« Tout kouyon mò Sen-Piè » affirme un vieux proverbe créole, ce qui signifie en langue gauloise « Tous les cons sont morts à Saint-Pierre ». Ce proverbe fait référence à l’éruption de la montagne Pelée le 8 mai 1902 qui, en l’espace de quelques secondes, fit passer de vie à trépas, 28.000 de ses 30.000 habitants. Environ 2.000 Pierrotins en réchappèrent soit parce qu’ils avaient quitté la ville pour affaire (par exemple, pour se rendre à Fort-de-France) soit parce qu’ils n’avaient pas cru aux propos lénifiants des scientifiques et du gouverneur Mouttet. Ce dernier fut, en fait, le premier « couillon » à périr à Saint-Pierre puisque acharné à y organiser les élections, il s’était rendu dans la ville afin de rassurer la population et démontrer qu’il n’y avait aucun danger en dépit des grondements incessants qui émanaient depuis quelques mois et des fumerolles qui s’en dégageaient.
Depuis lors, comme chacun sait, Saint-Pierre somnole au pied de son volcan, ne s’étant jamais remise de la catastrophe et surtout n’ayant jamais su (ou pu), à l’instar de Pompéi, transformer ses ruines en attraction touristique. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé : petit sous-marin pour visiter les épaves des bateaux dans la rade, petit train de Saint-Pierre, ravalement des restes du théâtre etc…Même la restauration de l’immeuble de la Bourse et de la place Bertin, pourtant joliment faite, n’ont pas réussi à réanimer la ville, par exemple en y attirant des navires de croisière comme avant 1902.
Profitant alors du Grenelle 2 de l’environnement, le député Alfred Marie-Jeanne proposa en mai 2010 que la montagne Pelée soit classée parmi les sites remarquables de l’humanité par l’UNESCO à l’instar des Pitons de Sainte-Lucie. Le Conseil régional cofinança même une étude scientifique visant à établir la richesse faunistique et floristique de la région de La Pelée où se trouvent, en effet, des espèces endémiques c’est-à-dire qui ne vivent qu’en Martinique. Uniques au monde donc ! Nul doute qu’une fois ce classement obtenu (ce qui est chose très loin d’être facile), cela contribuerait à redynamiser non seulement Saint-Pierre mais tout le Nord-Caraïbe ainsi que le Morne Rouge.
Or, ne voilà-t-il pas qu’en ce mois de janvier 2011, le Père de la Nation, nouveau chef du Conseil régional de la Martinique, organise en grandes pompes à Saint-Pierre une manifestation au cours de laquelle est annoncée la mise en place d’une structure visant à faire inscrire la ville au patrimoine de l’humanité par…l’UNESCO !!! Dans la foulée, il révèle que le maître d’œuvre de l’opération ne sera autre que son scribe semi-officiel. Pas un mot sur le projet d’Alfred Marie-Jeanne. Pas une allusion. Rien ! Ce projet aurait donc jailli des brillants cerveaux qui règnent désormais à Plateau-Roy.
Si l’on comprend bien, dans la Martinique pseudo-autonome de la fantomatique troisième voie, le vol à l’arraché ne sera pas puni par la loi.
C’est toujours bon à savoir…
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