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L'ORIGINE DES GUERRES - FIDEL CASTRO

Source: Par Comité Valmy - lundi 12 juillet 2010
L'ORIGINE DES GUERRES - FIDEL CASTRO

J’ai affirmé le 4 juillet que les États-Unis ne céderaient pas, et l’Iran non plus: «…l’une, par arrogance de puissants ; l’autre, par la résistance au joug et par la capacité de combattre, comme cela est arrivé si souvent dans l’histoire de l’homme.»

Dans presque toutes les guerres, une des parties souhaite l’éviter, et parfois les deux. En l’occurrence, celle-ci éclatera, même si l’une de parties ne le désire pas, comme cela arriva lors des guerres mondiales de 14-18 et de 39-45, séparées par vingt-cinq ans à peine.

La boucherie fut effroyable. Ces guerres n’auraient pas éclaté sans des erreurs de calculs préalables des deux parties qui défendaient des intérêts impérialistes et croyaient pouvoir atteindre leurs objectifs sans de si terribles coûts.

Dans le cas présent, l’une des parties défend des intérêts nationaux absolument justes ; l’autre poursuit des visées illégitimes et des intérêts bassement matériels.

Quand on analyse toutes les guerres qui se sont déroulées dans les annales de l’Histoire, on constate que l’une des parties a toujours visé ces objectifs-ci.

L’illusion qu’il soit possible de les atteindre en l’occurrence sans la plus terrible de toutes les guerres est absolument vaine.

Dans l’un des meilleurs articles publiés sur le site web Global Research, le 11 avril 2010, Rick Rozoff apporte de nombreux critères incontestables sur les visées des USA. Toute personne qui se veut bien informée doit les connaître.

Selon cet auteur, les USA pensent qu’«une guerre peut être gagnée sans même avoir été lancée. Il est possible de remporter la victoire si l’adversaire sait qu’il est vulnérable à une attaque instantanée et non détectable, écrasante et dévastatrice, sans qu’il puisse se défendre ou exercer des représailles».

C’est «un pays qui aspire à rester le seul État dans l’histoire à exercer une domination militaire complète sur terre, dans les airs, sur les mers et dans l’espace.»

«Qui maintient et étend des bases militaires et des troupes, des groupes de bataille formés de porte-avions et de bombardiers stratégiques sur presque toutes les latitudes et longitudes. Qui possède pour ce faire un budget de guerre record depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : 708 milliards de dollars pour le prochain exercice fiscal.»

«…le premier pays à avoir mis au point et utilisé des armes atomiques.»

«…les USA conservent 1 550 ogives nucléaires déjà déployées et 2 200 (ou 3 500 selon certains calculs) de plus entreposées, et une triade de vecteurs de lancement terrestres, aériens et sous-marins».

«Leur arsenal non nucléaire utilisé pour neutraliser et détruire les défenses aériennes et stratégiques, potentiellement toutes les forces militaires importantes d’autres nations, sera constitué de missiles balistiques intercontinentaux, de missiles balistiques adaptés pour être lancés à partir de sous-marins, de missiles de croisière et de bombardiers hypersoniques, et de bombardiers stratégiques «super-furtifs» non détectables par les radars et donc capables de déjouer les défenses terrestres et aériennes.»

Rozoff énumère les nombreuses conférences de presse, réunions et déclarations de ces derniers mois en provenance des chefs de l’état-major interarmes et de hauts fonctionnaires de l’administration étasunienne.

Il explique les engagements des USA avec l’OTAN et leur coopération renforcée avec leurs alliés du Proche-Orient, autrement dit, en premier lieu, Israël. Il écrit:

«Les USA intensifient aussi leurs programmes de guerre spatiale et cybernétique afin d’être en mesure de paralyser les systèmes de surveillance et de commandement militaires, de contrôle, de communications, d’informatique et de renseignement d’autres nations, les laissant absolument sans défense sauf au niveau tactique le plus élémentaire.»

Il rappelle que la Russie et les USA ont signé à Prague, le 8 avril dernier, le nouveau Traité START qui « ne contient aucune contrainte sur la capacité actuelle ou planifiée des USA en matière d’attaque classique globale rapide.»

Il rapporte de nombreuses nouvelles à ce sujet et donne un exemple éloquent sur les visées des USA:

«Le département de la Défense explore actuellement toute la gamme de technologies et de systèmes concernant la capacité d’attaque classique globale rapide qui pourrait offrir au président des choix plus crédibles et techniquement viables pour faire face à de nouvelles menaces en évolution.»

Je suis d’avis qu’aucun président, voire le chef militaire le plus expert, n’aurait pas un instant pour savoir quoi faire si les ordinateurs ne l’avaient déjà programmé.

Rozoff, imperturbable, rappelle l’analyse faite par Elaine Grossman sur Global Security Network dans un article intitulé « Les essais concernant le missile d’attaque globale pourraient coûter 500 millions de dollars»:

«L’administration Obama a demandé 239,9 millions de dollars à des fins de recherche-développement par les services militaires d’une attaque globale instantanée pour l’exercice fiscal 2011…. Si le financement se maintient au niveau prévu dans les années à venir, le Pentagone aura dépensé quelque 2 milliards de dollars pour cette capacité d’attaque globale rapide d’ici la fin de l’exercice fiscal 2015, selon les documents budgétaires soumis au Capitole ce dernier mois.»

