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Sa ou pa té ké lé an lapot kay-ou, ka touvé’y anba kouch-ou !

Nady Nelzy-Odry
Sa ou pa té ké lé an lapot kay-ou, ka touvé’y anba kouch-ou !

  En écrivant cette parole de ma grand-mère, je revois son air navré. J’entends son baragouinage « tou sa bien regrétan ! ».  

   Point n’était besoin de rajouter une quelconque explication de texte. Il était clair qu’une ignominie d’ordre familial avait eu lieu, flétrissure dans la dynastie de ces nègres issues de la Guinée. Aucun ne disait mot et même si nous, les enfants, n’étions coupables de rien, nous portions l’opprobre des accusés, puisque nous ne faisions qu’un.   

   C’est ce même sentiment que j’ai eu, lors d’une réunion à laquelle Je fus conviée au cœur même de l’Université, dans les enceintes de la Faculté des lettres et des sciences humaines, fondok de notre culture, de notre intelligence, de notre générosité.

   Une réunion, Messieurs et Dames, entre ceux que nous, gens du peuple, nous  aimons nommer « lé gran grek », gens de qualités, professeurs, chercheurs. 

   Cela se passe le jeudi 28 mars dernier, en  Conseil d'UFR de la Faculté LSH, où je siégeais avec les autres en qualité de personnalités extérieures. La session qui fut houleuse dès son commencement, s’annonçait comme quelque chose de prémédité. Chaque prise de parole de Madame la Directrice du Conseil, était prétexte à des objections. Le ton de la discorde de certains intervenants me troubla sans m’alarmer vraiment, mais j’eus honte, quand un étudiant passa la porte pour demander à l’Assemblée : un peu de retenue dans l’intonation et le verbe. 

   Je regardais ahurie  tout ce monde. Je me souvenais enfant, des cours de ma tante Rose sur la bienséance : « Un peu d’amour un peu de soin, tonnant du sort !  »  

   Pourtant  lorsque Madame le Doyen se voit  brutalement  prise à partie par un des professeurs, géographe et chercheur de son état, je me dis que le professeur est en état d’ébriété. Un alter-égo tente d’intervenir verbalement pour demander à ce dernier de raison garder.  En réponse, l’autre, dans le feu de sa violence, défia physiquement celui qui a osé lui tenir tête. Face au silence de ses amis, je compris  que l’homme et ses comparses étaient venus en découdre et que l’intimidation était leur première arme. 

   La situation devint insupportable lorsque le géographe-chercheur, au  comble de  sa rage, arracha des mains de madame le Doyen, un dossier qui alla s’écraser dans le fond de la salle. A ce moment, j’eus la certitude que l’homme était entré dans une crise nerveuse et que sa place ne pouvait être ici. 

   La violence étant mon premier ennemi, je fus prise d’une forte crise d’asthme et je dus demander à l’assemblée la permission de quitter les lieux. Dans les couloirs de la salle Abenon, une femme vint à mon secours en m’apportant un verre d’eau  et j’eus un peu honte d’être si faible dans ce monde de brutes. Mais ce qui me peinait d’avantage dans cette situation improbable, c’est la place des femmes. Ces femmes qui accompagnaient le fou-furieux . Je songeais aux Antillaises d’hier et leur trop lourde charge de « fanm poto mitan »;

   Comment des femmes,  femmes modernes, présentes en  politique, maîtresses de conférences à l’Université, intellectuelles, artistes, peuvent cautionner par leur silence  le concept de violence.  Nous, et avant nous nos aïeux au cours de ces  dernières décennies, nous avons tout vécu,   

   En dehors du droit légal de pouvoir d’exercer ses fonctions sans craindre pour sa vie,  la question qui me paraît  la plus importante face à l’omerta d’une telle situation, c’est comment faire évoluer les mentalités de la loi du plus fort … physiquement. 

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