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MICHEL YOYO, et le CEDIFF (Centre d’Etudes, de Documentation, d’Information Familiale et de Formation)

Antoine Maxime
MICHEL YOYO, et le CEDIFF (Centre d’Etudes, de Documentation, d’Information Familiale et de Formation)

Un jour en l’an 1919 ce grand homme a vu le jour, pour que 90 ans après, il ferme les yeux en toute discrétion sur les Hauts de Terreville : un long cycle de vie ! Trop long pour Michel sans doute sur la fin, pas assez pour tous ceux qui l’ont apprécié et aimé !

Mais la finitude n’est- ce pas notre lot à tous ! Un jour tout commence : notre vie, nos entreprises, nos projets ; et puis un jour tout touche à sa fin ! Nous avons appris et partagé cela au CEDIF dont il a été le fondateur avec ses 54 membres le 13 avril 1965...La plupart de ceux là (dont j’ai retrouvé la liste:p.215-217) nous ont quittés après avoir, comme Michel, apporté leur contribution à la construction, au développement de notre pays commun. Ils n’ont cherché ni décorations, ni drapeaux pour s’y engager. Ils l’ont fait parce que pour eux,  cela prenait sens ; ils l’on fait en toute liberté, conscients d’appartenir à une même communauté d’abord Caraïbéene Martinique, Guadeloupe, Vénézuela et au-delà, à la famille humaine ; conscients que leur diversité et les différences d’appartenances de tous genres étaient un gage d’enrichissement mutuel pour le Pays.

Certains d’entre nous ont connu, rencontré et aimé le Michel de la rue de Mr Le Prince ; le médecin de Ste Thérèse, puis du Centre hospitalier du Lamentin, et du CARD. Mais on n’a pas souligné, sans doute par ignorance, le travail qu’a réalisé le CEDIFF (Centre d’Etudes, de Documentation, d’Information Familiales et de Formation) pendant plusieurs décennies auprès de familles martiniquaises, auprès des travailleurs médico-sociaux, éducatifs, paramédicaux : et ce, grâce à ses fondateurs dont Michel Yoyo a été l’initiateur et le pionnier.

Le CEDIFF a été créé dans un contexte socio-politique difficile des années 60. Consulté dans le cadre du Plan gouvernemental de l’époque, en matière de contraception, il a voulu dire un NON collectif à une conception de la politique familiale, consistant à régler le problème démographique de l’époque par une simple vulgarisation de  méthodes contraceptives à l’endroit de nos enfants, de nos familles ; et un OUI collectif à une information et une formation des personnes, passant par la conscientisation, la responsabilisation, l’éducation de nos nos familles, de nos adultes et jeunes.

Ses membres s’ engageaient au départ, à « aider les familles à résoudre les problèmes psychologiques et sociaux susceptibles de nuire soit à l’harmonie du foyer, soit à l’éducation des enfants » (art 2 des statuts)  

Il fallait alors partir à la rencontre des familles dans les communes, et des institutions qui touchaient nos enfants (dans le domaine éducatif, religieux, sportif) ; organiser des conférences débats ; créer des permanences pour informer, sensibiliser ; former des foyers pilotes ; assurer des consultations sociales ( la grosse question de l’interruption des grossesses : différence entre IVG et contraception) Rencontres avec les jeunes de MJC, Foyers ruraux, Groupes religieux de préparation aux mariage . Mais très vite, les militants qui travaillaient en groupe et rencontraient des groupes  se sont rendus compte de la nécessité de se former pour répondre au mieux aux besoins du terrain. Et c’est   pourquoi 3 Ecoles de Formation ont été organisées sur une vingtaine d’années en collaboration avec l’institut parisien l’IFFEP. (d’où notre sigle : Information Familiale et de Formation) .Tous ceux qui ont animé des stages et en ont profité pendant plus de 3 décennies des formations prodiguées par notre organisme peuvent témoigner du rôle qu’il a joué dans notre société : en privilégiant avant tout la personne, la personne en relation au sein de notre société, de nos familles, dans les différents milieux, le développement personnel et de la communauté : au sein de nos équipes de travail, de nos entreprises, de nos églises, de nos partis politiques...Comment nous entrons en relation, comment nous communiquons, comment nous construisons en semble nos projets (non pour se faire voir mais pour voir et regarder et construire ensemble nos projets), comment nous assumons nos différences, comment nous nous mettons d’accord sur nos désaccords dans la gestion de nos conflits...comment situer nos actions dans la seule perspective « d’apporter notre pierre à l’édifice commun et à la construction du pays au-delà des politiques partisanes à l’époque très inductrices de violences, de troubles et surtout de parti pris et d’incompréhensions » écrivait Michel dans notre ouvrage («  Une expérience de formation au Antilles » p 15 -2 )

Le CEDIFF a regroupé des personnes de tous milieux, de tous niveaux, de toutes appartenances.

