Alors que presque aucune arrestation n'avait marqué les vingt-six premiers jours de grève en Guadeloupe, la situation s'est tendue, lundi 16 février. Douze personnes ont été interpellées et une quarantaine d'autres étaient en passe de l'être, autour de barrages routiers érigés par les manifestants, notamment au Gosier, près de Pointe-à-Pitre.
Les forces de l'ordre ont démantelé neuf barrages érigés tôt le matin par les grévistes du collectif LKP contre la vie chère et la "profitation", mais de nouveaux barrages de fortune étaient bâtis à la hâte un peu plus loin, selon des témoins, sur fond d'échauffourées. Les manifestants interpellés, dont certains portaient cagoule et masque de chirurgie, se voient reprocher des "entraves à la circulation", et des "violences à l'encontre des forces de police avec jets de pierres", selon une source policière.
Des grévistes ont de leur côté déploré des "actions violentes" de la police vis-à-vis des interpellés. Un des responsables du LKP, Alex Lollia, s'est vu délivrer à l'hôpital cinq jours d'interruption temporaire de travail (ITT) après avoir été blessé sur un barrage routier dégagé par la police.
A sa sortie de l'hôpital, il portait une minerve. Il a expliqué aux journalistes présents : "les CRS sont arrivés en masse, ils ont commencé à nous frapper et à lancer des gaz lacrymogènes. C'était excessivement violent". Le syndicaliste a affirmé avoir entendu des policiers proférer des insultes racistes.
Jeudi, sur Canal 10, chaîne créole très écoutée sur place, le leader du LKP Elie Domota avait lancé une sévère mise en garde: "Si quelqu'un blesse un membre du LKP ou un manifestant guadeloupéen, il y aura des morts."
Pendant le week-end, M. Domota avait durci le ton, accusant une nouvelle fois le gouvernement de manquer à sa parole et avertissant que le mouvement contre la vie chère allait "s'amplifier", faute d'une garantie de l'Etat dans les négociations salariales.