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SE NOU MENM KA CHECHE ZAFE-NOU !

Antoine Maxime
SE NOU MENM KA CHECHE ZAFE-NOU !

   Le dimanche matin, dans l'émission "A ciel ouvert" de RCI, Antoine MAXIME a l'occasion de s'exprimer sur des sujets divers et variés, cela de façon intelligente et passionnée. Nous reproduisons ci-après l'une de ses interventions récentes à propos de la notion de "virus"...

 

***

 

2020 Mars 2  Il y a des virus visibles et les invisibles : aussi ravageurs les uns que les autres !

Je m’interroge comme vous sur la manière dont est traité ce coronavirus. D’abord cantonné en Asie en très peu de temps, le voilà qui menace le monde entier. Nous savons ce que c’est qu’une épidémie de grippe saison, de dengue, de chikungunia, de zika. Notre santé est menacée en permanence par des virus, mais aussi et autant par toutes sortes de facteurs, entre autres : par voie de terre avec le chloredékone, par voie de l’air avec la brume de sable, par l’eau polluée, et la mer qui ronge nos plages.

Mais avec ce coronavirus, nous avons sous les yeux un spectacle singulier : dans des Métropoles chinoises, européennes, bientôt américaines  des populations vivent masquées : les gens finissent par s’enfermer chacun chez soi pour se protéger de leurs semblables. Symbole de ce que produit notre monde  autodestructeur, créateur de distance et de méfiance entre les membres d’une même société ! 

Ce coronavirus ne se voit pas. Mais il finit  par nous obliger nous les humains, à vivre les uns à côté des autres, en nous  méfiant les uns des autres ; parce que nous représentons une menace les uns pour les autres : celle de nous polluer mutuellement au moindre contact avec menace de mort.

Alors que nous aspirons tous au-delà de nos différences à vivre ensemble, à vivre mieux et longtemps en nous faisant confiance !

Mais au-delà des virus, nous nous arrangeons toujours à mettre notre santé en danger : en inventant et en développant des produits qui empoisonnent notre vie individuelle et collective.

On peut prendre l’ exemple tout simple du plastique :

-Rappelez vous ceux qui ont un bel âge ! Dans les années 60-70 le plastique a commencé à remplacer le verre et à envahir tous les secteurs de notre vie. Pratique ! Il est léger ! On l’utilise et l’on jette ! Cela simplifiait la vie ! Aujourd’hui, nous en constatons les dégâts. Nous ne savons pas comment nous en débarrasser. Même nos océans en sont pollués avec les conséquences que l’on sait sur leurs habitants. On prend conscience de plus en plus que le plastique fait partie des produits polluants de notre planète, que nous avons industrialisés, développés à gogo. Contrairement aux virus que l’on craint, il constitue une épidémie entretenue, devenue indispensable, dont nous voulons en même temps nous débarrasser. Mais pour le plastique, qui pollue la planète à sa manière, il n’y a ni vaccin, ni masque ! Il faudra pourtant chercher les moyens de le remplacer et vite !

-Les produits stupéfiants : C’est nous qui les inventons, souvent en catiminie. Parfois la médecine fait appel à certaines drogues pour soulager des souffrances insupportables. Mais, généralement, ceux qui les utilisent cherchent à se doper pour accomplir des tâches, des compétitions de toutes sortes ; pour avoir  le sentiment d’être bien, de planer, de travailler sans compter, parfois dans des conditions inhumaines, d’oublier les dures réalités quotidiennes avec leurs déceptions et leurs angoisses. Et par conséquent, on en produit en quantité : et il n’y en a jamais assez ! On les commercialise illégalement. Ils sont destinées à être vendues à prix fort et à servir les intérêts des plus riches et des plus grands de ce monde. Et sous des formes multiples, ces produits se répandent dans le monde entier par voie de mer, et des airs par des circuits parallèles, illégaux.

Comme le virus : ces produits font un sâle boulot dans le monde entier. Comme les virus : ils s’attaquent à nos organismes : les poumons,  le cerveau  à petit feu. Mais dans le même temps, ils montent les humains les uns contre les autres ; sont à l’origine de crimes, de casses ; de guerres de clans, de classes ; au nom de ces stupéfiants : on meurt, on tue par armes blanches ou armes à feu ; certains savent manipuler d’autres pour les mettre en danger de mort.

