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QUEL BILAN POUR "LE GRAND SAINT-PIERRE" ET "L'EMBELLIE DES TROIS-ILETS" ?

QUEL BILAN POUR "LE GRAND SAINT-PIERRE" ET "L'EMBELLIE DES TROIS-ILETS" ?

   Après 5 années de mandature PPM au Conseil régional et à la veille de la disparition de ce dernier (par fusion avec le Conseil général), il convient de tirer le bilan des actions et donc des promesses de Serge Letchimy et de ses amis : 5.000 emplois, 17 zones d'activité économique, achèvement du TCSP, lycée de transit de La Maternité, Tour Lumina, Grand Saint-Pierre et Embellie des Trois-Ilets etc...Car impressionnantes furent les annonces au lendemain de la conquête du pouvoir en 2010. On allait voir ce que l'on allait voir ! Ces "boutiquiers" qu'étaient les Patriotes et sympathisants non seulement en prendraient pour leur grade, mais recevraient dans le même "balan" une véritable leçon de gestion imaginative et participative.

   Nous commencerons ce bilan par le Grand Saint-Pierre et l'Embellie des Trois-Ilets dont, comme chacun sait, l'écrivain Patrick Chamoiseau, "plume" supposée de Serge Letchimy en maintes occasions, fut et est encore le Grand Architecte. Il s'agissait, nous avait-on expliqué, de mettre l'imaginaire au pouvoir afin de redonner vie non seulement à la ville martyre et à ses ruines, mais aussi à l'ensemble du Nord-Caraïbe du Prêcheur à Case-Pilote. Au Sud, l'ambition était à partir des Trois-Ilets, d'impulser un rayonnement à la fois culturel et économique qui, si l'on comprend bien, irriguerait petit à petit les communes avoisinantes.

   Au départ, la nomination de Chamoiseau avait suscité stupéfaction chez les uns, colère chez les autres ou encore indignation chez d'autres au motif qu'un écrivain n'est ni un architecte ni un urbaniste ni un aménageur ni un économiste et que le notion d'"imaginaire" que le Prix Goncourt 1992 mettait en avant relevait de la fumisterie. Cette réprobation n'a pas émané des seuls rangs de l'opposition, mais au sein du PPM lui-même où, sous le boisseau, d'aucuns critiquaient l'emprise de l'écrivain sur...l'urbaniste. Pourtant, la notion d'imaginaire n'a absolument rien...d'imaginaire. Notre mode d'accès à la réalité, notre appréhension de la réalité, relève de l'imaginaire à la fois individuel et collectif. Personne n'a un accès direct au réel et il est parfaitement idiot de déclarer, comme on l'entend dans certains meetings ces temps-ci, "j'ai construit 12kms de route ou j'ai fait mettre un système de surveillance des personnes âgées et je ne suis pas dans l'imaginaire, moi !".

   La réalité est une construction de notre imaginaire et non une donnée brute et n'importe quel lycéen de classe Terminale sais cela. N'importe quel publicitaire ou djihadiste inculte aussi : j'invente un super slogan pour Coca-Cola et tout le monde finira par croire que ce breuvage est meilleur que Pepsi-Cola ; je promets 72 vierges au paradis à des jeunes désorientés et ils se font exploser pour y aller au plus vite. Ce sont deux exemples certes extrêmes mais ils témoignent de ce que la totalité de notre appréhension du réel relève de l'imaginaire. C'est encore la puissance de notre imaginaire et dans les cas qui suivent, de la manipulation de notre imaginaire qui font les Noirs se défrisent les cheveux ou se blanchissent la peau et que les Asiatiques se font débrider les yeux. Pas parce que cheveux crépus, peau noire et yeux bridés sont objectivement inférieurs aux cheveux lisses, à la peau blanche et aux yeux ronds.

   Il faut donc se garder de confondre "imaginaire" et "imagination", cette dernière notion signifiant la capacité d'un esprit à bâtir une histoire, à construire un récit ou une intrigue. Ou à fomenter un complot.  Mais sans doute est-ce trop compliqué à comprendre pour des politiciens à la petite semaine qui croient que développer un pays, surtout un pays mentalement colonisé et donc décérébré comme la Martinique, revient juste à construire 3kms de route pour désenclaver tel quartier. On comprend qu'avec pareil entourage Aimé Césaire déclarait à un ami français "être exsangue" chaque fois qu'il quittait la Martinique.  Donc, non, le projet du Grand Saint-Pierre et de l'Embellie des Trois-Ilets n'étaient aucunement idiots ou infondés en soi. Bien au contraire, il s'était agi, du moins sur le papier, de la première, la toute première tentative, de sortir de la politicaillerie et du ronron habituel qui font la plupart de nos politiciens ressembler à de petits notables de province française propres sur eux et sans projet qui puisse galvaniser qui que ce soit. Petits notables style IIIè République en plus...

   S'agissant du Grand Saint-Pierre, l'idée d'organiser des "ateliers d'imaginaire" au sein desquels la population pierrotine viendrait s'exprimer et surtout dire comment elle concevait l'avenir de sa ville, n'était pas stupide non plus. On peut toujours décider d'agir d'en haut, sans consultation, et tracer une voie ici, déplacer un bâtiment par là, construire un jardin public par ici. Ca, ce n'est pas difficile du tout. Cela a un nom : la technocratie. Plus difficile est d'impulser un projet à la fois ambitieux et dans lequel la population à son mot à dire. Et selon ce qui a été annoncé, une quinzaine d'ateliers d'imaginaires se sont en effet tenus à travers Saint-Pierre. Et Patrick Chamoiseau s'est entouré au fil du temps d'une cohorte d'architectes, d'urbanistes, de sociologues, d'historiens etc...Il a même fait appel à des conférenciers étrangers de valeur.

   Or, pourquoi un si beau projet a-t-il accouché d'une souris ? Pourquoi dans l'esprit de l'immense majorité des Martiniquais, il se résume à la quinzaine d'étranges totems fichées à l'orée de la ville martyre ? Mystère ! Ce que l'on peut donc reprocher à Chamoiseau et à son équipe, c'est non pas le Projet Grand Saint-Pierre en lui-même, mais bien la non-réalisation du Projet Grand Saint-Pierre. Cette non-réalisation s'inscrit dans l'ensemble des belles promesses non tenues du PPM. Qui serait contre la création de 5.000 emplois ? Personne ! Qui s'opposerait à la mise sur pied de 17 zones d'activités économiques ? Personne ! Personne de sensé en tout cas.

   Les promesses n'engagent que ceux qui y croit, dit-on. Eh bien, en janvier 2010, le peuple martiniquais a cru aux Letchimy, Conconne, Chamoiseau, Robin etc...et leur a donné le pouvoir. L'heure du bilan est arrivée. Ce même peuple sera-t-il assez lucide pour se rendre compte qu'il s'était lourdement trompé et renverra-t-il tout ce beau monde dans ses foyers au soir du 6 (ou alors du 13) décembre prochain ?

   Qui vivra verra...

 

Commentaires

KREYOLIA | 28/11/2015 - 19:06 :
Qu'ont-ils fait comme investissement? Rien.A quoi a servi tout l 'argent dilapidé?

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