Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

LETTRE OUVERTE À BIRAGO DIOP

Par Nicole-Cage Florentiny
LETTRE OUVERTE À BIRAGO DIOP

{ {{La revue de l'UNESCO, 'Image d'Afrique', a consacré récemment un numéro spécial en hommage à Aimé Césaire. Nicole-Cage Florentiny y a publié le beau poème ci-contre...}} }


Birago ô mon frère

Mon frère de par-delà le temps

J'implore ta parole au secours de mon âme

Aujourd'hui j'ai besoin de m'arc-bouter à cette parole-là

Besoin de me dire encore et encore

Avec toi

Que les morts ne sont pas morts

Il est parti le Père le Maître le Griot l'Ancêtre

Il est parti au point du jour

Et ce jour-là le soleil a oublié de se lever

Il est parti

Dans la virgule qui sépare la nuit du jour

Et la nuit depuis ne nous quitte pas

Il est parti

Sans savoir que quelque part

Sur la même terre que lui

Une enfant se mourait d'amour

Sans oser se l'avouer

Ô Birago il est parti

Et mon amour désormais inutile

Tourne en lui-même

En quête de son centre

Que ne lui ai-je pas dit

Quand il en était temps

Depuis l'adolescence

Ses mots ont accompagné chacun de mes jours

Et répandu en mon corps

La fulgurance de la lumière

La chatoyance de l'espérance

Que ne lui ai-je pas dit

La violence du Rebelle

A semé en mon âme

Les graines de la révolte

Le feu du questionnement

L'exigence de la verticalité

Que ne lui ai-je pas dit

Quand il en était temps

A quel point, par la seule vertu de son chant

Les mots, dans l'alcôve de mon cœur

Fourbissaient leurs Armes miraculeuses

Pour jaillir de moi en pépites tremblantes

Offertes à mes gens

A quel point, en vertu de sa foi

J'ai rêvé un peuple rendu à lui-même

Hors des jours étrangers

Ô Birago ma parole est vaine

Comme vaines mes larmes

Mon amour inutile tourne en lui-même

En quête de son Nord

Boussole brisée

Lumières du Phare éteintes

Nos barques en perdition

Sillonnent l'Atlantique de l'errance

Combien de soleils encore

Combien de lunes encore

Et combien d'aubes fraîches

De petits matins

Et combien de Tempêtes

Avant qu'enfin

Par-delà le vent et le chagrin

Et la lente ascension en chemin de croix

Avant qu'enfin

Ne parvienne à nos cœurs

Le souffle de l'Ancêtre arrivé à bon port ?

Peut-être, peut-être dois-je seulement me taire

Taire la litanie des larmes et des pourquoi

Pour percevoir enfin

Dans l'ourlet du jour

La voix inaltérable de l'Ancêtre

Juste me taire

Ecouter plus souvent les choses que les êtres

La voix du feu

Celle de l'eau

Pour accoster enfin aux rivages de la sérénité

Ô Birago, ne lâche pas ma main

Jusqu'à ce qu'elle retrouve

La chaleur de la main de l'Ancêtre !



Paris, le18 avril 2008

 


Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.