Steve "Fola" GADET, maître de conférences en anglais à la Faculté des Lettres et Sciences humaines (campus de Schoelcher) de l'Université des Antilles, écrivain et rappeur, nous démontre l'exact contraire dans un livre décapant, "Discours sur le néo-colonialisme" qui fait pendant au fameux "Discours sur le colonialisme" (1950) d'Aimé CESAIRE. Près de trois-quarts de siècle séparent donc ces deux ouvrages, mais on y retrouve le même souffle, porté par une saine indignation, le même sens de la formule-choc et surtout la même vision humaniste.
Mais l'ouvrage de S. GADET n'est en rien un remake de celui d'A. CESAIRE même s'il lui arrive de dialoguer avec ce dernier, notamment sur la question des réparations de l'esclavage. "Discours sur le néo-colonialisme" évoque, en effet, notre aujourd'hui, notre présent, l'intenable et invivable situation dans laquelle nos deux îles, la Guadeloupe et la Martinique, se sont retrouvées et cela pour plusieurs raisons qu'expose avec force l'auteur : le comportement colonial de la classe békée, la complaisance d'un Etat français soucieux de préserver ce qu'il appelle "la paix sociale en outremer" et la démission des élites de couleur enfoncées jusqu'au cou dans un hédonisme suicidaire.
Nous reviendrons en détail sur un texte dont on peut déjà dire qu'il fera date dans la littérature francophone antillaise et même au-delà, dans ce que l'on appelle aujourd'hui les pays du Sud. Après le "Discours sur le colonialisme" (CESAIRE), après Peau noire, masques blancs (FANON), après Le Discours antillais (GLISSANT), après l'Eloge de la Créolité (BERNABE-CHAMOISEAU-CONFIANT), voici donc le Discours sur le néo-colonialisme d'un jeune et brillant esprit antillais !
Nou pa ka moli ba pèsonn !...