«Un scénario tout aussi horrifiant au sujet des effets d’une attaque classique globale rapide, cette fois en version maritime, est apparu voilà trois ans dans la revue Popular Mechanics :

«Un sous-marin atomique classe Ohio émerge dans le Pacifique, attendant l’ordre de tir du président. Quand celui-ci arrive, le sous-marin tire un missile balistique Trident-II de 65 tonnes qui atteint en deux minutes plus de 22 000 km/heure. Il s’élève au-dessus des océans et dans l’espace extra-atmosphérique pendant des milliers de kilomètres.

«Au sommet de sa parabole, suspendus dans l’espace, les quatre ogives du Trident se séparent et commencent à redescendre vers la planète.

«Les ogives, qui voyagent à près de 21 000 km/h, sont remplies de tringles de tungstène, un métal deux fois plus résistant que l’acier.

«Les ogives détonnent juste au-dessus de l’objectif, répandant sur la zone des milliers de tringles, dont chacune est douze fois plus destructrice qu’une balle calibre 50. Tout ce qui se trouve dans un rayon de 280 m2 autour de cette tempête métallique tourbillonnante est anéanti.»

Rozoff explique ensuite la colonne écrite le 7 avril, sous le titre : « La surprise nucléaire d’Obama », par l’ancien chef de l’état-major interarmes russe, le général Leonid Ivashov, qui, après avoir fait référence au discours prononcé par le président étasunien à Prague, un an avant – « l’existence de milliers d’armes nucléaires est l’héritage le plus dangereux de la Guerre froide » – et à sa signature de START II dans cette même ville, le 8 avril dernier, affirme :

«L’histoire des USA durant le siècle dernier n’offre aucun exemple que les élites étasuniennes aient fait le moindre sacrifice pour l’humanité ou pour les peuples d’autres pays. Serait-il dès lors réaliste d’attendre que l’arrivée à la Maison-Blanche d’un président afro-étasunien change la philosophie politique de ce pays traditionnellement axée sur la domination mondiale ? Ceux qui croient à quelque chose de pareil devraient alors se demander pourquoi les USA – le pays dont le budget militaire dépasse déjà celui de tous les autres pays du monde réunis – continuent de dépenser des sommes d’argent énormes pour se préparer à la guerre.»

Le général russe affirme:

«Le concept d’Attaque globale rapide implique une frappe concentrée par des milliers d’armes classiques de précision durant deux à quatre heures qui détruirait complètement les infrastructures vitales du pays cible et le forcerait donc à capituler.»

«Le concept d’Attaque globale rapide vise à maintenir le monopole des USA dans le domaine militaire et à creuser l’écart entre eux et le reste du monde. De pair avec le déploiement de missiles de défense censés blinder les USA face à des frappes de représailles russes et chinoises, l’initiative d’Attaque globale rapide est en train de faire de Washington le dictateur mondial de l’ère moderne.»

«Par essence, la nouvelle doctrine nucléaire est un élément de la nouvelle stratégie de sécurité étasunienne qu’on pourrait mieux décrire comme stratégie de l’impunité totale. Les USA dopent leur budget militaire, lâchent les rênes de l’OTAN comme gendarme mondial et planifient des manœuvres réelles en Iran pour tester dans la pratique cette initiative d’Attaque globale rapide. Entretemps, Washington parle d’un monde absolument exempt d’armes nucléaires.»

Au fond, Obama prétend leurrer le monde en parlant d’une humanité exempte d’armes nucléaires, lesquelles seraient remplacées par d’autres extrêmement destructrices, mais mieux adaptées à la volonté de terroriser les dirigeants des États et de garantir cette nouvelle stratégie d’impunité totale.

Les Yankee croient que la reddition de l’Iran est proche. Dans ce sens, on s’attend à ce que l’Union européenne fasse connaître son propre train de sanctions le 26 juillet.

Les 5+1 se sont réunis la dernière fois le 2 juillet, après que le président iranien Mahmud Ahmadineyad a affirmé que «son pays reprendrait les négociations fin août avec la participation du Brésil et de la Turquie».

Un haut fonctionnaire de l’UE «a averti que ni le Brésil ni la Turquie ne sera invité à ces conversations, du moins pas à ce niveau».

«Le ministre des Affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, s’est déclaré partisan de défier les sanctions internationales et de continuer d’enrichir l’uranium.»

Depuis le mardi 5 juillet où l’Union européenne a réitéré qu’elle prendrait de nouvelles mesures, l’Iran a répondu qu’il ne négociera pas avant septembre.

Les possibilités de vaincre cet obstacle insurmontable diminuent de jour en jour.

Ce qui va se passer est si évident qu’on peut le prévoir d’une façon quasi exacte.

