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MADININA, PARADIS DES FAUX AUTONOMISTES

Jean-Laurent ALCIDE
MADININA, PARADIS DES FAUX AUTONOMISTES

   Nos trois articles consacrés aux "indépendantistes" martiniquais ont pu donner à penser que nous donnions un blanc-seing aux gens de Droite et aux autonomistes. Tel n'est absolument pas le cas ! On ne peut pas traiter de tout et de tout le monde à la fois, sous peine de faire des entorses à la nécessaire clarté des idées dans ce qui, pour nous, est avant toute chose un débat d'idées.

On n'aura noté que dans nos précédents textes, nous n'avons nommé personne en particulier, ni en en bien ni en mal. Nous continuerons sur cette même lancée s'agissant de nos chers autonomistes ou autoproclamés autonomistes. En effet, s'il serait absurde de nier le poids des équations personnelles dans la vie politique d'un pays, le charisme d'untel ou d'unetelle, il n'en demeure pas moins que d'autres éléments, d'autres forces, plus collectives, souvent souterraines, interviennent, sont à l'œuvre et contribuent à modeler ladite vie politique. Cela sans tomber dans l'analyse marxiste primaire. Ainsi, souterrainement, depuis au moins l'Insurrection du sud de 1870, sur la longue durée comme disent les historiens, il existe en Martinique un mouvement de fond en direction d'une gestion des affaires martiniquaises par les Martiniquais eux-mêmes, mouvement parallèle à celui qui va dans le sens exactement inverse à savoir celui de l'assimilation totale à "la Mère-patrie" qui veut que tout soit décidé par cette dernière, mouvement parallèle et contradictoire bien évidemment. Ce second mouvement qui représente ce que l'on appelle de nos jours la Droite sera traitée dans une autre série d'articles. Pour l'heure occupons-nous de nos cabris autonomistes !

   On notera tout d'abord que de même qu'aucun leader ou parti indépendantiste n'a cherché à établir des liens étroits avec les îles indépendantes qui nous entourent et, par exemple, ont superbement ignoré les festivités du 50è anniversaire de l'indépendance de Barbade qui ont ponctué toute l'année 2016, de même nos autonomistes n'ont jamais cherché à savoir comment fonctionne vraiment un état autonome. Pourtant, ce n'est pas ce qui manque de part le monde et même au sein de la Communauté européenne à laquelle nous faisons partie. Nombre de RUP (Régions Ultrapériphériques) comme Madeire et les Canaries sont autonomes et à l'intérieur de certains états européens il y a des régions autonomes. Ainsi en Espagne, il y a la Catalogne, le Pays basque, la Galice etc...Est-ce que nos partis autonomistes ont jamais établi des relations avec, par exemple, la Generalitat de Catalunya ? y ont-ils jamais envoyé de jeunes cadres en stage ? ont-ils jamais demandé à assister à une seule séance du Parlement catalan ? La réponse est hélas : NON. Autrement dit, on se proclame haut et fort autonomiste, mais à aucun moment on ne fait l'effort d'aller voir comment les choses se passent au quotidien dans un état autonome. Aussi peu conséquents, nos autonomistes martiniquais que nos indépendantistes ! 

   L'explication de cette bizarrerie est, en effet, exactement la même que pour nos indépendantistes : nos chers (es) élus (es) autonomistes n'ont jamais imaginé une seule seconde se retrouver un jour en train de gérer un Etat martiniquais autonome, pas plus que nos chers (es) élus (es) indépendantistes n'imaginent un jour diriger un Etat martiniquais indépendant. Menm bet, menm pwel ! Tout ce qui intéresse notre élu autonomiste martiniquais, c'est de devenir et de rester le plus longtemps possible un notable provincial de la République Une et Indivisible. Alors bien sûr, de temps à autre, on fera du cinéma, on lancera de grandes phrases ronflantes du genre "Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais"et le bon peuple applaudira à tout rompre. En fait, ce slogan ne sert qu'à flatter le nationalisme de pacotille des Martiniquais. A entretenir leur nombrilisme, certes moins grotesque, moins "Boloko Haram", que celui des autres dernières colonies françaises, mais ce n'est pas une excuse. Car lorsque d'aventure une possibilité, infime, un début de commencement d'autonomie se profile à l'horizon, nos autonomistes déclarés sont les premiers à détaler comme des lapins. On a pu en voir le triste, l'affligeant exemple, à l'occasion de la consultation sur le fameux Article 74. Ce dernier, qui sert pourtant de cadre juridique à d'autres territoires français d'Outremer, n'aurait été, s'il avait été adopté, qu'une poussière d'autonomie.

