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Martinique - Guyane - Îles Marquises = Même Combat pour la préservation de nos patrimoines naturels !

Martinique - Guyane - Îles Marquises = Même Combat pour la préservation de nos patrimoines naturels !

Hiva Oa, île de l'archipel Sud. 600 personnes ont manifesté, ce samedi en famille, leur rejet du vaste projet de pêche industrielle "Toa Hiva" (2017 - 2025) d'armateurs de Tahiti approuvé et promu en 2016 par les 6 maires de la Communauté des Communes des Îles Marquises en ayant fait l'hasardeuse économie d'une consultation du peuple marquisien. Les décideurs sont aujourd'hui vivement contestés.

"Vent de colère sur les Marquises Sud". La Dépêche de Tahiti, lundi 9 octobre."Vent de colère sur les Marquises Sud". La Dépêche de Tahiti, lundi 9 octobre.
Toa d'Hiva Oa. (Photo : Miwa Henry-Hiramatsu/LTD)Toa d'Hiva Oa. (Photo : Miwa Henry-Hiramatsu/LTD)
Le maire m'a tuer !Le maire m'a tuer !
Îles Marquises, Hiva Oa (samedi 07/10) 2/2.Îles Marquises, Hiva Oa (samedi 07/10) 2/2.
Îles Marquises 1/2Îles Marquises 1/2

 Le dossier de pêche "Toa Hiva" à télécharger gratuitement depuis le site de la Communauté des Communes des Îles Marquises (Codim), ici :

 

La colère du peuple de l'Épicentre des Eaux

S'il subsiste encore au monde quelques spécimens de thons très jalousés, donc éminemment menacés d'extinction, ce sont les thons obèses appelés "Big Eye Tuna" ou Hoke en langue Eo Enana (en marquisien) dont raffolent les japonais par exemple. 

Au cours de leur longue et ô combien périlleuse destinée de migrants pélagiques transpacifiques, ces Ika (poisson en Eo Enana) ne manquent jamais de passer par l'incomparable "buffet à volonté" que constitue le Point Némo de l'aquasphère : les Îles Marquises. Leur l'exceptionnelle concentration en plancton demeure aquasphériquement inégalée. Ce foyer de production est 5 à 7 fois plus riche que celui de tout autre archipel sur la terre, participant ainsi à la survie de l'espèce (et des 500 espèces de poissons marquisiens) aussi vivace que d'une foisonnante fragilité.

La vive manifestation des Marquisien(ne)s d'Hiva Oa contre ce projet porté par la Communauté des Comunes des Îles Marquises (la Codim) et la société "Big Eyes" du groupe Eugène Degage, qui prévoit de dépêcher trois thoniers ce mois-ci dans un premier temps, puis neuf autres d'ici la fin de l'année pour atteindre une centaine d'unités (à l'horizon 2020) dont certaines usines frigorifiques, à raisons de 7 à 10 tonnes de thons pêchées par jour, soient 2000 à 3000 tonnes par an pendant les deux à trois premières années d'explotation-évaluation qui monteront en puissance sur huit ans ;  protestation qui s'est déroulée sur le quai samedi matin en marge du séminaire scientifique international ("Enjeux et défis de la protection des océans en Polynésie française") qui se tenait la semaine dernière à Papeete (Tahiti) à cinq jours de mers d'Hiva Oa.

La communauté des savants s'y étant alarmée du fait que le problème rende compte de la tendance mondiale au déclin des stocks d'espèces de la zone mésopélagique (de 200 mètres à 1000 mètres sous la surface des océans). 

 Il y a six mois une marquisienne vivant en australie a lancé une pétition en ligne (recueillant plus de 8.000 signatures à ce jour) contre le projet Toa Hiva, ici :

On nage en pleine contradiction des maires qui certes, cherchent par tous les moyens à répondre à la question du chômage qui avoisine les 30%, (l'armateur promettant 600 emplois directs à terme) et tentent de répondre à la suivante : "quels emplois créer pour les marquisiens ?"

Toutefois : "Nous devons être un modèle en terme de préservation et de protection de nos ressources marines. Cette menace ne concerne pas que les Marquises mais aussi la Polynésie tout entière, elle s'étend au delà de ses frontières à tout le Pacifique" affirme Débora Tevahineviriura Kimitete, co-fondatrice de la Codim en 2010, aujourd'hui retraitée.

