, en deux groupes, cela de façon presque mécanique : ceux, la majorité, qui étaient (viscéralement) attachés au maintien du statut-quo départementalo-régional et ceux, minoritaires, qui étaient favorables à une forme d’autonomie au sein de la république française. Or, aujourd’hui, on retrouve parmi eux presque tout le spectre des opinions existant en France, ce qui explique la flambée bayrouiste et le frémissement besancenotien de dimanche dernier en Martinique.

On ne saurait que conseiller à nos cher politologues locaux de sortir un peu de leur frilosité et de se pencher sur ce phénomène nouveau. A savoir que désormais, il existe une vraie communauté métro à la Martinique et qu’elle est traversée, comme toute communauté, par des courants d’idées divers et contradictoires. Quant à la question de la définition de ladite communauté, il ne faudrait pas qu’ils se défilent en prétextant que cela est impossible. D’abord, cette définition n’a absolument rien de racial : un Béké est blanc et pourtant, il n’est pas un Métro. Deuxièmement, il existe des milliers d’originaires de France, d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie et bien sûr de la Caraïbe qui se sont installés dans notre pays de longue date, qui y ont souvent contracté des unions matrimoniales, qui y ont investi, créé des entreprises et y ont construit leur maison (quand ils n’ont pas acheté une concession au cimetière). Ces gens sont indiscutablement devenus des Martiniquais. Par contre, il existe un nombre beaucoup plus important de gens originaires de l’étranger qui ne sont que de passage en Martinique, qui n’y ont aucun intérêt particulier (mis à par quelque appartement ou bateau acheté en défiscalisation) et qui, trop souvent, notamment dans certaines communes comme le Diamant ou Sainte-Luce font preuve d’une arrogance, frisant le mépris, envers le peuple martiniquais. Pourtant, eux aussi votent, et influenceront un jour notre destin comme c’est le cas en Nouvelle-Calédonie.

Outre donc, les politologues, il est urgent que nos sociologues se penchent sur cette question car il faudra bien qu’on nous dise un jour de quel poids a pesé le vote « métro », que nous préférons appeler le « vote non autochtone », dans l’échec subi par le « Oui » lors de la fameuse consultation du 7 décembre 2.000. Echec à seulement un petit millier de voix, faut-il le rappeler…

{{La rédaction de MONTRAY KREYOL}}

Commentaires

congres | 27/04/2007 - 03:15 :
Pour analyser valablement le phénomène, il faut des données. Pour les recueillir il faut une volonté, de l'argent et l'expertise. A l'UAG n'y a t il pas déjà l'expertise avec le Centre d'études et de recherche sur les pouvoirs locaux (appellation approximative). Reste à définir le projet, son utilité et en trouver le financement. Mais là ..... Le texte de montray ne dit pas un mot sur {{l'utilité}} d'une telle recherche et à quoi pourrait-on donc utiliser concrètement de telles données.
Firmin G. | 27/04/2007 - 13:03 :
Ce n'est pas à nous à définir un tel projet, mais à ceux qui sont payés pour cela à savoir les politologues d'une part et les sociologues de l'autre. Quant à l'utilité d'un tel projet, pas besoin d'avoir un doctorat pour comprendre que depuis deux décennies, une forte population métro s'est installée dans nos pays, qu'elle va en grandissant et qu'à terme, elle ne peut pas ne pas avoir une influence sur la chose politique en Martinique. De même qu'en France, on étudie le vote beur, le vote juif ou le vote des "DOMIENS", pourquoi n'étudierait-on pas le vote métro en Martinique ? Y a-t-il un tabou concernant ctte question et si oui, pourquoi ? La rédaction de Montray Kréyol

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