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Procès des activistes : le verdict de la honte, oui, mais...

Procès des activistes : le verdict de la honte, oui, mais...

 D'aucuns s'indigneront, protesteront, crieront au verdict de la honte suite aux condamnations que viennent de subir trois activistes martiniquais. Et avec raison !

 Seulement, la Martinique ne changera pas avec des révolutionnaires-Facebook, des messages-whatsap ou des vidéos. Ni même avec cinq cents militants massés devant le Palais de "justice" brandissant des drapeaux rouge-vert-noir. Ni non plus avec des blocages réguliers de supermarchés békés puisque dès le lendemain, ils sont à nouveau bondés. Encore moins avec le secours de panafricanistes étrangers tel Alexandre Capo-Chichi dit Kémi Séba. Et surtout pas avec ce délire noiriste qui pollue depuis quelque temps notre juste lutte pour l'accession à la souveraineté nationale.
 
                                                 COMPERE-LAPINISME
 
 Car force est de constater que les 79% de Martiniquais qui ont rejeté, en 2010, cette poussière d'autonomie que pouvait être l'Article 74, sont indifférents au sort de ces activistes en dépit de la multitude de posts indignés que l'on voit fleurir sur les réseaux dits sociaux (Il est si facile d'aboyer "Fuck la France ! " sur son mur Facebook). Or, ce sont ces mêmes 79% qui votent et élisent des...indépendantistes comme maires, président de collectivité ou parlementaires depuis au moins 30 ans !!! Il y a là comme un problème mental : je suis contre l'indépendance mais je vote régulièrement pour faire élire des indépendantistes. Comprenne qui pourra ! Et en cas de référendum (bien improbable) sur l'indépendance, les Martiniquais seraient de toute évidence 90% à dire "NON".
 En réalité, il ne s'agit aucunement d'un problème mental mais de compère-lapinisme.
 C'est ce compère-lapinisme qui a fait le lit du noirisme. C'est parce que les indépendantistes l'ont accepté en se cachant derrière des excuses-bidon ("C'est le peuple qui décide !", "Ne pas aller plus vite que le peuple" et blablabla) et qu'ils ont accepté de gérer le système colonial ou néocolonial que la revendication de souveraineté nationale a cédé le pas devant la revendication afrocentriste. Revendication qui nous transforme ou a tout l'air de nous transformer en "Noirs américains des Français" ! Sauf que nous ne vivons pas sur le même territoire que ces derniers, nous avons une langue, une musique, une cuisine, une architecture, une pharmacopée etc. différentes de celles de la France. Nous sommes un peuple ! Ou une Nation, si l'on préfère.
  Or, toute Nation a vocation à devenir un Etat.
 
                                                            CREDIBILITE
 
  Mais, pour crédibiliser un tant soit peu l'idée d'indépendance chez les Martiniquais leur avons-nous jamais présenté un programme sérieux ? Sommes-nous déjà allés voir comment se bâtit le budget national des micro-états insulaires ? Là, on peut comprendre le peuple : il veut savoir comment on paiera les pompiers, les infirmiers, les postiers, les enseignants, les magistrats etc. Il veut savoir comment nous règlerons notre facture pétrolière et gazière annuelle. Nos chef d'entreprises veulent savoir quelle unité  monétaire nous utiliserons pour pouvoir exporter/importer. Toutes ces interrogations sont parfaitement justifiées. Or, que répondent les indépendantistes de tous bords depuis 30 ans ? Rien ! La partie d'entre eux qui a été élue gère tranquillement le système en place ; l'autre partie, non élue, se complait dans des slogans fumeux : "le pouvoir au peuple", "la fin du règne des Békés", "l'internationalisme prolétarien" ou "l'unité du Monde noir".
   Tout cela n'est pas très sérieux.
  Il n'y a pas besoin d'avoir un doctorat en géopolitique pour savoir que les Etats-Unis n'accepteront jamais un état marxiste ou marxisant dans ce qu'ils considèrent comme leur arrière-cour à savoir la Caraïbe. Ils étranglent Cuba depuis plus d'un demi-siècle, ils sont intervenus militairement en Haïti, à Saint-Domingue, au Guatemala, à Grenade et tentent de renverser Maduro, le président du Venezuela. Faire donc croire au Martiniquais qu'on pourra réaliser ce que ces pays beaucoup plus peuplés et plus vastes que le nôtre n'ont pas réussi à faire est une plaisanterie. Au début du siècle dernier, un président mexicain (dont le pays est 4 fois plus vaste que la France) se lamentait ainsi : "Si près des Etats-Unis, si loin de Dieu !".
  Il nous faut donc être réalistes et cesser de nous raconter ou de raconter au peuple des histoires : ce que nous pourrions au mieux avoir, c'est une indépendance à la barbadienne. Ce n'est pas le paradis, ce n'est pas du tout le paradis, mais c'est "moins pire" que "cette version du paradis absurdement ratée" (A. Césaire) qu'est la Martinique. Oui, moins pire ! Car il y a danger pour nous de disparaître en tant que peuple au sein du grand ensemble franco-européen. C'est ce processus mortifère qu'E. Glissant appelait "l'hawaïsation". En termes plus prosaïques et pour que Ti Sonson comprenne bien de quoi il s'agit : la goutte de café martiniquaise finira par se diluer complètement dans l'hectolitre de lait franco-européen. C'est couru d'avance !
  Toutefois, lutter contre "l'hawaïsation" ne signifie aucunement mener une guerre raciale. L'Afrique du Sud n'a pas éliminé ses Békés ("Afrikaners"), elle a même mis en place des "Comités Vérité et Réconciliation" et donc se complaire dans des dénonciations à caractère racialiste est une impasse. Les Békés suprématistes sont  certes nos ennemis mais pas l'ensemble de la communauté békée. Regardons ce qui s'est passé dans la Caraïbe indépendante ! Ont-ils jeté leurs Blancs créoles à la mer ? Non ! Ils les ont mis au pas. Et là, c'est aux Békés non suprématistes de faire un geste vers nous, ne serait-ce que pour leur propre survie à long terme. L'exemple des Pieds-noirs d'Algérie devrait leur servir de leçon. Le jour où un Béké se proclamera ouvertement autonomiste, voire même indépendantiste, beaucoup de choses changeront. Malheureusement, ils préfèrent continuer à couillonner les Nègres avec des tentatives de diversion comme l'association "Tous Créoles" qui est une honteuse déformation de la Créolité (tout comme le duvaliérisme fut une honteuse déformation de la Négritude). Ils paieront forcément un jour leur aveuglement et la facture sera lourde.
 
