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Michèle LACROSIL, écrivaine guadeloupéenne des années 60, elle a ouvert un chemin…

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES
Michèle LACROSIL, écrivaine guadeloupéenne des années 60, elle a ouvert un chemin…

Dans les années 50, cent ans seulement après l’abolition de l’esclavage, Sapotille écrit son journal à bord du bateau qui l’emporte vers une mère patrie magnifiée. Elle espère oublier en France un passé douloureux et des déboires sentimentaux. Mais « la marée des souvenirs » la submerge.

Issue de la bourgeoisie noire montante (Sapotille précise qu’elle est câpresse), elle a été élevée dans un pensionnat religieux réservé longtemps à l’instruction des blancs et des mulâtres. Elle y a subi des brimades qui l’ont gratifiée à jamais dune plaie vive, inguérissable. Elle a dû se rendre à l’évidence, elle était humiliée ainsi parce qu’elle était noire. L’auteure nous convie à observer les méfaits d’une discrimination fondée en Guadeloupe sur les nuances de couleurs de peau, selon les clivages hérités du passé esclavagiste.

Les religieuses blanches, racistes, sont chargées d’apprendre aux élèves le rôle social qui leur sera dévolu plus tard selon leur teint. Au quotidien, elles emploient des méthodes inqualifiables dépourvues de toute charité chrétienne à l’égard des plus noirs. Un exemple, si elles déposent une dragée sur la langue des autres enfants, elles demandent à Sapotille de tendre la main pour recevoir le bonbon. On ne lui donnera de rôle dans une représentation théâtrale que celui de souffler, en coulisse, dans un serin d’argile. Et quand Sapotille fera part de son intention de faire des études de droit, elle se verra vertement rétorquer : « Le droit ? Pour atteindre le barreau ? Mais voyez-moi ces prétentions ! Tenez-vous donc à votre place ! ». Sapotille a conscience d’être victime de racisme mais elle ne parvient pas à en identifier la cause et elle ne peut que chercher un moyen d’y échapper.

Les différents épisodes du drame psychologique vécu par Sapotille sont ponctués par des évocations lénifiantes d’une Guadeloupe luxuriante, embaumée et légèrement exotique. Plongée dans une atmosphère romanesque surannée, le lecteur se voit pourtant proposer un témoignage explicite permettant de comprendre le processus psychologique conduisant une Guadeloupéenne au désir de « s’oublier » afin de devenir « une personne comme tout le monde », autrement dit (mais la narratrice n’en a pas conscience) une parfaite aliénée.

Michèle Lacrosil (1911-2012) a publié chez Gallimard trois romans, Sapotille et le serin d’argile (1960), Cajou (1961), Demain Jab-Herma (1967). Elle est une écrivaine qui a ouvert le chemin aux auteurs qui suivront de Daniel Maximin à Maryse Condé en passant par Simone Schwarz-Bart. Alors centenaire Michèle Lacrosil a achevé la rédaction d’un quatrième livre, non publié, intitulé « Les Sargasses ont disparu ».

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

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