A l'heure où s'achève à Port-au-Prince, en dépit d'une situation sociale et politique tendue, le 2è Festival International de Littérature Créole, en Guadeloupe, on expulse des Haïtiens.
Ce "on", c'est l'Etat français bien évidemment à travers sa Préfecture. Et donc sa justice, sa police et la complicité d'Air Caraïbes qu'aucune loi n'oblige à accomplir ce sale boulot. Gardons-nous de considérer cette affaire comme une affaire guadeloupéenne ! En Martinique et en Guyane, on expulse des Haïtiens également, mais aussi nos frères créoles de Sainte-Lucie et de la Dominique. Il s'agit là d'attaques répétées contre notre Nation Créole, entité virtuelle, qui va d'Haïti au nord jusqu'à la Guyane au sud en passant par toutes les îles créolophones ou partiellement créolophones de l'archipel. Nation virtuelle qui englobe nos diasporas en Amérique du Nord et en Europe également. Nation qui n'est plus une chimère ni même un simple rêve dans un monde où désormais tout est digitalisé et virtuel.
Au-delà des états (indépendants) ou des territoires encore colonisés ("départements d'Outre-mer français") qui la composent, cette Nation Créole existe et existera chaque jour davantage car rien ne pourra arrêter le vaste mouvement de migrations qui affecte la Caraïbe et l'Amérique du Sud en général. Rien ! Donald TRUMP a eu beau construire un mur le long de la frontière de son pays avec le Mexique, cela n'a servi à rien. L'Europe, quant à elle, a beau essayer de verrouiller ses frontières, elle ne parviendra pas à endiguer le flot de migrants venus d'Afrique et du monde arabe.
C'est que la migration ou le nomadisme (peu importe le nom qu'on lui donne) est devenu, en ce siècle nouveau, l'une des principales facettes de l'existence humaine.
Un Haïtien est CHEZ LUI en Martinique, en Guadeloupe, en Dominique ou en Guyane. Un Saint-Lucien est chez lui en Martinique. Un Dominiquais est chez lui en Guadeloupe. Un Guadeloupéen est chez lui en Martinique et ainsi de suite.
Accepter donc l'expulsion de l'un ou de l'autre, c'est accepter de bafouer notre Nation Créole !
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