(Opere citato p :125 ) visant en permanence « l’analyse collective de situations - problèmes, la création collective de solutions adaptées avec des évaluations et le questionnement sur les actions menées. Un Conseil Technique assurait ce travail de « Recherche Action » (p 211).

Et lorsque nous avons du, la mort dans l’âme, déposer le bilan en l’an 2000  ( ceci en grande partie du fait  que les administrations, les services, les associations qui en tiraient bénéfice, n’aient pas répondu à l’appel sur le plan financier...(les subventions ) c’était pour nous une grande perte pour la Martinique. Mais nous nous formions pour transmettre, pour former à notre tour grâce à ces nombreux stages : la  « connaissance de soi, la communication, la conduite de réunion, gestion des conflits ; « Eduquer...c’est quoi ? » « L’autorité »- les dynamiques de groupes-l’Education à la vie- l’approche de notre sexualité- ont fait leur preuve. Et il faut l’avouer, ce genre de formation nous manquent aujourd’hui. Tous ceux qui ont profité des stages dans le cadre de l’Education Nationale, les Maternelles, le milieu hospitalier, grâce au syndicat interhospitalier ; à L’Ecole des Infirmières, à l’Ecole des Sages Femmes, comme certains établissements spécialisés (IME…) ,le milieu hôtelier ; les conseillers conjugaux peuvent en témoigner. Le CEDIFF était là lorsqu’il s’est agi de créer l’IFMESS. Il était sollicité par les services sociaux ; lorsqu’il s’agissait de reloger des personnes qui devaient se préparer à vivre ensemble dans une cité toute neuve etc

Des formations ont été conçues par Thérèse Yoyo en particulier pour aider les femmes à s’engager dans des fonctions électives ; pour aider les femmes de marins pêcheurs à s’organiser et à prendre toute leur place dans la profession...Et cela ne nous empêchait pas de recevoir des personnes au centre pour des entretiens-conseils individuels, pour des consultations sociales destinées aux  femmes confrontées à la question de l’interruption de la grossesse.

Voilà jusqu’où Michel avec Thérèse et les autres aînés du CEDIFF nous ont amenés.

Si nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui, nous le devons en grande partie à ces hommes et ces femmes qui nous ont sollicités dans cette association.

Je pourrais dire aussi que si la Gestalt qui est une approche de psychothérapie allant dans la ligne, l’esprit , la philosophie du CEDIFF, a pris naissance en Martinique c’est grâce au CEDIFF. Si j’en ai fait mon métier et si la plupart d’entre nous qui ont suivi cette formation ont utilisé cet outil pour leur pratique professionnelle c’est grâce au CEDIFF.

Et se regrouper autour de la dépouille de Michel, c’est pour nous souvenir du rôle qu’il a joué dans notre inter-con-naissance, notre co-formation, notre co-développement ; c’est grâce au CEDIFF dont il a été le pionnier, lui et tous nos autres aînés encore vivants et disparus que nous avons appris à donner SENS à nos parcours personnels et professionnels et aux actions que nous menions et que nous continuons à mener aujourd’hui.

Et puis un jour comme Michel et Thérèse, que nous ne séparons pas, comme ceux qui nous ont précédés ces dernières années dont : Jean-Magdeleine et Jeanne Catherine- Rose-Aimée Charron Ortole-Justin et Jeannine Etifier-Max Caristan- Jojo Macni, Georges et Simone Vaton-Marie-Lyliane Jeanne-Germaine Louilot-Théo Tally- ….) nous nous reposerons de nos efforts redoublés d’année en année, de nos épreuves, de nos échecs, de nos erreurs, comme de nos réussites : ce sera fini un jour comme pour Michel.

En attendant, notre resposnabilité est de transmettre ce que nous avons reçu ; de travailler chacun à sa place à servir notre pays en cherchant à faire peuple et en recherchant le SENS de nos actions.  Continuons le combat au service du développement de la personne et de la  personne en relation, au service de nos familles de notre société qui en a tant besoin  aujourd’hui !

 

A.MAXIIME au nom des Amis du CEDIFF

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