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L’illusion graphologique

L’illusion graphologique

Les tests graphologiques sont encore très souvent utilisés lors des embauches en France. Pourtant, de nombreuses études scientifiques confirment que la graphologie est une imposture reposant sur une illusion psychologique.

L’un de mes amis, Nicolas S., est plombier. Venant de s’installer dans la région grenobloise, il a postulé pour un emploi auprès d’une entreprise locale, qui a exigé une lettre manuscrite sur laquelle, lui a-t-on dit, une analyse graphologique serait réalisée. Passé le temps de la surprise, il m’a posé la question de la validité de cette technique. La synthèse des recherches scientifiques consacrées à cette curiosité française qu’est la graphologie ne laisse plus aucune place au doute quant à son... inefficacité.

La graphologie est une technique qui prétend déduire les caractéristiques psychologiques d’un individu par l’analyse de son écriture manuscrite. À l’aide d’indices graphiques interprétés isolément ou regroupés en configurations, le graphologue est supposé parvenir à formuler une description psychologique du scripteur. Aujourd’hui, la France partage avec la Belgique le privilège d’être le pays ayant probablement le plus souvent recours à la graphologie au monde, notamment dans le domaine de la sélection du personnel et de la gestion des ressources humaines.

Selon une enquête française qui avait été réalisée en 1991 par Marilou Bruchon-Schweitzer, de l’Université de Bordeaux, la graphologie était alors utilisée pour le recrutement par 93 pour cent des organismes (55 pour cent l’emploieraient systématiquement et 38 occasionnellement). Dans la plupart des autres pays européens, son utilisation est peu fréquente : moins de dix pour cent des entreprises (souvent moins de cinq) y ont recours (voir la figure 2). Les graphologues (plus précisément des « psychographologues ») offrent également leurs services dans le domaine de l’orientation et d’analyses aux particuliers facturées de 20 à plusieurs centaines d’euros.

L’idée que l’écriture trahit la personnalité est probablement apparue avec l’écriture elle-même, il y a 5 500 ans en Mésopotamie. Par exemple, d’anciennes traces de pratiques graphologiques sont observées en Chine, où Confucius recommandait lui-même de ne pas faire confiance à un homme « dont l’écriture oscille comme un roseau sous le vent ». Les premiers traités de graphologie dont on dispose datent du xve siècle. Il est intéressant de noter que l’un des principaux partisans de la graphologie, Gaspard Lavater (1741-1801), est également le père d’une autre pseudoscience ayant elle aussi été très développée en France, la morphopsychologie.

Très préoccupé par la recherche d’indices extérieurs témoignant de l’activité de l’âme, ce théologien genevois a rédigé un volumineux Art de connaître les hommes par la physionomie (1775-1778). L’idée d’une correspondance entre certains signes objectifs et l’établissement d’indices concernant la personnalité est magistralement illustrée dans cet ouvrage qui proposait un système de signes morphologiques visant à connaître le caractère d'un individu d’après sa morphologie faciale. Selon sa théorie, chaque élément d'un visage (les yeux, le nez, la bouche, les oreilles) aurait sa signification psychologique dont on pourrait déduire le tempérament individuel.

La graphologie, fondée officiellement en 1869 par un ecclésiastique, Jean-Hippolyte Michon (1806-1881), repose sur les mêmes principes. Michon a également fondé une revue qui publie aujourd’hui encore des articles, notamment des analyses scripturales de personnages célèbres. Ses travaux ont été poursuivis ensuite par l’un de ses disciples, Jean Crépieux-Jamin, dont l’ouvrage principal, intitulé ABC de Graphologie, a été réédité à d’innombrables reprises et reste encore une référence employée notamment par la Société française de graphologie.

Erreur de raisonnement

L’écriture étant caractérisée à la fois par...

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