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Daniel Boukman aux éditions K. Editions

POULBWA EK BWABWA

Par Jid
POULBWA EK BWABWA

{ {{Jid pè poulbwa é kom sé pa toutafetman an bwabwa, i alé jwenn an met pies adan ékriti téyat.

Voici donc quelques extraits de la rencontre avec Daniel Boukman à l’occasion de la sortie de son dernier livre tout chaud.}} }

{{Jid}} : C’est une pièce bien curieuse et paradoxale, elle est courte mais en même dense pourquoi ?

{{Daniel Boukman}} : Poulbwa ek Bwabwa est structurée de façon impressionniste, C’est une succession de flashes dont l’ensemble constitue la cohérence d’une écriture dramatique spécifique.. Volontairement il n’y a pas de longues tirades par lesquelles les personnages étalent leurs problèmes et autres tourments psychologiques ou existentielles…. Ils ne sont que des pourvoyeurs d’idées qu’ils lancent comme autant de flèches en direction des spectateurs pour les amener à réfléchir face aux images que leur renvoie ce miroir qu’est la pièce avec ses éléments signifiants que sont la parole, les silences, les masques, les chants, les pantomimes, le décor, les accessoires, les lumières et le corps en mouvement des comédiens, ensemble dont l’articulation relève d’un choix esthétique… Les personnages n’existent pas en tant que tels : ils n’ont pas d’épaisseur psychologique ; ils sont là pour re-présenter les aberrations d’une société, la nôtre en particulier, et les menaces qui la visent. D’ailleurs la pièce se termine par l’avancée des comédiens vers le public qu’ils interpellent et c’est alors comme une porte ouverte sur le débat qui est la continuation du discours théâtral, ce qui d’ailleurs allonge d’autant la durée de la pièce.

{{Jid}} : Poulbwa ek bwabwa : c’est une question un peu bwabwa, mais pourrais-tu expliciter ce terme de bwabwa ?

{{DB}} : Le bwabwa dans notre culture est, entre autres, l’équivalent du pantin, de la marionnette occidentale mais parfois nos bwabwa sont d’une telle réussite que leurs manipulateurs n’ont même plus besoin d’en actionner les ficelles… Ils (et elles) se meuvent tous seuls, programmés qu’ils ont été en amont.

{{Jid}} : Et les Poulwa, c’est qui ?

{{D.B}} : Ce sont ceux et celles qui , venus en particulier d’outre-atlantique, s’installent dans notre pays, occupent des espaces et fonctions stratégiques , créent de véritables ghettos, pèsent de plus en plus du poids de leurs votes lors de nos rendez-vous électoraux… Tout le monde en parle en chuchotant. Avec Poulbwa ek Bwabwa, je prends la responsabilité de le dire à haute voix non pas tant pour donner des solutions toutes faites, mais pour qu’avant qu’il ne soit trop tard, la question cesse d’être taboue pour devenir l’objet d’un débat libérée de toute autocensure..

{{Jid}} : D’accord ! Mais ceux auxquels tu fais allusion dans ta pièce, ils ont pour eux la loi. Ne crains-tu pas d’être accusé de racisme, de xénophobie ?

{{D.B}} : Racisme et xénophobie sont en effet les armes de destruction massives brandies contre ceux qui abordent le problème de la nouvelle colonisation de peuplement en cours dans notre pays… En ce qui me concerne, je n’ai pas d’état d’âme face à ces accusations calomnieuses. Ceux qui me connaissent savent que ma conscience est hors de portée de ces maladies honteuses que sont le racisme et la xénophobie : je ne mange pas de ce pain mais je me nourris des sentiments vivifiants du patriotisme que génère la situation départementalo – coloniale actuelle sévissant en Martinique. Demain, quand aura sonnée l’heure de la fin du système qui nous détruit à petits feux, il sera sans doute temps de tempérer ce légitime sentiment patriotique… Ceux et celles que j’appelle les poulbwa ont aujourd’hui pour eux la légalité, mais les privilèges dont ils jouissent sont illégitimes .

{{Jid}} : Tu utilises dans Poulbwa ek Bwabwa le créole et surtout le français, pourquoi ?

{{D.B}} : A l’inverse d’une pièce comme Agoulouland (mise scène par Bérard Bourdon du Poutji I Pa Téyat et jouée, l’an dernier, une douzaine de fois à Fort-de-France et dans plusieurs communes) où l’emploi de la langue créole est majoritaire, l’usage du français est prédominant dans Poulbwa ek Bwabwa. Il n’aurait guère été crédible de faire les personnages « métropolitains » chevilles ouvrières du système, parler créole. Toutefois, les répliques en créole du métafè, bien que minoritaires, sont d’une grande portée symbolique…J’ai en projet d’écrire une pièce dont la thématique sera entièrement développée en langue créole.

{{Jid}} : A quand une mise en scène de Poulbwa ek Bwabwa ?

{{DB}} : Cela ne dépend pas de moi. Poulbwa ek Bwabwa, publié par K.Editions avec une magnifique illustration en couverture, est disponible en librairie. En attendant qu’une troupe de théâtre parvienne à réunir les conditions permettant une mise en scène, des lectures d’extraits sont envisagées.

{{JID}}
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