Alors que les élections à la présidence de l'Université des Antilles approchent à grands pas, on entend et on lit tout et n'importe quoi sur les blogs et surtout les réseaux sociaux, certains (es) qui ne maîtrisent pas ce dossier s'imaginant pouvoir éclairer le grand public.
Sauf qu'en vertu du dicton selon lequel Neg pa ni mémwè, il importe de rafraîchir la mémoire des uns et des autres sur un certain nombre de données factuelles qui permettent de saisir de quoi il en retourne exactement depuis une dizaine d'années déjà et pourquoi notre université tangue d'aussi dangereuse façon, le spectre de la scission (à savoir deux universités distinctes : une pour chaque île) n'étant malheureusement pas du tout écarté.
LES FAITS, RIEN QUE LES FAITS, voilà ce sur quoi il faut D'ABORD s'appuyer avant toute analyse de la situation et comme chacun sait, les faits sont têtus !
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Lors des discussions, concernant les statuts de l’Université des Antilles en 2015, le pôle Guadeloupe a exigé que soit acté officiellement le principe d’alternance dans la nouvelle loi sur l’UA. Ce principe n’existait pas avant, vu qu’il n’y avait eu en 30 ans d’UAG aucun président guyanais. Donc les partisans de l’alternance le sont d’une alternance entre Guadeloupéens et Martiniquais uniquement, puisqu’aux dernières élections, il y a avait face à l’unique candidat guyanais, 4 candidats guadeloupéens. Ce sont les mêmes qui ont exigé le principe d’alternance en 2015 qui décident de le supprimer aujourd’hui, en considérant que la Guadeloupe a été victime de 10 ans de présidence martiniquaise entre 2008, sans tenir compte de l’histoire globale des présidences qui montre un nombre exactement égal de présidences « guadeloupéennes » et de présidences « martiniquaises », qui sont, en fait, des présidences du pôle Guadeloupe et des présidences du pôle avant la présidence d’Eustase Janky :
Présidents de l’UAG issus du pôle universitaire de Guadeloupe :
Présidents de l’UAG issus du pôle universitaire de Martinique :
Il est important de rappeler que cette proposition, formulée en 2015 par la gouvernance de Corinne Mencé-Caster et soutenue par le Sénat, a été violemment rejetée par le député Victorin Lurel et ses soutiens : Didier Destouches, Michel Geoffroy et Eustase Janky alors membres du Conseil d’Administration de l‘UAG.
Dans la proposition du « ticket à trois » de 2015, tel que l’a combattu vigoureusement Victorin Lurel, alors député, il était que le (la) candidat(e) à la présidence ne puisse imposer au pôle un vice-président de pôle dont le pôle ne voudrait pas. Le candidat à la présidence devait donc établir une liste de trois noms de candidats potentiels, après concertation avec les membres du pôle, et les élus au conseil de pôle devaient voter en faveur d’un des trois candidats de cette liste.
Ce n’est absolument pas ce qui est proposé aujourd’hui et cela change tout en bafouant la démocratie au sein du pôle, puisque le (la) candidat(e) à la présidence choisit purement et simplement son (sa) candidat(e) !
Quoi qu’il en soit : deux choses sont à retenir !
Les principaux acteurs universitaires et politiques en Guadeloupe adoptent des positions complètement inverses, selon que la présidence sera martiniquaise ou guadeloupéenne.
Ainsi, après s’être offusqués ouvertement devant les plus hautes instances de l’État français que le principe d’alternance n’avait pas été respecté en 2013 , voilà que ces acteurs guadeloupéens annulent purement et simplement ce principe d’alternance dans la révision « express » des statuts de l’UA qu’a effectuée Eustase Janky en 2020. Et ce, juste afin que Michel Geoffroy puisse se présenter à la présidence. Une révision sur mesure donc !
Après avoir attaqué de manière virulente, l’option du « ticket à trois », voilà que, quand c’est leur tour, ils l’adoptent et s’en glorifient, comme s’ils en avaient eu la paternité, sans jamais faire la moindre allusion ni référence à l’histoire de ce « ticket à trois » ni au déni de démocratie qu’ils lui ont fait subir.
On a beau jeu aujourd’hui de brandir le principe de l’autonomie des universités quand, en 2015, lors de la présidence de Corinne Mencé-Caster, Victorin Lurel et Serge Letchimy faisaient sans cesse des rencontres au sommet sur l’université, sans jamais inviter la présidente Mencé-Caster, et quand Victorin Lurel, à l’Assemblée Nationale, jouait à l’hyper-président de l’UA.
Mais, créer des hommes et des femmes sans mémoire, sans vision du passé, n’est-ce pas l’enjeu d’aujourd’hui ? Heureusement les documents sont là : procès-verbaux des conseils d’administration, rapports du Sénat, de l’Assemblée Nationale pour témoigner des manigances et intrigues des uns et des autres.