   Or, les premiers à le diaboliser et à demander au peuple de voter "NON" furent nos chers autonomistes !

   Résultat des courses, en plus de la Droite qui a agité une énième fois le hochet du largage et a fait peur à la population avec des mensonges gros comme des montagnes (fin des retraites, suppression de la Sécu etc.) , le résultat ne pouvait surprendre : plus de 70% des suffrages contre l'Article 74. En tout cas, ce scrutin de janvier 2010 a démontré de façon irréfutable une chose : les autonomistes martiniquais étaient/sont de faux autonomistes. Cela n'a jamais été pour eux qu'un mot d'ordre visant à embêter les différents gouvernements français de Droite qui se sont succédés de 1958, année de l'adoption de la constitution de la Ve République, à 1981, date de l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand et du Parti socialiste. Mais derrière ce mot d'autonomie, il n'y avait absolument rien de concret dans aucun domaine. On nous dira que le leader d'un des partis autonomistes a publié un livre intitulé "DE L'AUTONOMIE". Fort bien ! Mais ce livre est-il mis en avant, les propositions qu'il contient sont-elles médiatisées et surtout, en période électorale, y fait-on ouvertement référence ? On imagine la réponse. Il ne faut pas effrayer Ti Sonson avec le mot "Autonomie" qui sent presque autant le souffre que son cousin germain "INDEPENDANCE". Donc la duplicité consiste à feindre de théoriser la notion d'autonomie, mais à ne jamais descendre dans le peuple pour s'efforcer de l'expliquer et la faire accepter, tout ça de peur de perdre les élections.

   Nous avons déjà parlé dans un précédent article de ces bouffons que sont les autonomo-indépendantistes ou indépendantiste autoproclamés qui sont planqués dans des partis autonomistes et qui jouent les grandes gueules sans que cela permette ni à la notion d'autonomie ni à celle d'indépendance d'avancer d'un demi-millimètre dans l'esprit de ce qu'ils continuent à appeler, dans leur langue de bois en mahogany massif, "les masses populaires". Il faut plutôt évoquer les authentiques assimilationnistes planqués eux aussi dans des partis autonomistes. Normalement, ils auraient dû être membres de l'un ou l'autre des partis de Droite, mais comme cette dernière n'a cessé de s'effondrer et de prendre des déculottées électorales depuis deux décennies, nombre d'assimilationnistes ont préféré rallier des partis autonomistes ou de gauche tout en demeurant radicalement des assimilationnistes. On imagine alors le migan qu'est un parti autonomiste composé qu'il est d'authentiques autonomistes cernés sur leur gauche par les autonomo-indépendantistes et sur leur droite, par les autonomo-assimilationnistes. Evidemment, vous ne trouverez jamais ce genre d'analyse chez nos grands politologues universitaires estampillés CNRS qui ne font que répéter comme des jako-répet ce qu'on leur a appris sur les bancs des facultés hexagonales et dont on ne peut pas dire qu'ils aient émis une seule idée brillante de toute leur carrière. Pour comprendre la Martinique, autant lire Edouard GLISSANT, Francis AFFERGAN, Jean BENOIST, André LUCRECE ou les romanciers de la Créolité.

   Alors quid de l'Autonomie ?

   Monstre du Loch Ness ? Dowlis ? Soukougnan ? Chimère ? C'était, dit-on, le grand rêve d'Aimé CESAIRE qui aimait à citer dans ses discours l'exemple des "lander" allemands et des régions italiennes. On ignore s'il a envoyé des cadres de son parti voir de près comment fonctionnaient ces structures politico-administratives qu'il prenait en exemple, mais on peut en douter. Il est hautement improbable qu'un membre de son parti, cadre ou simple militant, soit capable d'expliquer au pied levé ce qu'est un land ou une provinzia. Dès lors, on est dans le pur discours, dans la posture et cela ne peut être reproché au seul Nègre Fondamental car un parti, même s'il est dirigé par un leader, est généralement composé de gens (hautement pour certains) alphabétisés qui sont tout à fait capables par eux-mêmes de donner consistance aux mots d'ordre dudit parti. Car c'est quoi la politique sinon prendre au mot les mots d'ordre ?

   Si "indépendance", "autonomie", "souveraineté" etc..., c'est juste des mots vides pour faire joli, enben annou fini épi sa !...

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