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Le billet du jour

Petit incident dans une station-service de Foyal

Petit incident dans une station-service de Foyal

   Certains soirs, vous vous rendez compte que vous avez oublié d’acheter quelques bricoles indispensables à la vie quotidienne ou alors qu’elles sont épuisées et que vous ne vous en êtes pas aperçu à temps : papier-essuie-main, eau minérale, eau de javel ou tablette de chocolat. Alors, malgré le coût prohibitif desdits produits dans les stations-service (comme quoi il n’y a pas que les Békés qui « foutent du fer » sur les produits de première nécessité), vous vous arrêtez à la première station-service venue dans une banlieue de Foyal. Il est six heures et demi et la nuit vient de tomber.

   Il y a une queue d’environ cinq personnes avant vous. Vous choisissez tranquillement ce dont vous avez besoin avant de vous aligner tout aussi tranquillement dans la queue. Soudain, un type dans la trentaine, hirsute et dépourvu de chemise que vous aviez vu en train de faire de l’essence à l’une des bornes de la station, entre précipitamment, passe devant tout le monde et brandit un paquet de cigarettes :

   __ Sé pa tala moun-lan lé ! Sé patjé blan-an.

   Il tend au caissier un paquet de couleur bleu foncé et ce dernier lui donne en échange un paquet de couleur blanche, lui faisant remarquer au passage qu’il doit donner cinq centimes supplémentaires. Pendant tout ce temps, la queue de cinq personnes attend sans broncher, prenant son mal en patience. Vous supposez que le « moun-la » dont parle le type buste nu est quelqu’un qui se trouve à bord de son véhicule. Il prend trois bonnes minutes avant de trouver le supplément demandé et s’en va quand un type en chapeau, court sur pattes, entre à nouveau dans la station, double tout le monde et lance au caissier :

   __ 7 éwo selman man bizwen fè ba moto-mwen an. Annou fè débouya !

   Le caissier plaisante avec lui et fait la transaction sans aucun égard pour les cinq personnes, dont vous, qui font la queue depuis un peu plus d’un quart d’heure maintenant. Vous vous imaginez l’attente terminée, lorsque le type buste nu réapparait en braillant :

   __Finalman sé blé-a moun-lan lé ! Riba mwen an bwet « NEWS » blé ! Man pa ka fimen, mwen.

   Le caissier sourit, reprend la boite blanche, lui redonne une boite bleue ainsi que les cinq centimes de supplément. Et même plaisante avec lui ! Vous apprenez à l’occasion qu’il existe une marque de cigarettes qui porte le curieux nom de « NEWS ». On apprend toujours dans la vie, n’est-ce pas ? Sauf que ça fera bientôt vingt minutes que vous poireautez dans cette station-service pour acheter deux bricoles et que vous commencez à être « bon épi sa ».

   Dans votre poche, votre portable mis en mode « vibreur » s’agite. Vous le prenez machinalement et commencez à lire le texto qu’un ami vous a envoyé. Hé-hé ! Le caissier fait tranquillement passer le type qui est derrière vous sans vous regarder. Il prend sa bouteille de Chanflor, la met dans un sachet et la lui donne.

   __Qu’est-ce qui se passe ? demandez-vous, ahuri.

   Le caissier explose soudain, le même caissier qui vous a fait attendre vingt minutes et a permis à deux personnes de doubler la queue :

   __Ou adan powtab-ou dépi talè-a ! Mi sé zot la-a, zot ka krititjé lé jenn mé zot pli mové ki yo ankò.

   __Je viens juste de prendre mon portable et…

   __Avan, lè pa té ni powtab, pa té ni sé pwoblem-tala !

   Sa mauvaise foi est si évidente que le type qui se trouvait derrière vous et qu’il a servi avant vous, vous lance à voix basse un « excusez-moi » gêné en s’en allant. Vous payez, prenez votre monnaie et le caissier continue à déblatérer. Vous lui demandez d’arrêter de vous faire des leçons de civilité quand il a permis à deux individus de doubler la queue et que cette dernière (dans laquelle vous vous trouviez) n’a rien dit.

   __Fouté mwen lapé, misié-a ! hurle-t-il en se dressant derrière sa caisse.

   Vous le fixez dans les yeux et vous lui lancez :

   __Ay chié ba’w !

   Et vous abandonnez sur le comptoir les bricoles que vous avez pourtant payées avant de tourner les talons. Il rameute alors un de ses collègues au-dehors sans doute pour lui demander de vous attraper ou vous faire la peau, mais vous avez le temps de monter à bord de votre voiture (pourtant un tacot) et de démarrer sur les chapeaux de roue.

   Césaire parlait, à juste titre, d’ « âmes de morue » et de « mendiants arrogants ». Glissant de « seule colonisation réussie de l’Histoire ».

   Le résultat de tout cela n’est pas beau à voir ni bon à vivre…

Commentaires

gégé | 05/10/2015 - 04:14 :
il faut impérativement dénoncer c connards et porter plainte,,, souvent les patrons n'attendent que ca pour c débarrasser de cette vermine

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