Je dois de mon côté faire mon autocritique : j’ai commis l’erreur d’affirmer dans mes Réflexion du 27 juin que le conflit éclaterait le jeudi, le vendredi ou, au plus tard, le samedi. On savait alors que des bâtiments de guerre israéliens naviguaient vers l’Iran aux côtes des forces navales yankees, et que l’ordre d’arraisonner les cargos iraniens avait déjà été donné.

Je n’ai pas fait attention, toutefois, à une étape préalable : que l’Iran refuse concrètement l’inspection de ses cargos. Analysant le langage tortueux de la résolution du Conseil de sécurité imposant des sanctions à ce pays, je n’ai pas fait attention à ce détail sans lequel le mandat de perquisition ne pouvait être pleinement valable. C’était tout ce qu’il manquait.

Le délai de soixante jours fixé par le Conseil de sécurité le 9 juin pour recevoir des informations sur la mise en œuvre de sa résolution prendra fin le 8 août.

Mais il s’est passé en fait quelque chose de plus lamentable. J’ai travaillé à partir du dernier document élaboré sur ce thème épineux par notre ministère des Relations extérieures, lequel ne contenait pas deux paragraphes cruciaux, les derniers de cette Résolution, que voici :

«36. Demande au Directeur général de l’AIEA de présenter dans les 90 jours au Conseil des gouverneurs de l’AIEA et parallèlement, pour examen, au Conseil de sécurité un rapport concernant la suspension complète et durable par l’Iran de toutes les activités mentionnées dans la résolution 1737 (2006) et l’application par ce pays de toutes les mesures prescrites par le Conseil des gouverneurs et des décisions énoncées dans les résolutions 1737 (2006), 1747 (2007) et 1803 (2008) et dans la présente résolution;

«37. Affirme qu’il examinera les mesures prises par l’Iran au vu du rapport demandé au paragraphe 36 ci-dessus, qui doit être présenté dans un délai de 90 jours, et : a) qu’il suspendra l’application des mesures susmentionnées si l’Iran suspend, et aussi longtemps qu’il suspendra, toutes les activités liées à l’enrichissement et au retraitement, y compris la recherche-développement, sous vérification de l’AIEA, pour ouvrir la voie à des négociations de bonne foi permettant de parvenir rapidement à un résultat mutuellement acceptable ; b) qu’il mettra fin aux mesures visées aux paragraphes 3, 4, 5, 6, 7 et 12 de la résolution 1737 (2006), aux paragraphes 2, 4, 5, 6 et 7 de la résolution 1747 (2007), aux paragraphes 3, 5, 7, 8, 9, 10 et 11 de la résolution 1803 (2008) et aux paragraphes 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23 et 24 ci-dessus dès qu’il aura constaté, après réception du rapport visé au paragraphe précédent, que l’Iran respecte pleinement les obligations que lui imposent ses résolutions pertinentes et se conforme aux exigences du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, et que celui-ci l’aura confirmé ; c) que, au cas où il ressortirait du rapport demandé au paragraphe 36 ci-dessus que l’Iran n’a pas appliqué les dispositions des résolutions 1737 (2006), 1747 (2007) et 1803 (2008) et de la présente résolution, il adoptera, en vertu de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, toutes autres mesures qui pourraient être requises pour persuader l’Iran de se conformer à ces résolutions et aux exigences de l’AIEA, et souligne que de nouvelles décisions devront être prises si de telles mesures additionnelles s’avéraient nécessaires…»

Un compagnon du ministère, sans doute épuisé par le travail de nombreuses heures consistant à faire des copies de tous les documents, s’est endormi. Si j’ai pu découvrir cet oubli, c’est parce que je désirais avoir toute l’information possible et échanger des vues sur ces questions délicates.

À mon avis, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont dit leur dernier mot. Deux puissants États dotés d’autorité et de prestige n’ont pas exercé leur droit de veto pour bloquer cette résolution perfide de l’ONU. C’était pourtant là la seule possibilité de gagner du temps à la recherche d’une formule pour sauver la paix, un objectif qui leur aurait procuré plus d’autorité pour continuer de se battre en sa faveur.

Aujourd’hui, tout pend d’un mince fil.

J’ai cherché avant tout à mettre en garde l’opinion publique internationale sur le cours des événements.

J’y suis arrivé en partie en observant ce qu’il se passait, en ma qualité de dirigeant politique qui a affronté de longues années l’Empire, ses blocus et ses crimes inqualifiables. Mais je ne le fais par esprit de vengeance.

Je n’hésite pas à courir le risque de compromettre ma modeste autorité morale.

Je continuerai d’écrire plusieurs autres Réflexions sur ce point en juillet et en août pour aller plus loin, sauf incident qui déclenche les armes meurtrières braquées les unes sur les autres.

J’ai beaucoup apprécié les derniers matchs de la Coupe du monde de football et les matchs de volley-ball de la Ligue mondiale où notre courageuse équipe s’est qualifiée à la tête de son groupe.

Fidel Castro Ruz

Le 11 juillet 2010

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