Guadeloupéenne, Myriam Warner-Vieyra (1939-2017) est née à Pointe-à-Pitre, d’un père originaire d’Antigua. A partir de 1961, elle vit au Sénégal où elle épouse le cinéaste béninois Paulin Vieyra et croise le chemin de sa compatriote Maryse Condé. Indépendamment du plaisir qu’elle éprouve à vivre en Afrique, elle est obligée de constater qu’aux yeux des Sénégalais, elle demeure une étrangère, une Antillaise; ce qui lui permet de vivifier cette part originelle de son identité.
Bibliothécaire de profession (à l’Institut de Pédiatrie Sociale de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar), elle fait son entrée sur la scène littéraire en 1980 avec un premier roman intitulé Le quimboiseur l’avait dit, suivi en 1982 d’un second Juletane. Six ans plus tard paraît un recueil de nouvelles Femmes échouées.
Le quimboiseur l’avait dit met en scène une jeune fille de seize ans enfermée par sa mère dans un hôpital psychiatrique en France. Zétou se souvient de son île natale et se remémore les prémices d’un drame sanglant qu’elle vient de vivre. La réalité l’épouvante et elle rêve de prendre un bain démarré qui lui ferait retrouver chance et joie de vivre. Peut-elle réussir à ne pas glisser dans « la vallée des ténèbres » ?
Juletane invite à prendre connaissance du journal intime d’une Antillaise mariée à un Africain polygame qui lui impose une vie conjugale éprouvante à laquelle elle n’a pas été préparée. Seule, déracinée, ayant perdu tous ses repères culturels, la jeune femme sombre dans la démence et se retrouve à l’asile. Peut-elle résister à l’envie, qui la tenaille, de dormir longtemps?
« Femmes échouées » est un recueil de neuf nouvelles traitant de la souffrance des femmes au quotidien et de leurs efforts pour résister à l’oppression, voire à la fatalité. Peuvent-elles accepter l’inacceptable et ne pas se perdre ?
Tous les livres de Myriam Warner-Vieyra, publiés aux Editions Présence Africaine, explorent surtout les différentes facettes de la condition des femmes antillaises, notamment dans leur rapport avec les hommes.
Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES