Nous, Martiniquais, nous insurgeons contre les propos tenus par les enfants d’Aimé Césaire à l’encontre d’Alfred Marie-Jeanne.
D’une part, Aimé Césaire n’appartient ni à ses enfants, ni à la Martinique, ni au néo-PPM, ni à Fort-de-France, ni à personne. Ses décisions politiques concernent tous les Martiniquais avec la départementalisation, y compris Alfred Marie-Jeanne, mais interpelle aussi au-delà des Martiniquais, tous les peuples qui ont subi la colonisation et qui doivent choisir entre la liberté ou indépendance politique et la sécurité alimentaire et matérielle. L’exemple de Cuba est là pour nous le rappeler tous les jours.
D’autre part, nul ne peut exiger une allégeance totale et irréductible à aucune grande figure, quelle qu’elle soit. Alfred Marie-Jeanne peut très bien s’opposer à certaines initiatives pragmatiques en faveur d’Aimé Césaire, telle celle de baptiser l’aéroport de son nom. Au nom de la démocratie, il en a le droit. Au nom de la démocratie, il a aussi le droit de se réclamer de valeurs prônées par Aimé Césaire.
Aucun parti n’a instrumentalisé la figure d’Aimé Césaire autant que le néo-PPM. Et il est assez choquant que les enfants biologiques de Césaire ne se soient jamais rebellés contre une figure anti-césairienne par excellence : celle de Camille Chauvet qui, sans cesse, attaque et dénigre, en particulier les femmes.
On aurait souhaité un beau texte de la part des enfants biologiques d’Aimé Césaire, dénonçant les outrances langagières et les violences verbales multirécidivistes de ce Chauvet qui, tout en se réclamant de Césaire, envisage de karchériser des femmes traitées de vermine, ou de leur offrir son étui pénien.
NON : cette ultime tentative d’instrumentaliser la figure paternelle de Césaire, grâce à la plume de ses fils biologiques, ne passera pas : nous sommes tous filles et fils d’Aimé Césaire, à des degrés divers, non pas pour vampiriser son héritage politique, mais pour forger un monde meilleur où le népotisme, la magouille, l’insulte facile, le clientélisme, la mafia, n’ont aucune place. Par ailleurs, l’immense œuvre littéraire et politique d’Aimé Césaire appartient au patrimoine de l’humanité.
Si récupération ignoble de Césaire il y a, c’est bien de la part de celles et ceux qui célèbrent la figure de l’Américain, acceptent de compter parmi leurs hauts rangs des élus traitant leurs opposants de « chien abiyé an moune », ou de mettre à une présidente d’université, en prise avec une mafia sans précédent, une tête de chien, sur une photo avec le président de la république.
Yvelise SERNIN