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L'ENCENS, LA MYRRHE, ET LE TRÉSOR D'ÉDOUARD GLISSANT

Pierre CARPENTIER
L'ENCENS, LA MYRRHE, ET LE TRÉSOR D'ÉDOUARD GLISSANT

Dans un mouvement de balancier, comme d’un ciel dévissé, lancé depuis la crypte en cathédrale de Justice, l’encensoir républicain fonce sur les rangs qui séparent les mages missionnaires avancés, des fidèles résignés. Et le rideau de boucane (de fumée) qui s’en échappe tente encore de dissimuler l’entrée cérémoniale du dernier trésor que l’on a rapporté des Caraïbes au pied du trône ensablé de Marianne avant qu’il ne se dissipe en emportant le foudroiement des anges noirs et les effets hypnotiques de sa magnificence.

Pendant le sacre du butin, les sujets transverses de l’Ensemble français, sur toutes mers et tous continents, et leurs frères métropolitains qui n’ont pas ce typique réflexe colonialiste bien intégré à y défendre coûte que coûte la présence et les grands intérêts de l’État, ne sont pas dupes de ces dépossessions officielles et normatives qui en fondent l’historique prospérité.

Et nous verrons bien, au delà du parfum métallique du pouvoir reconnaissant en cette procession solennelle, ce qui subsistera de l’encensement canonique du Caillasseur de Soleil dans les manuels d’enseignement destinés au développement du sens critique de nos jeunes générations.

 La myrrhe de l’Islam et l’encens du cosmos préhispanique si cher à la Chrétienté sont toutes deux saignées du grand arbre céleste par la lumière sylvestre où pousse l’émeraude des grands-bois ; qu’il nous garde, sous ses palmes de pluie, des mages de haute annonciation, porteurs de l’avènement et de l’offrande, que l’on a égaré en eux-mêmes pour servir l’inavouable et savant ouvrage d’étoiles obscures.

 Quant au trésor caraïbe des manuscrits qu’il tailla sur la table de son enrochement au monde, il fût livré sous bonne escorte à Paris pour mieux le « protéger » de la démunition structurelle et technologique de la Martinique ; la capitale métropolitaine n’ayant jamais souhaité, ou été contrainte par quiconque d’y transférer les moyens de conservation les plus perfectionnés demeurant exclusivement destinés aux fonds de sa chambre forte (la Bibliothèque nationale de France, la BnF) à qui le ministère de la Culture et de la Communication a confié sa mise en valeur ; le voici désormais aux mains de la généreuse colonialité du pouvoir pour un temps déjà immémoriellement échu dans l’hygrométrie climatisée du parfait sanctuaire qu’elle serait incapable de reproduire in-situ

 L’encens et la myrrhe que l’on porta, et je pèse mes mots, à la mémoire du plus grand écrivain sculpteur de langage de tous les temps, nous ont éclairé sur la pratique de captation historiquement renouvelée en ce jour de grand messe républicaine ; comme s’il en eut manqué une au vaste tableau des dépossessions qu’avait subversivement dressé, sa vie durant, mon frère martiniquais, sachant qu’on y ajouterait son trésor de phœnix.

 Amen !

 PS : La République qui s’enrichit sans s’émanciper de ses marges coloniales corrompt ses valeurs principielles.

 Soley’ !

Voir le billet de blog : "Quand la BnF thésaurise la matière grise coloniale", lien ici : https://blogs.mediapart.fr/pierre-carpentier/blog/090315/edouard-glissan...

Et sur la page Facebook : "Poétique de la Décolonisation" lien ici : https://www.facebook.com/Poétique-de-la-Décolonisation-561577900623275/timeline/?ref=profile

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