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PEDAGOGIE : LE DEFI DE LA FORMATION DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS

Céline Authemayou
PEDAGOGIE : LE DEFI DE LA FORMATION DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS

À partir de la rentrée 2018, tous les nouveaux maîtres de conférences seront formés à la pédagogie. Pourquoi cette obligation ? Comment la mettre en œuvre ? Philippe Lalle, conseiller stratégique pour la pédagogie au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et Geneviève Lameul, experte à la Mission de la pédagogie et du numérique pour l’enseignement supérieur, font le point.


Geneviève Lameul ©S.Blitman – septembre 2014Philippe LalleDébut juillet 2017, se tenaient à Rennes les Japes (Journées de l'accompagnement pédagogique dans l'enseignement supérieur). En quoi la question de l'accompagnement des enseignants-chercheurs est-elle importante ?

Geneviève Lameul : Les pratiques pédagogiques évoluent, elles se transforment. Lorsque le ministère a lancé les Japes, en 2016, cela partait d'un besoin du terrain : il fallait définir l'accompagnement pédagogique et le décliner dans les établissements. Ce travail a été fait et a donné lieu à des propositions, émises par les associations professionnelles. Parmi elles, trois ont été particulièrement approfondies lors de l'édition 2017 des Japes : comment reconnaître, promouvoir et professionnaliser l'enseignement dans les carrières.

Philippe Lalle : Désormais, toute cette réflexion s'inscrit dans un contexte particulier, après la publication, en mai 2017, du décret relatif à la formation des maîtres de conférences. Le texte, issu des discussions menées dans le cadre de l'agenda social, instaure une obligation d'accompagnement des nouveaux maîtres de conférences. Ces derniers seront toujours nommés stagiaires pour une durée d'un an, mais au cours de cette période, ils bénéficieront d'une "formation visant l'approfondissement des compétences pédagogiques nécessaire à l'exercice du métier".

Un arrêté doit être publié dans les prochaines semaines, pour une entrée en vigueur du dispositif dès la rentrée 2018.

Cette "obligation" de formation pour les enseignants-chercheurs est-elle une "exception française" ?

Philippe Lalle : Non, ce n'est pas le cas. Il est vrai que cette situation n'est pas la plus fréquente, mais il y a d'autres pays qui ont mis en place – certains depuis très longtemps – des formations imposées. Notons aussi que, dans de nombreux cas, si la formation n'est pas obligatoire, elle est naturelle. 

C'est le cas de la Suisse où, depuis plusieurs années, de nombreux services d'appui à la pédagogie existent. Les enseignants occupant des positions provisoires doivent prouver qu'ils ont évalué leurs enseignements et qu'ils sont bien perçus par les étudiants. Ils le font donc par nécessité, puisque sans cela, leur contrat pourrait ne pas être renouvelé.

En Belgique également, le dossier de valorisation pédagogique existe depuis quinze ans, notamment au sein de l'université catholique de Louvain. Enfin, aux Pays-Bas,l'université de Maastricht forme tous ses enseignants, sans exception, à l'apprentissage par problème, puisqu'elle en a fait son axe pédagogique.

Mais, au-delà de l'obligation, c'est aussi tout simplement une question de développement professionnel continu dans toutes les facettes du métier : ce qui apparaît naturel et légitime en recherche doit également le devenir dans l'enseignement.

Le décret publié en mai prévoit une décharge de 32 heures (un sixième du service d'enseignement) durant la première année d'exercice, puis 32 autres heures sur les cinq années suivantes. Est-ce assez ?

Philippe Lalle : Ces volumes concernent les décharges de service d'enseignement et non la durée réelle des formations. Ceci est volontaire : nous n'envisageons pas cet accompagnement comme une formation réalisée seulement en présentiel, avec un conseiller pédagogique qui délivrerait ses savoirs dans un amphithéâtre rempli.

Le but n'est pas de reproduire sur les enseignants ce qui ne fonctionne pas toujours très bien chez les étudiants ! Les formats pourront donc être divers : colloques, conférences, suivi de Mooc, accompagnement de projets, etc. Chaque établissement pourra aussi y développer sa politique de formation, en fonction de ses axes pédagogiques.

Le but n'est pas de reproduire sur les enseignants ce qui ne fonctionne pas toujours très bien chez les étudiants !

Comment définir ce qui pourra faire l'objet – ou non – d'une décharge ?

Philippe Lalle : L'arrêté – qui est encore en cours d'écriture – précisera ce point :  il indiquera certainement qu'un minimum de règles devront être établies au sein des établissements pour définir ce que les décharges recouvreront. Ces détails feront partie du plan de formation de l'établissement et seront donc validés par le comité technique et le conseil académique. Chaque établissement pourra ainsi fixer ses propres règles.

N'y-a-t-il pas le risque de voir une hétérogénéité s'amplifier entre les établissements moteurs et les autres ?

Philippe Lalle : Cette hétérogénéité existe déjà. Certains établissements disposent d'un service d'appui à la pédagogie depuis quinze ans, quand d'autres s'y mettent tout juste. Mais je crois en la vertu du système. On le voit avec les événements que nous organisons : de plus en plus d'établissements s'intéressent au sujet et des ponts se créent entre établissements, comme entre réseaux de conseillers pédagogiques.

Tous sont appelés à se poser des questions. Et cela sera de plus en plus le cas, avec l'évolution de la grille d'autoévaluation du HCERES (Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur). Du côté de la contractualisation, pilotée par la Dgesip (Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle), il existe aujourd'hui un volet dédié au numérique, que les établissements doivent remplir un an avant la signature du contrat quinquennal.

Mais cette procédure arrive un peu tard et les questions liées à la pédagogie sont assez rares. Désormais, ce dispositif couplera numérique et pédagogie et sera proposé deux ans avant la contractualisation, soit avant la phase d'autoévaluation. Cette nouvelle grille permettra aux établissements de se positionner et de choisir leurs axes de développement en la matière, et des questions porteront sur les modalités de formation des enseignants.

Nous avons proposé à quelques établissements de la vague E d'expérimenter cette nouvelle grille, en vue de la généraliser pour la vague A.

Un référentiel métier pour les enseignants-chercheurs
Dans le cadre des discussions autour de l'agenda social, l'idée d'élaborer un référentiel métier pour les enseignants-chercheurs avait émergé. Un groupe de travail (ministère, CPU, Cdefi, CNU, associations professionnelles et réseau des Espé) a travaillé dessus jusqu'en janvier 2017. 

Le document, après avoir été validé par le cabinet de Frédérique Vidal, doit être présenté aux organisations syndicales à l'automne. Il balaie toutes les fonctions de l'enseignant-chercheur : pédagogie, mais aussi recherche, investissement dans les missions collectives, mandats, etc. "Il recensera tout ce qui fait le métier de l'enseignant-chercheur et non tout ce qu'un enseignant-chercheur doit obligatoirement faire au cours de sa carrière", précise Philippe Lalle.
Deux ressources en lignes pour la formation des enseignants
Le ministère, via la Mipnes (Mission de la pédagogie et du numérique pour l'enseignement supérieur) a piloté la création de deux plateformes en ligne, dédiées à la formation des enseignants-chercheurs.

Neopass sup : grâce à des vidéos, la plate-forme propose un ensemble de situations d'intervention pédagogique. Chaque thématique est agrémentée de pastilles consacrées au vécu de l'enseignant, mais aussi des étudiants. Le projet s'inscrit dans l

Post-scriptum: 
Pour Philippe Lalle, la formation pédagogique des nouveaux enseignants est une question de développement professionnel continu. // © Nicolas Tavernier / R.E.A

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