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Route en mer : la Région Réunion avoue le fiasco de la NRL

Route en mer : la Région Réunion avoue le fiasco de la NRL

Les Réunionnais ne sont pas près d’avoir une liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession

 

Enfin, la Région Réunion a fini par avouer. Le groupement choisi pour construire la route en mer est incapable de respecter les délais. En conséquence, la Région veut ouvrir une demi-route en mer entre Saint-Denis et la Grande-Chaloupe. Les usagers continueront donc à passer sous la falaise, dans le secteur où a eu lieu précisément le dernier effondrement qui a englouti la totalité de la route du littoral. Devant ce fiasco, la Région Réunion va-t-elle enfin entendre les voix qui proposent des solutions alternatives et moins chères pour sortir de la crise par le haut ?

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Si aucune catastrophe ne fait s’effondrer ces piliers d’ici là, les Réunionnais pourront rouler sur ce viaduc dans quelques années. Pour le reste de la route en mer, c’est l’incertitude.

Le chantier de la route en mer, dite NRL ou nouvelle route du littoral, n’est plus à un scandale près. Mais celui-ci fera date. En effet, dans « le Quotidien » d’hier, la Région Réunion annonce qu’elle envisage fortement la livraison d’une route en mer incomplète, faute de matériaux pour terminer la totalité du chantier à une échéance suffisamment acceptable. La livraison de cette première tranche concerne le viaduc entre Saint-Denis et La Possession. Si aucun aléa supplémentaire ne vient retarder ce chantier inédit dans le monde, il sera possible de rouler dessus dans deux ou trois ans au mieux. Cela suppose un surcoût supplémentaire estimé à 70 millions d’euros : le raccordement de la demi-route en mer à la route du littoral.

Pour le reste du projet, c’est l’incertitude. En effet, les matériaux ne sont toujours pas disponibles, et personne ne sait quand ils le seront, si jamais il y en a. Autrement dit, la réalisation de la partie de la route entre la Grande-Chaloupe et La Possession est renvoyée aux calendes grecques. Or, c’est précisément dans ce secteur qu’a eu lieu le dernier effondrement de la falaise. C’était en 2006, il avait englouti les quatre voies, et tué trois personnes. Les Réunionnais ne sont pas près d’avoir une liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession, ils sont condamnés à rouler sur une route impossible à sécuriser. Jusqu’à quand ? Personne ne le sait à moins de continuer à croire à ceux qui viennent enfin d’avouer qu’ils avaient menti en promettant la réalisation d’une route sécurisée entre Saint-Denis et La Possession pour 2017, puis en repoussant l’échéance à 2019, 2020, pour finalement dire que seulement la moitié sera livrée peut-être en 2020.

Enfin la vérité

Ceux qui ont cru aux promesses de Didier Robert en sont pour leurs frais. Ils pensaient qu’en faisant perdre l’Alliance, ils allaient avoir la poursuite des grands travaux sans Paul Vergès à la direction de la Région Réunion. Ils peuvent désormais mesurer l’ampleur de leur erreur d’avoir suivi de mauvais conseils. En effet, Didier Robert avait mis dans ce projet la construction d’une digue de plusieurs kilomètres. Le but était de donner des marchés aux transporteurs afin qu’ils puissent véhiculer 18 millions de tonnes de roches de carrières distantes de dizaines de kilomètres du chantier. Nombreux sont les transporteurs à s’être endettés pour acheter des camions neufs à plus de 150.000 euros l’unité. Ils se retrouvent désormais avec un matériel invendable à La Réunion sur les bras.

Parmi ces transporteurs, certains avaient défié la loi en organisant à deux reprises le siège de la Région alors dirigée par Paul Vergès en 2008 et en 2009. Fort heureusement pour eux, ils avaient bénéficié d’une large mansuétude de la part du préfet de l’époque. Ils ont pris le risque de participer à une grave opération de destabilisation politique, puis ils ont engagé leurs entreprises dans l’achat de coûteux semi-remorques pour transporter des galets. Aujourd’hui, ils s’apprêtent à faire face à des difficultés financières sans précédent. Nul doute que l’heure des règlements de comptes ne tardera pas à sonner, car maintenant ils connaissent enfin la vérité.

Il faut noter que les multinationales du BTP qui ont emporté les marchés bénéficient d’un traitement de faveur de la part de la Région. Car au final, ce sont elles qui doivent se débrouiller pour trouver les matériaux. Or, l’ordre de service pour lancer le chantier de la digue entre la Grande-Chaloupe et La Possession n’a pas encore été donné par la Région, plus de quatre ans après la pose de la première pierre du chantier, et les déclarations relevées dans la presse d’hier indiquent que la Région ne souhaite pas donner cet ordre tant que le problème des matériaux ne sera pas réglé.

En conséquence, cela évite au groupement attributaire du marché d’avoir à payer des pénalités pour cause de retard dans la livraison de la route. Une telle inégalité de traitement va faire jaser. Bouygues et Colas sont défaillants, mais ne sont pas pénalisés. Ceux qui paient, ce sont les travailleurs qui vont se retrouver au chômage à cause de l’arrêt du chantier, et les patrons qui ont cru aux promesses de Didier Robert. Se pose alors la question légitime de leur indemnisation. Le procès en responsabilité ne fait que commencer.

La Réunion risée de l’Europe ?

Cela fait plusieurs années que Témoignages, le PCR, l’Alliance, ainsi que des associations mettent en garde contre l’amateurisme qui a présidé le lancement d’un chantier sans avoir les matériaux nécessaires pour le terminer. Une telle situation aurait pu être évitée si la Région avait écouté les propositions de solutions alternatives pour sortir par le haut de la crise. Hier encore, ATR-FNAUT a adressé un courrier aux médias rappelant qu’il est possible de sécuriser la section entre la Grande-Chaloupe et Saint-Denis sans recourir à une digue, en utilisant une alternative moins chère et plus rapide.

Il est temps de prendre en considération toutes ces opinions pour arriver enfin au but recherché.

En attendant, en annonçant envisager l’ouverture d’une demi-route en mer, la Région couvre La Réunion de ridicule. Que n’a-t-on pas entendu pour mettre en l’air ce projet qui est le plus coûteux investissement routier dans l’Union européenne. Tout cela pour en arriver là. Aux yeux de l’Europe, La Réunion ne pourra qu’apparaître que comme un bien piètre gestionnaire. Sa réputation de grande bâtisseuse forgée par la réussite de la construction de la route des Tamarins menée par Paul Vergès en prend un coup. Elle risque de devenir la risée de l’Europe, car les dirigeants de la Région sont en train de montrer qu’ils sont incapables de mener à bien un projet où la facture provisoire prévisionnelle approche désormais les 2 milliards d’euros.

M.M.

 

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