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Rééditer les grands textes littéraires en langue créole

Rééditer les grands textes littéraires en langue créole

   Publié en 1985, Bitako-a, troisième livre entièrement en créole de Raphaël CONFIANT, est republié en cette année 2018 soit trente-trois a plus tard. Au moment de sa parution, le créole était encore tenu en-dehors du système scolaire et il n'existait ni Licence ni Master de créole au sein de notre université. Et le CAPES de créole était, quant à lui, inimaginable. C'est dire que ce roman n'avait guère connu de succès, faute de lecteurs, mais aussi de recension dans les médias. Bref, la littérature créolophone n'existait pas ! Même si bien avant CONFIANT des auteurs aussi talentueux que Gilbert GRATIANT, Marie-Thérèse LUNG-FOU ou Georges MAUVOIS, pour ne s'en tenir qu'à la Martinique, avaient déjà publié des livres entièrement en créole.

   Trois décennies plus tard, le paysage littéraire a complètement changé. Le Mouvement de la Créolité (Jean BERNABE, Patrick CHAMOISEAU, Raphaël CONFIANT) et son fameux manifeste, Eloge de la Créolité (1989), sont venus bousculer le paysage littéraire martiniquais, mais aussi plus largement antillais. Les théories de la Créolisation d'Edouard GLISSANT ont connu un retentissement mondial. Entre temps, l'enseignement du créole a pris son essor d'abord à l'université, puis dans l'enseignement secondaire et, plus tard, à l'école primaire. Certes, il ne s'agit que d'un enseignement optionnel qui ne rassemble qu'environ 30% des élèves martiniquais (contre 67% en Guadeloupe), mais quelque chose s'est débloqué quant au rapport que nous entretenons avec notre idiome maternel.

   Si le travail des militants du créole (association Bannzil kréyol, Dikté kréyol etc.) a fortement contribué à ces avancées, celui des éditeurs l'est tout autant, grâce notamment à la publication de bandes dessinées en créole. L'éditeur Caraibéditions, entre autres, a joué un rôle considérable à ce niveau. Sinon au niveau des radios (des radios-libres surtout) et des télévisions (surtout privées), le créole a réussi à se forger une place non négligeable, même si la qualité de la langue utilisée laisse beaucoup à désirer.

   Voici donc venue pour les livres en créole l'heure des rééditions ! Quel plus beau signe d'une vitalité de ce type d'ouvrages que le fait de les remettre sur le marché alors qu'auparavant, ils se retrouvaient sagement rangés sur les rayons des bibliothèques dans l'attente d'improbables lecteurs. Mais la réédition de Bitako-a trois décennies plus tard est aussi un petit événement grâce à la préface de feu Jean BERNABE. Forte d'une bonne cinquantaine de pages, ce qui est rare pour une préface, ce qui constitue l'ultime travail universitaire, la dernière réflexion scientifique du fondateur du GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole), au sein de l'Université des Antilles-Guyane, puis des Antilles, fait le point sur les différents problèmes qui se posent à l'émergence d'une littérature créolophone de plein exercice. Outil précieux pour les universitaires, il l'est encore davantage pour les étudiants el Licence et Master de créole, ce qui explique sa publication dans la Collection "U" (Université) de Caraibéditions.

   Cette réédition est donc également un hommage au père des Etudes créoles dans nos pays...

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