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Mort de l’astronome Vera Rubin, mère de la matière noire

lemonde.fr
Mort de l’astronome Vera Rubin, mère de la matière noire
Elle avait coutume de dire que les prix lui importaient peu. Manière élégante d’éviter toute polémique avec le plus célèbre d’entre eux, le Nobel, qu’on lui promettait depuis bien longtemps. Vera Rubin, qui avait mis en évidence l’existence de la matière noire, cette masse invisible de l’univers, ne décrochera pas la prestigieuse récompense. L’astronome américaine est morte dimanche 25 décembre à l’âge de 88 ans.

Sa vie de scientifique commence par un coup de foudre, après le déménagement de sa famille de Philadelphie à Washington. « Dans ma chambre à coucher, le lit était sous une fenêtre orientée au nord, a-t-elle raconté à Alan Lightman et Roberta Brawer, dans le livre Origins, the Lives and Worlds of Modern Cosmologists (Harvard University Press). A dix ans, j’ai commencé à regarder le ciel. A 12, je restais éveillée pour les observer pendant des heures. (…) Il n’y avait rien de plus intéressant dans ma vie que regarder les étoiles chaque nuit. » Elle sera donc astronome.

Cette décision, elle devra se battre pour l’imposer. Son père, ingénieur, l’a certes aidée à construire son premier télescope, mais il craint qu’elle ne parvienne à gagner sa vie dans cette voie alors bien peu ouverte aux femmes.

Forcer les portes ou trouver d’autres entrées

Du reste, toute sa vie durant, Vera Rubin devra forcer des portes, ou trouver d’autres entrées. Princeton ne veut pas de femmes dans son département d’astronomie ? Elle va à Cornell, où l’équipe est si réduite qu’elle ne dérange personne. De même, elle n’est pas acceptée dans le séminaire du grand George Gamow, qui ne veut pas de « femmes mariées ».

Or, non seulement Vera Rubin est mariée, mais à 22 ans, elle a déjà un enfant – elle en aura finalement quatre, tous futurs scientifiques. « J’ai accompli presque toute ma carrière à temps partiel, aimait-elle raconter. A trois heures, j’étais à la maison pour m’occuper des enfants. »

Après quelques années à l’université de Georgetown, elle intègre, en 1965, le Carnegie Institution for Science de Washington. Mais surtout, elle obtient le droit d’aller observer ses chères étoiles à l’observatoire du mont Palomar, en Californie. Une première pour une femme.

L’établissement ne dispose, du reste, que de toilettes pour hommes, s’excuse son directeur. La légende raconte que la physicienne découpa dans du papier une petite silhouette féminine qu’elle colla sur une des portes. « Maintenant, il y en a », répliqua celle qui jurait pourtant détester le conflit.

La grande découverte

C’est en 1970, en étudiant les astres en rotation dans la galaxie d’Andromède, que Vera Rubin, avec son collègue Kent Ford, fait sa grande découverte : les étoiles situées à la périphérie tournent aussi vite que celles du centre.

Selon la théorie d’Albert Einstein, elles devraient alors être expulsées par la force centrifuge. L’astronome fait donc une proposition : une matière invisible permet de retenir les étoiles. Invisible car n’interagissant pas avec la matière normale, ne produisant donc aucune lumière. Elle relance ainsi une idée émise en 1930 par l’astronome suisse Fritz Zwicky. D’autant que ce constat est confirmé dans d’autres galaxies, puis à l’échelle supérieure des amas de galaxies.

Sauf que quarante-six ans plus tard – aujourd’hui, donc –, personne n’est encore parvenu à « capturer » cette matière noire, qui, selon les calculs, constitue 85 % de la masse de l’univers : ni les détecteurs installés aux quatre coins du globe, ni le LHC du CERN à Genève, qui tente de produire ces fameuses particules.

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Pousser les jeunes filles vers la science

Des théories alternatives ont donc vu le jour, qui viseraient à corriger les lois d’Einstein. De quoi refroidir un jury du Nobel déjà peu enclin à récompenser des femmes. Plutôt que de s’en lamenter, Vera Rubin préférait œuvrer pour pousser les jeunes filles vers la science. En dénonçant « la manière dont on élève les filles, et ça commence très tôt ». Mais surtout en vantant « la beauté de la science » : « Je me demande parfois si j’aurais pu étudier les galaxies si elles étaient laides, comme ces limaces qui peuplent mon jardin, confiait-elle. Franchement, je ne suis pas sûre. »

A l’annonce de sa mort, de nombreux astronomes lui ont immédiatement rendu hommage. « Vera Rubin était un trésor national et un exemple pour les jeunes scientifiques », a déclaré Matthew P. Scott, président de la Carnegie Institution of Science.

Source : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/12/27/mort-de-l-astronome-americaine-vera-rubin-qui-avait-prouve-l-existence-de-la-matiere-noire_5054589_1650684.html

 

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