Les remous accentués au sein de l'Université des Antilles reflètent de nombreuses contradictions existant dans notre pays. Beaucoup pourrait être dit à ce sujet. Je me contenterai, ici, d'aborder certains aspects ayant trait à la légitimité, la légalité.
Très officiellement le Dictionnaire juridique stipule que " la légitimité est la conformité à un principe supérieur qui dans une société et à un moment donné est considéré comme juste. La notion de légitimité ne recouvre pas celle de légalité qui est plus restreinte et qui caractérise ce qui est conforme à la loi".
L 'Encyclopédie Universelle énonce " ........plus profond que la régularité formelle qu'exprime la légalité d'un acte, il est nécessaire que sa valeur soit fondée sur un principe qui la justifie. Ce principe est la légitimité"
Dans le Document du Juriste nous lisons " Plus simplement la légitimité c'est le caractère de ce qui est juste et moral. Cette définition est à distinguer de la définition de la légalité car à l'inverse la légalité c'est la conformité de la loi en soi, ce qui est permis par la loi".
En Philo pratique : légal et légitime " légitime ce qui s'efforce d'être conforme à l'idéal de justice, à l'équité, au droit naturel, à l'esprit de la loi plutôt qu'à la lettre de la loi". Et puis, et puis...... Il faudrait sûrement y revenir.
Le respect des formes légales me semblent nécessaires pour globalement favoriser un fonctionnement normal de l'Université. Mais ces utiles formes légales doivent-elles s'imposer sans nuances? Au nom de la légalité appliquée aveuglément doit-on prendre des décisions de justice faisant fi de réalités principalement humaines très complexes. Des magistrats de passage , très probablement, peu au fait de la réalité antillaise' martiniquaise profonde sont'ils aptes à pouvoir respecter , au nom d'une légalité tranchante; différentes formes de légitimité, notamment sur le plan éthique. Ces hommes de loi pourront ‘ils vraiment tenir compte des aspirations légitimes d'une collectivité souhaitant fortement disposer d'une Université non plombée par une réputation douteuse, en raison de pratiques immorales dont l'une des principales est le détournement de fonds publics. Vouloir, au nom d'une décision mécanique, suspecte contraindre la communauté universitaire, le peuple martiniquais à réintégrer les auteurs de préjudices financiers, moraux aussi graves et lourds me semble relever d'un très haut coefficient d'irresponsabilité.
L'authentique démocrate Stephane HESSEL a écrit "Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c'est légal, il nous appartient de protester , de nous indigner et de désobéir" Cette suggestion qui semble revêtir un caractère universel est appliquée par un nombre malheureusement encore trop limité d'étudiants, de professeurs, de parents d'élèves avec leurs représentants, ansanm ansanm griffes en terre, pour préserver le système universitaire en Martinique et lui garantir un avenir durable , rayonnant.
Légalité oui, mais pas en zigouillant la légitimité même de base
Gabriel LUCE (ancien animateur de mouvements d'enseignés, actuel responsable d’une association de défense des justiciables)