L'Association "Te Ta¨Nui a Hau" (l'Océan Originel) dont le nom a été donné par l'Académie Marquisienne à la grande Aire Marine Protégée (AMP) des Marquises, a vraiment été identifiée pour cela ; avec pour rôle principal de gérer le-dit espace, et pour objectifs secondaires : d'étudier, de protéger, de sensibiliser de valoriser... le patrimoine naturel et culturel du-dit espace.

"Le premier acte fort de cette gestion serait d'établir une Charte de bons comportements entre les armateurs et les syndicats de pêche polynésiens et les professionnels des Marquises. Cette Charte n'aurait qu'une valeur morale mais elle permettrait d'obtenir dans un délai raisonnable une réponse du gouvernement (de Polynésie française) qui met des années avant de donner son avis. De plus les pêcheurs de Tahiti avaient donnés leur accord en août 2015 lors d'une réunion institutionnelle (où la Codim était présente) pour un immense zonage à respecter" propose le directeur du Motu Haka, l'Association culturelle et environnementale marquisienne, chef du projet Marquises - UNESCO au patrimoine mondial, Pascal Ethel Hatuuku.

Au début de l'été, à l'ONU (New York), les îles Marquises ont été déclarées Première Aire Marine archipélagique communautaire au monde, gérée par une communauté locale autochtone et mondialement protégée. Il existe bien en notre jour des zones terrestres autochtones mais pas marines. Ce qui est tout à fait novateur à l'international.

Un statut existe bel et bien : les APAC, Aires de Patrimoines Autochtones et Communautaires. Mais on ne devient APAC que si l'on remplit trois caractéristiques :

- 1) Un peuple ou une communauté entretient une relation étroite et profonde avec un site (territoire, région, habitat) et/ou une espèce - une relation ancrée dans la culture locale, le sentiment d'identité et /ou la dépendance pour la subsistance ou le bien-être.

- 2) Ce peuple ou cette communauté est le principal acteur dans le processus décisionnel et la mise en oeuvre de la gestion du site et / ou de l'habitat de ces espèces, ce qui implique qu'une institution locale a - de facto et / ou de jure - la capacité de prendre des décisions de gestion et de les faire respecter. D'autres parties prenantes peuvent collaborer en tant que partenaires, notamment lorsque la terre est propriété d'état, mais les décisions et la gestion locales sont de facto prédominantes.

- 3) Les décisions et les efforts de gestion du peuple ou de la communauté conduisent à la conservation de la diversité biologique du site, d'habitas, d'espèces, des fonctions et bénéfices écologiques et des valeurs culturelles associées... même lorsque l'objectif conscient de la gestionn'est pas la conservation seule ou per se (par exemple, les objectifs peuvent être la subsistance, la sécurité, l'esprit de révérence, la volonté de sauvegarder des sites culturels et spirituels, etc.).

Fort de ces caractéristiques qui fondent son droit à l'autogestion de son patrimoine océanique, le peuple marquisien rappelle à l'ordre les Hakaïki sujets au vertige de l'argent trop facile, celui qui écourte de vue la perspective de sauvegarde des ressources que l'on emprunte aux générations futures.

Ainsi les Marquisiens nous rappellent sans cesse, hauts sur les eaux infinies et forts dans leur pays d'humaine origine océanique, à notre milieu sous les mers.

Soley' !

 

Dans la presse : 

 PÊCHE – MANIFESTATION À HIVA OA ET CRI D’ALARME DES SCIENTIFIQUES, in : La Dépêche de Tahiti en ligne lundi 9 octobre 2017, le lien ici

"La polémique enfle autour du projet de pêche aux Îles Marquises" sur Tahiti Infos en ligne ; le lien ici : 

"Licence accordée, bateaux prêts,... le projet Hiva Toa bientôt sur pieds" sur Tahiti Infos en ligne, le lien ici :

"Marquises : le projet de pêche tient la route" (Felix Barsinas, Président de la Codim) sur Tahiti Infos, le lien ici 

"Une flotte de thoniers menace les eaux préservées des îles Marquises", Le Monde. Paris, France. 

"La Garde rapprochée de Toti porte les Îles Marquises au Patrimoine Mondial UNESCO", édition : "Mémoires du Colonialisme" de Médiapart

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