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"NOU PA NI MISS ! NOU PA NI MINISS !", SE DESOLE TI SONSON

"NOU PA NI MISS ! NOU PA NI MINISS !", SE DESOLE TI SONSON
   TI SONSON, le plus éminent philosophe martiniquais, est au bord des larmes.
  Quoiqu'il ne vive pas dans un tonneau comme son confrère DIOGENE de la Grèce antique, il n'a plus (une nouvelle fois) que les larmes de son corps pour se consoler depuis le terrible résultat du concours Miss France qui vient, une nouvelle fois, de couronner une beauté de l'ile-aux-belles-eaux.
   Pourtant, il y avait cru jusqu'au bout, le SONSON, d'autant qu'aucun blocage (pour une fois !) de supermarché de Béké esclavagiste, n'avait accaparé l'actualité et que les regards de l'ensemble de ses compatriotes étaient rivés sur le petit écran de la télé d'En-France où défilaient les supposées plus affriolantes créatures de la République Une et Indivisible, Fille aînée de l'Eglise catholique, apostolique et romaine ainsi que Patrie des Droits de l'Homme.
   Il y avait cru jusqu'à bout, notre grand penseur tropical !
  Enfin, "grand", ça reste à voir car une chose est sûre : le bougre n'a pas de mémoire. Ne se lamentait-il pas, en effet, à chaque nouveau gouvernement dans la Ville lumière, en constatant que les Madininiens se retrouvaient scandaleusement défavorisés ? Oubliait-il qu'en ces occasions, il arpentait les rues, venelles et autres wet de cette bonne ville de Foyal où tout n'est que stupre, vacarme et vanité, pour paraphraser un célèbre poète, en braillant:
    "Nou pa ni miniss ! Kou-taa ankò, nou toujou pa ni miniss !"
   Eructation qui, en langage civilisé signifiait qu'une fois de plus, sa chère île-aux-fleurs avait été écartée des strapontins ministériels gaulois. Et d'égrener la liste quasi-interminable des Kémites gwadas qui depuis des lustres participaient au rituel du mercredi beau-matin au Palais Bourbon : BAMBUCK, MICHEAUX-CHEVRY, LUREL, PENCHARD, PAU-LANGEVIN, FLESSEL et sans doute sa défaillante mémoire (à cause de l'abus de tafia à 55°) devait-elle en oublier.
    "Eti ta nou ? Oti yo ?" persistait-il à demander urbi et orbi dans son ignoble jargon issu de ce non moins ignoble processus de domestication qu'est la créolisation.
  Et évidemment, y'avait jamais un quidam pour lui remonter le moral ! Tous des faux-culs, ces Matininos mâtinés de Mandingues et de Normands. Alors, de guerre lasse, nostre homme s'affalait au pied de la statue cou coupé de celle qui, aux dires des historiens les plus sérieux, tressait régulièrement des couronnes de cornes au Petit Corse, celui dont l'armée avait, au temps jadis, subi une mémorable raclée à Vertières, au pays du grand DESSALINES. Puis, il se mettait à psalmodier, effrayant les grappes d'iguanes faméliques qui gitaient sur La Savane toute proche:
   "Nou pa ni Miss ! Nou pa ni Miniss !"
   Cela, jusqu'à ce qu'un passant charitable (quoiqu'à la mine forcément patibulaire étant donné l'endroit) finisse par lui voltiger à la figure cette terrible sentence :
   "Si nou pa ni Miss ek nou pa ni Miniss, sé ki nou dwet ni piss !"
  Chose qui ne mérite pas d'être translatée dans quelque idiome un tant soit peu respectable, mais qui, aux dires du vulgum pecus, fera, à n'en pas douter le bonheur des prochains carnavaliers...

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