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L’UNILATERALISME US EST DE RETOUR

Raphaël CONSTANT
L’UNILATERALISME US EST DE RETOUR

La presse occidentale et particulièrement celle qualifiée de bien-pensante, Le Monde entre autres pour la France, mène une campagne absolument mensongère depuis ce vendredi 7 avril.

Tous ces braves gens nous expliquent en effet que le bombardement de la Syrie par Donald Trump serait le signe d’un changement de politique de celui-ci.

Quel déni de la réalité.

Il est vrai que cet évènement est en contradiction avec tous leurs pronostics et que pour tenter de la surmonter ils n’ont d’autre choix que de recourir à leur imaginaire voire à une réalité virtuelle.

Depuis l’élection de Trump on nous explique que ce dernier met en danger le monde occidental en voulant s’allier avec la Russie, pays qui, d’ailleurs, l’aurait aidé à être élu.

Or, ces mêmes gens sont des fauteurs de guerre. A titre d’exemple, l’un des adeptes de cette ligne, Hollande a déployé des militaires français dans le monde comme jamais cela n’avait été fait. Pour disent-ils, combattre le terrorisme. En fait protéger les intérêts français et accessoirement des castes politiques corrompues.

Tout cela nous est pourtant présenté comme la défense de la démocratie dans le monde.

Quelles sont ces démocraties où les chefs d’états admettent (et se flattent d’) assassiner sciemment par drones des hommes et femmes aux supposés et présumés motifs qu’ils seraient terroristes ?

Eh bien, depuis novembre 2016, tout le monde se faisait peur car Trump renonçait à être le gendarme du monde. Il était même prêt à renoncer à l’arme massive de guerre de l’Occident, l’OTAN. L’Europe se faisait peur à penser qu’elle devrait être indépendante face à l’ours russe et en tremblait d’effroi.

Trump était suspect car la Russie l’avait aidé lors des élections présidentielles.

Comment ne pas suffoquer devant tant d’hypocrisie ?

Voici des états occidentaux qui passent leur temps à intervenir directement et indirectement dans les élections des pays dès qu’ils estiment leur intérêts en danger (souvenons-nous simplement des interventions des dirigeants de l’UE pour appeler le peuple grec à rejeter le référendum convoqué par Syrisa de la gauche radicale) et qui sont effrayés que Wikileaks ait publié le contenu des emails de la direction du parti démocrate qui leur aurait été remis par les services secrets russes.

 

Ainsi, rendre public des faits avérés suffirait à expliquer la défaite d’Hilary Clinton. Cela parait si gros que cela en devient grotesque.

 

En tous les cas, il était acquis que Trump était un méchant.

 

Il était d’ailleurs si méchant qu’il ne voulait pas que les musulmans viennent aux USA. Critique extraordinaire venant de dirigeants de pays qui ont payé des milliards d’euros à la Turquie et à une faction en Lybie pour empêcher les mêmes immigrés, eux aussi musulmans, de pénétrer en Europe !

Mais depuis le 7 avril 2017, tout cela est fini.

Trump est devenu l’un des leurs et pour expliquer cela au bas peuple, il faut dire qu’il a changé.

Or, Trump n’a pas changé.

Il est dans la même logique que depuis le début de son mandat.

Il a décidé de construire un mur entre les USA et le Mexique pour, dit-il, défendre les intérêts nationaux américains. Il a interdit l‘entrée aux Amériques de personnes mettant en danger la sécurité nationale des USA. Il décide tout aussi unilatéralement et illégalement d’aller bombarder la Syrie.

Il est dans sa logique et ceux qui le saluent aujourd’hui sont des hypocrites à vouloir faire croire qu’il a changé.

 

De supposés « experts » ou « analystes » soutiennent que ce bombardement démontre que Trump a renoncé à l’isolationnisme.

Mais depuis quand « l’isolationnisme » (qui est une courant historique aux USA existant depuis le XIXéme siècle) a-t-il signifié que les USA n’interviennent pas dans le monde si leurs intérêts stratégiques (ou de défense ou économique) sont en jeu ?