                                                 PIED DU MUR
 
  La Martinique et les Martiniquais sont au pied du mur : soit ils se décident à se séparer de la "Mère-patrie" dans l'amitié  soit ils disparaîtront tôt ou tard. Certes, cette séparation entraînera des sacrifices, de gros sacrifices même, mais c'est le prix à payer pour que nous continuions à exister en tant que peuple à part entière. Sans haine du Béké ni du Blanc, sans illusions marxisantes, sans délire afrocentriste ou rastafariste.
   L'île d'Antigua, au nord de la Guadeloupe est, avec ses 281 KM2, est 5 fois plus petite que la Martinique et est pourtant indépendante. Pourquoi pas nous ?
  (NB. Ceci dit les Martiniquais peuvent parfaitement choisir de rester français ad vitam aeternam, comme Hawaï est américaine, mais à ce moment-là, il faut qu'ils arrêtent de râler contre les "Blancs", contre la justice coloniale, contre le génocide par substitution et blablabla. On ne peut pas avoir tout le temps le beurre, l'argent du beurre et l'arrière-train de la fermière en prime.) 

Commentaires

Michel P. | 30/08/2020 - 07:59 :
Je me souviens de ce qu’on appelait les «printemps arabes». Il s’agissait d’une offensive généralisée contre les dictateurs qui gouvernaient la plupart des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. On espérait le succès de ces soulèvements populaires, l’avènement d’une véritable démocratie. Enthousiastes, certains souhaitaient l’équivalent d’un «printemps arabe» en France. Je faisais remarquer qu’une révolution est une situation ouverte qui peut conduire à mieux, à la même chose ou à pire. Quand on considère les pays concernés aujourd’hui, on peine à discerner le mieux. C’est la même chose ou c’est pire. Le constat est décevant. Il montre seulement qu’une dictature, qu’elle soit civile, militaire ou religieuse, est toujours prête à remplacer une dictature déchue. Et que les puissances étrangères intriguent, pour que l’instabilité révolutionnaire se stabilise dans le sens de leurs intérêts. En tout état de cause, plus personne ne se réclame des «printemps arabes».
michel mirgan | 30/08/2020 - 16:25 :
Pourquoi nos "indépendantistes" détestent-ils Barbade ou Maurice? Réponse :ce sont des économies libérales.. .Ces messieurs veulent instaurer le socialisme ! !Un système qui a échoué économiquement partout (et je ne parle même pas de sa structure politique ;Parti et pensée unique ,journaux et médias uniques ,flicage généralisé,monopartisme etc..) L'Urss et ses 22 millions de km2 ,la Chine et ses 1,2 milliard d'habitants n'ont pas pu vaincre le capitalisme ,mais c'est la Martinique et ses 360000 habitant qui le pourra !!!Quant à Cuba ,y'a qu'à organiser des élections vraiment libres ouvertes à tous les partis et on verra!! Ces messieurs devraient faire passer avant tout la lutte pour la souveraineté d'autant que la prolétariat sur lequel ils comptaient pour faire la révolution socialiste se sent très bien dans ce système de consommation libérale dont il adopte hélas jour après jours les symboles, même les pires.

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