Le commerce des stupéfiants fait partie de ces épidémies : créées par nous-mêmes ;  dont on voit les dégâts, mais qui se développent allègrement de par le monde : parce qu’ils rapportent gros.  Ceux qui acceptent d’entrer dans le circuit  : savent que l’on n’a pas besoin de se tuer au travail ; il suffit de savoir se procurer les produits en passant à travers les mailles du filet, en payant et en se faisant payer. L’épidémie se répand : même si de temps en temps certains trafiquants se font prendre ; ce sont  ceux du bas, qu’on appelle comme par hasard « des mules » !  Mais lorsque l’on dit avoir fait une belle saisie ici, on sait que par ailleurs des tonnes se répandent dans le monde entier comme le virus. Les trafiquants ont  le virus dans le sang ; il le transmettent autour d’eux en revêtant leurs masques : « sa ki pri pri » Il y a bien des seringues non pour lutter contre le virus, mais pour le transmettre. L’épidémie est voulue et entretenue : elle  détériore le tissu humain, le tissu social : instaure et nourrit la méfiance mutuelle, la peur. Mais contrairement au coronavirus,  on fait appel à la mort pour défendre le produit. Et ce virus là fait plus de victimes que le coronavirus. Mais on n’a pas l’impression que l’on met le paquet pour lutter contre.

-Le virus des multimedia et du tout digital !

Comme pour le plastique ; on se réjouit d’avoir inventé ces moyens de communiquer de par le monde, rapidement, efficacement. Les distances, les barrières, les frontières sont comme bannies. On peut entre en communication avec n’importe qui, n’importe où ; travailler à distance tout en étant chez soi graâce à nos petits écrans. On peut suivre des cours, faire son travail de classe, préparer des examens, suivre des cours et enseigner, traiter des problèmes d’entreprise, faire des évalutations, des rencontres , des colloques à distance. 

Mais la question se pose à nouveau : ce grand pas sur le plan de nos technologies avec le développement du digital représente un progrès immense pour l’humanité. Comme le virus, les portables,les ipad, les caméras, ont fait irruption dans toutes les sphères de nos sociétés,  dans les populations les plus pauvres, dans nos familles, dans nos relations quotidiennes. On est tous touchés. Grâce et à cause des multimedia, nos sociétés sont sous contrôle. Personne bientôt n’aura rien à cacher. Et cela fait peur !

Loin de nous en méfier, nous nous ouvrons à ces media qui ne cessent de nous surprendre.

Mais nous nous rendons compte de jour en jour, que cette merveilleuse invention se retourne aussi contre nous. La communication interpersonnelle ne gagne pas nécessairmeent en qualité.

Nous n’avons plus le temps de nous parler ; les images circulent vite de plus en plus vite ; nous n’avons plus le temps de nous rencontrer, de nous regarder, de nous rencontrer.

Alors on cherche déjà comment nous prévenir contre les effets indésirables de nos multimedia. Car dans une même famille, dans un même salon, autour d’une même table : on peut partager un même pot, un même repas, une même fête familiale : chacun ayant en mains son portable ou son iphone : en communication certes mais avec ce qui se passe ailleurs. J’accompagne mon enfant à l’école en lui tenant la main, mais je suis suspendu à monportable et donc pas avec mon enfant. Le virus développe l’art d’être à côté de, tout en étant ailleurs. Du coup, sans portable, on n’a plus grand-chose à se dire : et l’on plonge sur le petit écran pour se brancher sur ce qui se passe ailleurs bien plus intéressant. Nos multimedia, moyens de communiquer incontournables, finit par nous éloigner de ceux qui nous sont les plus proches avec qui l’on communique mal ou peu ; et la qualité de la relation entre nous se voit menacée de détérioration progressive.

ACO

Il y a donc des virus qui attaquent nos organismes physiques, psychiques, le corps social et nous menacent d’épidémie, même de pandémie. Ceux qui s’abattent sur nous sans prévenir, par périodes, n’épargnant ni enfants, ni adultes, ni jeunes ni vieux, ni riches ni pauvres, ni grands ni petits. On fait tout pour trouver des moyens de s’en protéger : masques, dispositions diverses dans nos relations ordianaires, vaccins.

Mais il y a d’autres types de virus que nous créons, que nous inventons, que nous manipulons sciemment ; qui font un travail de sape, qui mettent notre santé individuelle et collective en danger ; dont nous ne parvenons pas à nous débarrasser : parce que nous en tirons profit. Sé nou menm’ ki ka chèché zafè nou !  Cette Contradiction là est inscrite dans nos gènes : oui, nous les humains nous sommes capables de faire, d’inventer des choses merveilleuses ; mais capables d’inventer des bâtons pour nous faire battre ! Capables de trouver des moyens de combattre les maladies, et capables en même temps de mettre en danger notre vie, notre planète. Capables de semer la guere et la mort et en même temps de donner et de recevoir de l’amour. Cela se vérifie dans notre vie à tous :

A chacun de repérer, de nommer le virus dont je suis aujourd’hui victime  et de se demander sans se voiler la face :  Dans quelle direction j’accepte de me laisser entraîner aujourd’hui ? 

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