L’isolationnisme des USA ne s’oppose pas à l’interventionnisme mais au multilatéralisme (ce qui était la position de B. Obama), ce qui n’est pas la même chose.

 

Ainsi, les retrouvailles du monde occidental sur la base d’une agression d’un pays du tiers monde n’ont pas de quoi réjouir.

Aller bombarder un pays souverain est un acte illégal en droit international. La Russie a raison de le dire.

L’argument selon lequel le régime syrien aurait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple n’est pas une cause exonérant une atteinte à sa souveraineté. C’est au contraire la porte ouverte à une escalade de la violence et de la guerre.

 

Ce qu’a fait Trump ce 7 avril, les USA le font depuis des décennies et sans que cela n’ait fait avancé d’un iota la cause de la paix.

 

Quand Bush junior a décidé d’envahir l’Irak au motif que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive, nous étions dans le même schéma à savoir une décision unilatérale de violation du droit international hors le cadre des Nations Unies, et ceci au nom de la défende de la sécurité nationale des USA et du monde occidental.

 

On bombarde aujourd’hui la Syrie au motif que M. Assad aurait fait utiliser des armes chimiques sans que le début de l’ombre d’une preuve ne l’ait établi.

Le prétexte est différent mais la démarche est exactement la même.

 

Il n’est pas discutable qu’Assad est un dictateur et que cela fait longtemps que, comme son père, il s’est éloigné des principes du parti socialiste de la résurrection arabe Bass. Le Roi d’Arabie Saoudite, l’émir du Qatar ou autres potentats locaux de la région sont aussi des dictateurs qui assassinent et commettent des crimes sans que cela ne soulève l’émoi de la France ni des USA, leur allié.

La famille Assad a été l’allié des USA au début des années soixante-dix du siècle dernier.

 

Si l’Occident veut se débarrasser d’Assad, ce n’est pas parce qu’il est un dictateur mais parce qu’il gène le projet d’imposer une paix forcée évacuant totalement la résolution de la question palestinienne et permettant à Israël d’annexer définitivement le Golan et de régler ainsi son problème vital d’accès à l’eau.

 

Il se fait que le régime alaouite (une minorité du chiisme dans un pays où les sunnites sont majoritaires) refuse de transiger avec le sionisme.

Or, depuis que la révolution islamique a gagné en Iran, que la majorité ethnique a pris le dessus en Irak, sans oublier le poids du Hezbollah au Liban, avec la Syrie, le couloir chiite est considéré comme un danger par Israël et l’Occident.

Si la guerre dure depuis six ans en Syrie, cela est dû au fait que ce pays est devenu un maillon stratégique aux yeux de nombreuses puissances.

 

En effet outre l’implication de l’Occident, la Turquie craint que les kurdes de Syrie (après ceux d’Irak) créent un état (même autonome) sur son flanc sud et la Russie veut garder une ouverture sur la méditerranée.

Ainsi, la guerre en Syrie, même à basse intensité, permet de faire en sorte que la question palestinienne, ou celle du Kurdistan, ne soit pas réglée conformément au droit international.

Initialement, l’Occident pensait pouvoir  se débarrasser assez facilement du régime de B. Assad d’où un armement massif des opposants qui ont renoncé à la lutte politique de masse au bénéfice d’une guerre civile.

C’était sans compter sur la violence du régime.

L’aveuglement occidental est tel qu’il lui est arrivé la même chose qu’en Afghanistan à savoir qu’une partie de ceux qui avait été armés ont créé leur propre structure d’où la naissance de Daech.

L’abandon du combat politique, le développement de la guerre civile et la naissance de l’état islamique ont renforcé le régime sanguinaire de B. Assad.

Il est évident que dans ce contexte le bombardement américain en Syrie ne va rien arranger.

Trump a voulu montrer que l’unilatéralisme impérialiste des USA était de retour, sans oublier qu’il a réussi une parfaite opération politique interne.

Il est à craindre qu’en Corée, qu’en Lybie, qu’au Venezuela et ailleurs, on s’en rende compte rapidement.

 

Nous verrons si nos bonnes et hypocrites âmes occidentales s’en formaliseront.

 

Raphaël CONSTANT

Avocat et Militant

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