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MARTINIQUE 1ère : LISA DAVID LICENCIEE « AU CŒUR DE L’ETE »…

Raphaël Confiant
MARTINIQUE 1ère : LISA DAVID LICENCIEE « AU CŒUR DE L’ETE »…

Dans cette étrange contrée qu’est devenue la Martinique, les administrations ont adopté des « horaires d’été ». Tel voisin ou ami vous glisse incidemment, au cours d’une conversation, que son fils ou sa fille « a trouvé un petit job d’été ». Les supermarchés et les publicitaires ne sont évidemment pas en reste. Sauf que si dans le pays qui nous sert de modèle, le licenciement au cœur de l’été est devenu une pratique rarissime grâce à la vigilance des syndicats, voici qu’ici, en Martinique, la télévision d’Etat, MARTINIQUE 1è, vient de l’adopter : la journaliste Lisa David vient en effet, en cette mi-août, d’être licenciée sans préavis ni indemnités.

Vous avez bien lu : sans préavis et sans indemnités.

Ceux qui suivent un tant soit peu l’actualité ne peuvent pas ne pas être au courant des tracasseries que les différentes directions de la station de Clairière font subir depuis des années à cette journaliste d’investigation, cette militante anticolonialiste, cette intellectuelle et cette femme battante qu’est Lisa David. Entre rappels à l’ordre, mises à pied, retraits ou suppressions de salaires, cette dernière croyait avoir tout subi.

Courageusement, elle n’a cessé de se battre contre l’ignominie, maigrement soutenue par certains de ses collègues, elle qui pourtant, en tant que déléguée syndicale, a fini par devenir l’ennemi N° 1 à cause de sa défense sans concessions de nombre de ses collègues aujourd’hui…muets. Jusqu’à aujourd’hui, grâce à sa détermination et à la mobilisation de ses amis, journalistes et non journalistes, Lisa David avait toujours réussi à faire plier ceux qui cherchaient à l’abattre, refusant obstinément d’être la bénie-oui-oui qu’ils voulaient qu’elle soit.

Et voici qu’en cet « été » 2013, le couperet est tombé : licenciée sans préavis ni indemnités !!!

Au fond, cette affaire est un test pour tous ceux qui en Martinique combattent l’aliénation, l’assimilation, la destruction méthodique de notre identité et de notre culture qu’ils galvaudent à longueur d’antenne avec des clips abrutissants et des émissions débiles. Pour ces messieurs-dames, l’identité martiniquaise, c’est le « brennen bonda » et rien que le « brennen bonda ». Certes, on ne demande pas à MARTINIQUE 1è de devenir ARTE, mais tout de même. Après une dizaine d’années de programmations nullissimes, on avait espéré qu’enfin, un changement se produirait. Un peu à l’image de France-ANTILLES, qui tout en restant la propriété d’un capitaliste français et diffusant l’idéologie franco-centrée, s’est efforcé depuis quelques années de respecter un tant soit peu le lecteur martiniquais, grâce à quelques journalistes courageux et honnêtes, il est vrai. Rien de tout cela à MARTINIQUE 1è qui continue imperturbablement, exactement comme avant, son ronron doudouiste et pseudo-négriste. A quand une grande émission culturelle, même mensuelle, dans laquelle on nous exposerait la grande figure de Cheick Anta Diop et ses thèses sur l’Egypte antique ? celle de l’économiste guyanien Walter Rodney et son œuvre majeure intitulée « Comment l’Europe sous-développa l’Afrique » ? celle de Jean Bernabé et des travaux considérables qu’il a effectué durant trente ans sur la langue créole ? etc…etc…

Rien de tout cela : clips, défilés de mode, concours de miss, micro-trottoir débiles, débats foireux, scoops qui n’en sont pas, tels sont les programmes de MARTINIQUE 1è depuis bientôt deux décennies. On comprend que des personnalités telles que Lisa David et les autres (rares) journalistes et animateurs qui luttent contre cette machine à décerveler les Martiniquais, puissent gêner les directions régionale et parisienne de cette station. Certains ont d’ailleurs déjà été sèchement licenciés avant Lisa David, cela dans l’indifférence générale d’un peuple il est vrai anesthésié.

Accepterons-nous qu’il en aille de même cette fois ? Laisserons-nous passer ce licenciement « au cœur de l’été » comme une lettre à la poste ?

« Péyi-a sé ta nou ! » clamaient des milliers de gens il y a quatre ans…

Raphaël

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