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ON PARLE CREOLE EN CHINE

ON PARLE CREOLE EN CHINE

Le supermarché des Mauriciens

Depuis son réveil, la Chine fascine et fait trembler. Le monde entier voit leur déficit commercial se creuser dangereusement avec l’empire du Milieu devenu un juteux supermarché mais aussi celui de la contrefaçon. La fascinatiion pour ce pays pousse d’ailleurs à se mettre au mandarin et il y a foule devant les écoles.

Les rues de Guang Zhou regorgent d’étrangers qui viennent acheter des produits à très bas prix pour les revendre ensuite, à profit, dans leurs pays respectifs .
Les rues de Guang Zhou regorgent d’étrangers qui viennent acheter des produits à très bas prix pour les revendre ensuite, à profit, dans leurs pays respectifs .
Dans les rues de Guang Zhou, dans les environs de l’hôtel Lido, on est souvent surpris par un brusque «To enn moisyen ?» Rien dans l’accent et le look de celui qui apostrophe ainsi n’indique qu’il est d’origine mauricienne. La surprise passée, on répond «oui» et le Chinois ne se fait pas prier pour demander : «Ki masandiz to ode la ?»

Ce Chinois, qui comme des dizaines d’autres à Guang Zhou, manie le créole mauricien, est loin d’être un vulgaire maquereau. C’est un des «agents» commerciaux qui ont pris l’habitude de travailler avec les milliers de Mauriciens qui arrivent aujourd’hui en Chine par avions entiers et qui descendent à l’hôtel Lido.

C’est par dizaines de conteneurs qu’ils achètent des marchandises les plus diverses à Guang Zhou, capitale de la province de Quing Dao, devenu le supermarché des importateurs mauriciens. «Vous ne trouverez nulle part, ailleurs au monde, les prix bas que vous offrent les producteurs chinois, quelle que soit la marchandise que vous cherchez. Des batteries de cuisine aux meubles en passant par les carreaux céramiques, les outils, les pièces de rechange, l’électroménager, les articles de sport, etc. Les Mauriciens ont pris l’habitude de descendre à Guang Zhou et chaque jour, il doit y avoir environ 200 Mauriciens au Lido. Ce qui fait que le personnel de cet hôtel et les agents des producteurs et expéditeurs parlent tous un peu de créole», explique Reza Foolah qui s’y rend au moins quatre fois par an pour importer environ 25 conteneurs de marchandises qu’il écoule à bas prix dans les foires et à travers les marchands ambulants.

«Meilleures que les originales»

Reza Foolah, qui vendait des bananes à bicyclette vers les milieux des années 80, a pu se payer une BMW grâce à ses importations de la Chine. «Quand j’y suis allé la première fois, en 1999, je n’ai importé qu’un demi-conteneur de marchandises et il y avait une vingtaine de Mauriciens qui faisait de même. Je n’aurais jamais pu faire autant de progrès si j’importais, par exemple, d’autres pays comme la Thaïlande, Singapour, l’Indonésie, le Vietnam ou l’Afrique du Sud. Les prix pratiqués et la qualité sont au-dessus de toute concurrence», révèle Reza Foolah qui se targue d’être le n°1 des sous-vêtements, tapis et rideaux importés de Chine.

Nada et son frère Rajen, qui font aussi le trajet Maurice-Chine plusieurs fois par an pour s’approvisionner en vélos et jouets divers, racontent la même histoire. Tout comme les milliers de Mauriciens qui s’approvisionnent sur le grand supermarché en gros qu’est la Chine.

Cependant, il n’y a pas que le prix et la qualité. Le responsable d’un hôtel de plage, qui affiche un certain luxe, raconte son expérience sous couvert d’anonymat pour des raisons évidentes. «Les Chinois sont très forts quand il s’agit de copier. Il y a quelques années, il fallait remplacer la plupart de nos sanitaires, carreaux céramiques, rideaux, meubles, etc. Venant d’Europe, ils coûtaient une fortune. On a fait parvenir des photos aux Chinois et ils ont produit d’excellentes copies souvent meilleures que les originales.» Résultat : l’hôtel a importé des dizaines de conteneurs de produits de la Chine pour une rénovation complète qui a coûté 20 fois moins cher que s’il avait eu recours aux produits européens.

Le déficit commercial avec la Chine se creuse d’année en année. Avec plus de Rs 14 milliards de roupies l’année dernière, il pourrait franchir le cap des Rs 20 milliards, cette année. On a exporté que Rs 396 millions vers la Chine en 2007 (voir tableau).

Toutefois, les importateurs et le public en général n’en ont cure. Pour les consommateurs, les produits chinois sont venus changer la donne. Le grand public peut, aujourd’hui, se payer des produits auxquels ils n’avaient pas accès auparavant. «Regardez ce générateur (groupe électrogène), dit Rajesh, de Trou-aux-Biches, qui s’en sert souvent. ll vient de la Chine et il m’a coûté environ Rs 10 000. Un générateur de la même puissance mais de marque japonaise coûte plus de Rs 40 000.» Son cousin, skipper, rêve du jour où on importerait des moteurs hors-bord Made in China.

L’engouement pour les produits chinois ne fait peut-être que commencer mais il risque d’être quelque peu freiné par la très mauvaise qualité de certains produits électroménagers vendus à travers l’île et qui ne durent souvent que quelques mois.

Raj JUGERNAUTH

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