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QUAND LA CORRUPTION COULE LA BARBADE...

Raphaël Confiant
QUAND LA CORRUPTION COULE LA BARBADE...

   Un certain nombre de gens considèrent que le combat que nous avons mené au sein de l'Université des Antilles contre la corruption qu'y faisait régner depuis a moins deux décennies, un laboratoire de recherches aujourd'hui disparu, était exagéré. Il a fallu que ses responsables soient révoqués par deux fois de la fonction publique pour que, du bout des lèvres, ces mêmes gens consentent à admettre l'évidence. 

   Et encore rien n'est gagné puisque le volet pénal, lui, tarde à venir, et que l'affaire a connu 3 juges d'instruction en...3 ans et demi !!! Ce qui est du grand n'importe quoi. Nous y reviendrons...

    Pour l'heure, intéressons-nous à la Barbade, ce petit état indépendant de la Caraïbe-Sud, qui a fêté cette année le 51è anniversaire de son indépendance et dont les performances économiques et la bonne santé démocratique ont toujours fait l'admiration des observateurs. Barbade, qui se flatte de son surnom de Little England, a longtemps été un modèle. Très longtemps même. Et puis 2008 est arrivé avec sa méga-crise financière mondiale ! Rappelons-nous : Lechman Brothers, le trader véreux MADOFF, Wall Street qui dévisse jour après jour etc...Il a fallu l'intervention massive des banques centrales américaine et européennes pour éviter un krach mondial de l'ampleur de 1929.

    La plupart des pays du sud en ont évidemment pris plein la figure. Barbade n'y a pas échappé. Sauf que ce pré-krach, évité de justesse, a permis de révéler quelque chose d'effarant au sein de la vertueuse "Petite Angleterre" : la corruption généralisée au sein des services publics. On se frotte les yeux ? Quoi ? La Barbade aussi ? Ben oui, mon cher WATSON, hélas, oui ! Exemples : des contrats de plusieurs millions de dollars attribués sans appel d'offres. En Martinique, c'est pas grave car le "Papa Blanc" va payer. Je stocke des centaines de cartons de l'ex-Conseil régional dans le vide sanitaire de la Bibliothèque universitaire sans aucun appel d'offres et ça passe comme une lettre à la poste. Pourtant, tout bon citoyen français, fut-il naturellement bronzé comme nous, sait qu'un appel d'offres est obligatoire dès lors qu'un marché dépasse 90.000 euros. Celui de la Bibliothèque Universitaire était de...120.000. Bref...

   Continuons...Des millions de dollars ont été dépensés pour des frais de consultants toujours dans la Petite Angleterre. Bof ! Dans la Petite France, notre chère île aux fleurs (fanées), c'est un truc courant. Banal même. A l'Université, les révoqués dont nous avons parlés plus haut, étaient devenus d'éminents experts en montage de dossiers européens pour lesquels il leur arrivait de faire appel à des consultants basés à Bruxelles grassement rémunérés. Sauf qu'à Barbade, de telles pratiques coulent le pays alors que chez nous, le Papa Blanc a coutume de boucher les trous financiers, de détourner le regard ou de fermer les yeux.

   Poursuivons...L'audit réalisé, suite à la crise financière de 2008, a ensuite permis de découvrir un système d'embauches clientélistes d'une ampleur inégalée dans quasiment tous les services publics barbadiens. Re-bof ! En Martinique, rien de bien extraordinaire. Les élections approchent, disons les territoriales de 2015, eh bien, j'embauche à tours de bras dans les quelques 80 organismes dépendants de la Région. Les CDD se multiplient comme les pains du type de Nazareth. Parents, amis, alliés, concubines, fanm-déwò, yich-déwò etc...tout le monde sera servi. Pas grave ! Le Papa Blanc paiera ou fermera les yeux. Comme d'habitude. Comment appellent-ils ça déjà, nos chers journalistes ? Ah oui, "la paix sociale outremer" !

   A Barbade, pays indépendant, il n' a pas de Papa Blanc et la  vénérable reine d'Angleterre est presque sourde des deux oreilles. Résultat : le pays, suite à tous ces actes répétés de corruption durant des décennies, se retrouve quasiment au bord de la faillite. Oui, ce modèle qu'il a été pour la Caraïbe et les petits pays du Sud en général est à genoux ! Pour ne pas sombrer, il est contraint de s'agenouiller devant le FMI et de solliciter un prêt de 290 millions de dollars afin de renflouer ses réserves de devises. Puis, la Première Ministre est contrainte de procéder au licenciement de 1.500 employés du secteur public (il faut bien sûr multiplier par quatre le nombre de gens__les familles__impactées par cette décision). Pire : le pays doit céder au secteur privé les sites touristiques gérés par l'Etat, se privant de précieuses ressources financières.

   On comprend mieux pourquoi en Chine, la corruption, surtout celle des fonctionnaires, est passible de, la peine de mort...

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