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ON DIT QUE LES POÈMES NE SERVENT À RIEN

ON DIT QUE LES POÈMES NE SERVENT À RIEN





On dit que les poèmes ne servent à rien

Que les fusils sont plus forts que les mots

Mais c'est la guerre qu'il faut tuer

Les mots de la paix sont innocents et faibles

Ils ne portent pas des blessés dans les bras

Ils n'enterrent pas des cadavres

Ils ne vocifèrent pas aux frontières

Ils vont

Graines lentes aimées de l'étincelle

Tortues lourdes de la carapace du ciel

Oiseaux indispensables à l'amour

Chaque jour cheminant

Chaque nuit travaillant

Pour que meure la guerre des hommes contre les hommes

La terre n'est qu'un prétexte où s'enflamment leurs yeux

Les religions allument des bûchers

Et les mains qui s'éteignent de rencontrer la mort

N'ont jamais dit bonjour à l'ennemi des bonjours

Les mots de la paix semblent des mots de lâches

On les rencontre souvent dans les yeux des cadavres

Sous les toits effondrés par tout le poids du sang

Dans les drapeaux où s'enroulent les cercueils

Ils répètent

C'est la guerre qu'il faut tuer

La guerre toute la guerre

La guerre de celui qui brandit ses raisons

La guerre de celui qui a honte de ses torts

La guerre qui brûle les poèmes sans défense

La guerre

Qui tord les mots

Qui écrase les fleurs

Qui coupe le cou du soleil

Et qui fait du jour une fumée sans nom

Les mots de la paix

Ont crié au secours

Ils suivent les fantômes des peuples massacrés

Ils dénoncent

Ils protestent

Ils signent des pétitions qui sont des boulets d'encre

Ils demandent pardon à la mère

A la sœur

A l'épouse qui se noie dans ses cheveux de veuves

Au vieillard prostré dans un jardin d'horreurs

A l'enfant dont l'enfance joue avec des assassins

On dit qu'un poème ne sert à rien

Que la force appartient aux bombes

Que la vérité s'impose sur le dos des plus faibles

Moi je dis que voici un poème

Déposé aux pieds de la folie

Un poème sans fusil

Sans bottes du désespoir

Sans cri de haine

Sans armes et sans moyens

Un tout petit poème qui a peur des humains

Qui se battent pour la cause

Qui écrasent les fourmis sous les chenilles des tanks

Un poème d'eau pure et d'air non pollué

Un poème qui tient dans la main d'une cuillère

Et que l'on devrait boire

Comme un thé de paysanne

Une gorgée d'amour

Une goutte de tolérance

Car c'est la guerre qu'il faut tuer

Les guerres n'ont jamais servi à rien

Je dis que voici un poème

Un poème couleur de feuille verte

Dont les mots désarmés

Soutiennent la paix

S'opposent aux occupations

Aux colonisations

Aux murs sourds et aveugles

Et demandent que la Palestine soit une terre de paix

Un Etat de droit

Une vie qui coule et chante comme un poème











Ernest Pépin

Faugas

Le 03 janvier 2009





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