Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

LES ARBRES EN BOIS

Par Jacques COURSIL
LES ARBRES EN BOIS

Le recyclage est une question dont les solutions (partielles et locales) sont, selon les chiffres, d'une alarmante disproportion au regard de l'ampleur du problème à l'échelle planétaire. Le caractère toujours incomplet de la destruction marchande par la consommation laisse un reliquat qui augmente en quantité et dangerosité, et que la planète, en tant qu'acteur naturel global, du sous-sol à l'atmosphère, ne peut plus absorber. Nous devons désormais recycler dans la société humaine ce que la planète dans son système propre ne peut plus recycler elle-même. La société mondialisée d'aujourd'hui doit être "autophage" pour se survivre et ne pas détruire le monde de tout le monde.

La question du recyclage des déchets concerne tous les êtres vivants, mais n'engage que la responsabilité de la société humaine. Dans l'analyse de ce cycle vertueux (production, consommation, recyclage), il ne faut pas négliger le fait que les acteurs du cycle sont des sujets de langage et qu'ils se parlent. Cette activité complexe constitue un facteur crucial dans la question posée.

L'ensemble des sujets parlants sur la planète, c'est-à-dire des humains vivants, forme ce qu'on appelle la "masse parlante". Ce n'est que dans l'activité de cette masse parlante mondiale, aux prises avec son environnement et avec elle-même, qu'on trouve des pratiques, des systèmes de valeurs, des lois, de l'intelligence, de la destruction et de la création ; la masse parlante contient, par définition, toutes les sociétés, les cultures, les savoirs, les connaissances et les désirs humains. En d'autres termes, c'est dans l'activité de langage que s'organise le milieu humain, c'est-à-dire les formes sociales de structuration de l'environnement, les rapports sociaux correspondants, et leurs crises. Les humains n'agissent pas dans leur milieu comme des automates silencieux par chaînes de comportements réglés ; à propos de chacun de leurs actes sociaux, ils se parlent par tous les moyens de communication dont ils disposent et c'est dans leurs dialogues qu'ils agissent ; les "travaux et les jours" [Hésiode] qui rythment les pratiques ne sont pas des histoires sans parole.

Contrairement aux réseaux physiques qui sont des instruments, les réseaux humains, dont le dialogue est l'archétype, sont "immatériaux" ; ce sont des formes sociales. C'est dans ces réseaux de sujets que se réalisent tous les dialogues de la masse parlante. Aujourd'hui, par les réseaux physiques, les réseaux humains ont pris une dimension sans précédent.

C'est nécessairement dans les bornes de l'activité de la masse parlante des sujets que se produisent et se détruisent les biens de consommation ; c'est donc dans cette même masse, espace symbolique de la société humaine, que doivent être désormais recyclés les déchets car la masse parlante mondiale ne se connaît plus aujourd'hui d'extérieur. Ainsi, par définition du concept de recyclage, les déchets de la masse parlante ne peuvent pas sortir de l'activité et des enjeux de la masse parlante elle-même ; autrement dit, l'activité des humains, lieu des systèmes de valeurs, des pratiques et des utilités, doit en elle-même recycler ses déchets.

La question du recyclage des déchets n'est pas nouvelles et des techniques existent dans toutes les cultures, mais son ampleur et sa nouvelle dangerosité à l'échelle planétaire sont sans précédent. Nos outils d'analyse, nos concepts sont mis en question par la complexité intrinsèque du problème due à un effet de massification de systèmes.

L'urgence peut aussi conseiller la méditation tout autant que l'action. Sur certaines questions, nous avons déjà un coup de retard et certaines erreurs sont désormais connues comme irréparables. Cette urgence pour la survie du monde vivant est lisible dans les chiffres dont on dispose, mais au fur et à mesure que nous entrons dans l'intelligence du problème, nos modèles de réalité se transforment ; les a priori, les concepts, de même que les acteurs, doivent aussi être (dans l'autre sens) recyclés.
{{(...)}}

{{Jacques COURSIL}}
_ GEREC- GIL – UAG
_ Martinique

{{(...)}} - la totalité au format PDF.

Document: 

LES_ARBRES_EN_BOIS.pdf

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.