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Pour une mobilisation populaire en faveur des moyens et petits planteurs de canne

Pour une mobilisation populaire en faveur des moyens et petits planteurs de canne

   Quel rapport entre deux événements qui ont marqué dernièrement l'actualité martiniquaise (la mobilisation populaire en faveur d'ANTILLES-TELEVISION et la descente d'une centaine de panafricanistes menés par Kémi SEBA au supermarché Génipa, propriété du Béké Bernard HAYOT) et ce qui est un non-évènement (la situation financière dramatique des moyens et petits planteurs de canne du Galion) ?

   Aucun rapport à première vue, pensera-t-on !

  Mais à bien regarder, il y a bel et bien un lien entre ces trois réalités. Ou plus exactement des liens. D'abord, le fait que les Martiniquais ont tout à fait la capacité de se mobiliser pour une cause et de mettre la main au portefeuille puisque les salariés d'ATV qui avaient besoin de 350.000 euros en ont récolté presque 20.000 de plus. Ni lajan an péyi-a ! Ces mêmes Martiniquais ont également la capacité de se mobiliser pour adresser un avertissement aux Békés puisqu'aux 150 ou 200 manifestants du centre commercial Génipa, il faut ajouter les milliers qui ont été d'accord avec cette opération coup de poing contre "le sucre, symbole de l'esclavage". Ces milliers qui ne se sont pas déplacés l'ont fait savoir sur les réseaux sociaux.

   Or, la situation des moyens et petits planteurs de canne, tout le monde s'en fout !

   Pourtant, cela fait belle lurette que la totalité des "habitations" n'appartient plus aux Békés. Cela fait des décennies qu'une classe de moyens et petits planteurs "de couleur" s'est constituée et contribue vaille que vaille à ce que nous continuions à produire du sucre martiniquais. Si ça se trouve, les paquets de sucre saisis par les militants panafricanistes au supermarché de Génipa ont été produits par ces travailleurs, ces personnes qui font le plus rude travail qui puisse se concevoir en climat tropical (l'équivalent du travail de la mine en climat tempéré). Diaboliser donc le sucre de canne parce qu'il fut lié à l'esclavage, c'est oublier que l'indigo, puis le café dans nos nos îles antillaises ou le coton dans le sud des Etats-Unis ont longtemps rivalisé avec lui, voire lui ont damé le pion à certaines époques.

   Ne commettons-nous pas une erreur en ciblant un produit ou une production alors qu'il/elle n'ont été que fortuitement, ou plus exactement par les hasards de l'histoire, liés à l'odieuse institution esclavagiste ? La meilleure preuve en est que l'on continue à les cultiver alors que l'esclavage a disparu depuis plus d'un siècle et demi et mieux, qu'une grande partie des planteurs sont des descendants d'esclaves ?

   D'autre part, si la liberté de la presse est importante (mobilisation pour ATV) et si la dénonciation du pouvoir béké (mobilisation à Génipa) l'est tout autant, ne faudrait-il pas une mobilisation massive pour nos moyens et petits planteurs de canne ? Car il faut être bien conscient que leur faillite non seulement plongera dans le désarroi, voire la misère, des centaines de familles, mais affaiblira grandement les capacités de production de notre pays déjà bien fragiles.

   Faire des actions symboliques, c'est bien. Agir concrètement, c'est mieux.

   La Martinique ne peut pas décider ou accepter de ne plus produire du sucre. Et si nos politiques sont interpellés au premier chef, eux qui disposent des centaines de millions d'euros d'aides franco-européennes, c'est aussi au peuple martiniquais de prendre les choses en main comme il a su le faire pour sauver une chaîne de télévision locale ou pour dénoncer l'exploitation capitaliste békée...  

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