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PETITES PIQURES DE RAPPEL

Raphaël Constant
PETITES PIQURES DE RAPPEL

 L’idéologie (coloniale) dominante est telle qu’on peut penser comme évident ce qui au fond ne l’est pas du tout si on s’en tient aux principes et non à la propagande.

 Ainsi, depuis dimanche, médias dont Martinique Première, nous « bassinent » avec le « référendum » ayant eu lieu en Nouvelle Calédonie qui « serait » la dernière colonie française. Le ministre Lecornu célèbre même ce processus comme une décolonisation à la française.

 Remettons un peu les pendules à la bonne heure.

 Ces consultations en Kanaky n’ont rien à voir après un processus d’autodétermination. Selon le droit international, un tel processus implique de consulter sur son avenir le peuple colonisé, en l’espèce les Kanaks et eux seuls. Les caldoches et autres mélanésiens, installés avec la bonne grâce de la France n’auraient pas eu leur mot à dire dans un vrai processus de décolonisation.

 En fait, les Kanaks ont été contraints, après les violences et les assassinats (dont Eloi Machoro ou de la grotte d’Ouvéa) des années quatre vingt du siècle dernier, de signer, tenant compte du rapport de force, les accords de Matignon puis de Nouméa. Ils n’avaient pas d’autres choix après avoir été réduits à être minoritaires sur leur propre territoire. On sait que la franc-maçonnerie et l’église protestante ont joué un rôle essentiel pour faire que cet accord soit signé.

 Il est faux de dire qu’il y a trois parties, les Kanaks, les caldoches et l’état français. L’état français n’est pas neutre. C’est lui qui a colonisé. C’est lui qui a tué les chefs kanaks pour amener leur tête en France. C’est lui qui a maintenu ce peuple dans la misère. C’est lui qui a poussé à la colonisation de peuplement en rêvant de faire de la Kanaky un petit « Luxembourg ». C’est lui qui organise les élections. C’est lui qui finance ce scrutin. Et c’est son chef qui salue la victoire des anti-indépendantistes !

 Les Kanaks se battent pour retrouver leur indépendance (c’est le fait historique essentiel qui différencie leur situation de la nôtre). La France espère qu’après ce second référendum, les kanaks lâchent. Or, ce que ne comprennent pas les adeptes du colonialisme, c’est que les kanak ne lâcheront pas. S’il faut faire plusieurs référendums pour que la Kanaky accède à l’indépendance, ils en demanderont plusieurs. Et la France devra le faire car (c’est leur avantage) la Kanaky est sur la liste des pays de l’ONU devant être décolonisés.

 Ce qui s’est passé dimanche 4 octobre est une nouvelle étape dans la lutte d’un peuple valeureux, courageux, fondamentalement pacifique que la France a cru réduire à l’état de mendicité.

 Tout à fait autre chose, le Préfet Cazelles a récemment commencé à orchestrer une campagne à propos du chlordécone. Il a même donné une interview à France Antilles (26 et 27 septembre) pour présenter le plan 4 de l’état français. On ne peut être qu’ébahi devant tant de désinvolture et d’absences de sérieux.

 Plan 4. Qu’ont fait les plans 1, 2 et 3 ? Alors qu’il s’agit de sauver un pays, de réparer ce qui a été détruit sciemment par un état criminel en état de récidive (après le génocide des caraïbes, de l’esclavage, de la traite négrière et de l’instauration d’une société inégalitaire), le préfet Gazelles nous annonce des clopinettes.

 L’essentiel est en premier lieu de restituer nos terres, nos rivières, notre littoral marin dans l’état où ils étaient auparavant. Ceci est possible à condition d’y mettre l’argent nécessaire. 

 Rien de tel dans ce plan 4.

 En second lieu, il s’agit d’évaluer le préjudice humain créé par cette catastrophe sanitaire. Il est difficile de croire que l’ARS ou autres services français ignore l’état exact de morts, de malades résultant de l’utilisation de pesticides depuis près de 50 ans en Martinique. Il y a des quartiers d’ouvriers agricoles qui ont été décimés. L’Etat français ment en cachant la vérité. 

 Et la carotte de l’indemnisation de la maladie professionnelle est la mise en place d’une nouvelle arnaque. Qui connaît le capharnaüm du droit de la sécurité sociale en la matière avec les lourdes obligations de preuve sait que dans la meilleure des hypothèses, cela ne pourra concerner, sauf dispositions spéciales, qu’une petite minorité des survivants.

 Bref, ce plan 4 sera comme les précédents, de la poudre aux yeux et quelques cautères sur une jambe de bois.

 Même Letchimy et Lyannaj ne semblent pas accrocher à ce nouveau plan. C’est dire !

 Et n’oublions pas que la procédure pénale dure depuis 2007. Là, le préfet a fait fort. Il a osé dire qu’il a « l’intime conviction qu’elle (la justice) passera, il faut qu’elle passe vite ». Après 14 ans de procédure et plus de 3 décennies après les faits.

 Décidément, ce préfet nous prend vraiment pour des ananas.

 Comme les kanaks auront encore à se battre, il faudra que les martiniquais en fassent de même.

 Pour que la vie triomphe.

 Le 5/10/20

 Raphaël CONSTANT

 Avocat et Militant

Commentaires

Michel P. | 06/10/2020 - 08:05 :
1) Est-il possible de préciser quel droit international prescrit de ne consulter que le peuple colonisé ? 2) Douze experts de l'ONU ont suivi les opérations de vote. 3) Le vote d'autodétermination du 1er juillet 1962 s'adressait à toute la population d'Algérie.

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